Agents
contractuels |
Chronique juridique
Continuité des droits à pension et changement de contrat : aff. T-769/16, Picard/ Commission Cette décision du Tribunal constitue un arrêt de principe pour l’interprétation de la continuité des droits à pension des agents contractuels. Dans le cas d’espèce, le requérant a été engagé en 2008 comme GFI. Sur base de son expérience professionnelle, il a été reclassé en AC GF II (art. 3 bis RAA). Il a signé un nouveau contrat en juin 2014. Après la conclusion de ce nouveau contrat, le requérant a demandé au PMO quelles étaient les règles des pensions qui s’appliquaient à son cas, après ce changement. Pour l’administration, les règles des pensions applicables étaient celles en vigueur au moment de la signature de ce dernier, à savoir celles qui découlaient de la révision du statut du 22 octobre 2013 (Taux d’accumulation de 1,8%/annuels et âge de pension de 66 ans), sans qu’il ne puisse bénéficier des mesures transitoires des art. 21 et 22 de l’annexe XIII du statut Le requérant a contesté cette interprétation par voie de réclamation, rejetée par l’administration, puis par un recours devant le TUE. Dans son recours, il considère que, pour l’application des dispositions transitoires précitées, la Commission n’aurait pas dû retenir la date du second contrat (2014), mais bien celle du premier contrat (2008), au moment de l’entrée en service, en tant qu’agent contractuel GF I. Dans son raisonnement, le TUE rappelle tout d’abord la différence entre le statut de fonctionnaire et celui d’agent contractuel. Il considère que la différence entre fonctionnaires et autres agents, réside non seulement dans la nature de leurs tâches respectives ; mais aussi dans la définition du lien juridique que ces deux catégories de personnel entretiennent avec l’institution. Le lien statutaire entre un fonctionnaire et son institution, peut être modifié à tout moment par le législateur de l’UE ; alors que les agents entretiennent un rapport contractuel avec l’administration. Le lien juridique entre un fonctionnaire et l’administration est de nature statutaire, de sorte que les droits et obligations des fonctionnaires, peuvent être modifiés à tout moment par le législateur. En revanche, la situation des agents régis par le RAA est caractérisée par la nature contractuelle du lien d’emploi. De cette différence de lien d’emploi, le TUE tire la conséquence que l’art. 1er, par. 1er, de l’annexe du RAA doit s’interpréter en ce sens que, pour pouvoir bénéficier des règles transitoires prévues pour les fonctionnaires aux art. 21 et 22 de l’annexe XIII du statut, un agent contractuel doit, à cette date, être engagé par un contrat au sens du RAA. Pour le Tribunal, la Commission n’a pas ajouté une condition supplémentaire de rester en fonction sans interruption après cette date, comme le prétendait le requérant. Elle a simplement appliqué l’analogie avec la situation des fonctionnaires, telle que prévue à l’art. 1er de l’annexe au RAA En l’occurrence, le requérant reproche à la Commission d’ajouter à cette condition d’être en fonction au 31 décembre 2013, une condition supplémentaire, à savoir la condition de rester en fonction sans interruption après cette date. Le Tribunal rejette cet argument, estimant que la Commission s’est bornée à interpréter la notion d’analogie de situation telle que figurant à l’art. 1er, par. 1er, de l’annexe du RAA, laquelle suppose que les agents se trouvent dans une situation analogue à celle des fonctionnaires. Le TUE constate que le requérant, ayant signé un second contrat en juin 2014, après la date du changement des règles statutaires dans le domaine des pensions à compter du 1er janvier 2014, ne peut donc se prévaloir des art. 21 et 22 de l’annexe XIII du statut. Le second contrat de juin 2014 a eu pour conséquence la cessation de tous les effets du premier contrat de 2008 sur la base duquel le requérant était en fonction au 31 décembre 2013. Il constitue ainsi une rupture de la relation de travail existante; afin d’établir une nouvelle relation de travail, dans un contexte statutaire révisé. Le Tribunal note que les droits acquis sous le premier contrat ne sont pas affectés par la signature d’un second contrat ; avant de rappeler, en guise d’avertissement, que les conditions d’affiliation au régime de pension sont susceptibles de changer à l’avenir par la volonté du législateur de l’UE. 09/04/2021 |
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Legal Chronicle
Continuity of pension rights and change of contract: Case T-769/16, Picard v Commission
This decision of the Court of First Instance is a landmark ruling on the interpretation of the continuity of pension rights of contract agents. In the present case, the applicant was recruited in 2008 as a FG I. On the basis of his professional experience, he was reclassified as AC FG II (Art. 3a RAA) and signed a new contract in June 2014. After the conclusion of this new contract, the complainant asked the PMO which pension rules applied to his case after this change. According to the administration, the pension rules applicable were those in force at the time of the signing of the latter, namely those resulting from the revision of the Staff Regulations of the 22 October 2013 (accrual rate of 1.8%/year and pensionable age of 66 years), without him being able to benefit from the transitional measures as set out in articles 21 and 22 of annex XIII to the Staff Regulations The applicant challenged this interpretation by means of a complaint, which was rejected by the administration, and then by an appeal to the Court. In his application, he considers that, for the purposes of the application of the abovementioned transitional provisions, the Commission should not have taken the date of the second contract (2014), but rather that of the first contract (2008), at the time of entry into service as a FG I contract agent. In its reasoning, the CFI first recalls the difference between the status of official and that of contractual agent. It considers that the difference between officials and other servants lies not only in the nature of their respective tasks, but also in the definition of the legal relationship that these two categories of staff have with the institution. The statutory link between an official and his / her institution can be modified at any time by the EU legislator, whereas staff have a contractual relationship with the administration. The legal relationship between a civil servant and the administration is of a statutory nature, so that the rights and obligations of civil servants can be revised at any time by the legislator. In contrast, the situation of staff governed by the CEOS is characterised by the contractual nature of the employment relationship. From this difference in the employment relationship, the CFI draws the conclusion that article 1 par. 1 to the annex to the CEOS must be interpreted as meaning that, in order to be able to benefit from the transitional rules laid down for officials in articles 21 and 22 of annex XIII to the Staff Regulations, a contractagent must, at that time, be engaged under a contract within the meaning of the CEOS. For the Court, the Commission did not add an additional condition of remaining in service without interruption after that date, as the applicant claimed. It simply applied the analogy with the situation of officials, as provided for in art. 1 of the the annex to the CEOS. In the present case, the applicant complains that the Commission added to the condition of being in office on 31 December 2013 an additional condition, namely the condition of remaining in office without interruption after that date. The Court of First Instance rejects this argument, considering that the Commission merely interpreted the concept of analogy of situation as set out in art. 1 of the annex to the CEOS, which presupposes that the staff members are in a situation similar to that of officials. The Court finds that the applicant, having signed a second contract in June 2014, after the date of the change of the statutory rules in the field of pensions as from 1 January 2014, cannot therefore rely on Articles 21 and 22 of Annex XIII to the Staff Regulations. The second contract of June 2014 resulted in the cessation of all effects of the first contract of 2008 on the basis of which the complainant was in office on 31 December 2013. It thus constitutes a termination of the existing employment relationship; in order to establish a new employment relationship, in a revised statutory context. The Court notes that the rights acquired under the first contract are not affected by the signing of a second contract; before recalling, by way of warning, that the conditions of membership of the pension scheme are likely to change in the future at the will of the EU legislator.
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