Report des congés au-delà de douze jours en cas d’absence maladie ou d’absence en raison d’un accident

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Chronique juridique

Report des congés au-delà de douze jours en cas d’absence maladie ou d’absence en raison d’un accident

Affaire Strack/ Commission, C‑579/12 RX-II du 19 septembre 2013

Cette affaire concerne une décision de la Commission refusant le report d’un congé annuel payé n’ayant pu être pris par M. Strack, en raison d’un congé de maladie de longue durée.

Dans cet arrêt de principe, la Cour de justice constate que le Tribunal de l’UE a commis une erreur de droit dans une décision rendue en pourvoi (T‑268/11 P) à l’encontre d’un arrêt du Tribunal de la fonction publique qui n’existe plus aujourd’hui.

Pour la Cour, le TUE n’a pas interprété correctement l’art. 1er sexies par. 2 du statut des fonctionnaires de l’UE qui dispose :

« Les fonctionnaires en activité bénéficient de conditions de travail qui respectent les normes de santé et de sécurité appropriées, au moins équivalentes aux prescriptions minimales applicables en vertu des mesures arrêtées dans ces domaines en application des traités. »

En particulier, il n’a pas pris en compte l’art. 31 par. 2 de la Charte européenne des droits fondamentaux qui consacre le droit au congé annuel payé :

« Tout travailleur a droit à une limitation de la durée maximale du travail et à des périodes de repos journalier et hebdomadaire, ainsi qu'à une période annuelle de congés payés. »

Par ailleurs, d’après la Cour, la disposition statutaire doit être interprétée comme permettant l’intégration de l’art. 7 de la directive 2003/88/CE1 qui complète les dispositions du statut dans le domaine des congés  et plus particulièrement l’art. 4  par. 1er de l’annexe V du statut des fonctionnaires de l’UE :

« Si un fonctionnaire, pour des raisons non imputables aux nécessités du service, n'a pas épuisé son congé annuel avant la fin de l'année civile en cours, le report de congé sur l'année suivante ne peut excéder 12 jours. »

Par ailleurs, dans son arrêt initial, le TFPUE avait indiqué qu’en application du principe de coopération loyale entre les institutions, il leur incombe de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la portée et l’efficacité du droit communautaire. Ainsi, les institutions de l’UE doivent garantir la cohérence entre leur conduite interne et leur action législative à l’échelle de l’UE, notamment, à destination des États membres. En tant qu’employeur, elles doivent donc respecter les dispositions législatives imposant des prescriptions minimales aux États membres destinées à améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs et les appliquer à leurs personnels.

La Commission a mis en œuvre cet arrêt, en autorisant le report automatique de congés, au-delà de 12 jours, d’une année sur l’autre, en cas de maladie. Cf. les informations dans myintracomm.

Toutefois, ce report automatique est soumis à une condition : avoir été absent, pour raisons médicales, au moins 20 jours consécutifs.

Si les 20 jours de maladies ne sont pas consécutifs, le fonctionnaire ou l’agent doit démontrer qu’il n’a pas pu prendre ses congés, en raison de sa maladie afin de pouvoir bénéficier du report automatique, au-delà de 12 jours.


1. Les États membres prennent les mesures nécessaires pour que tout travailleur bénéficie d'un congé annuel payé d'au moins quatre semaines, conformément aux conditions d'obtention et d'octroi prévues par les législations et/ou pratiques nationales.

2. La période minimale de congé annuel payé ne peut être remplacée par une indemnité financière, sauf en cas de fin de relation de travail.

28/06/2021

 
 
 

Legal Chronicle

Carry-over of leave beyond 12 days in case of sickness or accident-related absence

Case C579/12 ‑RX-II Strack v Commission of ‑19 September 2013

This case concerns a Commission decision refusing to carry over paid annual leave that could not be taken by Mr. Strack due to long-term sick leave.

In this landmark judgment, the Court of Justice finds that the General Court of the EU erred in law in an appeal decision (T268/11 ‑P) against a judgment of the European Civil Service Tribunal which no longer exists.

In the Court's view, the Tribunal has not correctly interpreted Article 1st sexies (2) of the EU Staff Regulations, which states:

"Officials in active employment shall enjoy working conditions which respect appropriate health and safety standards at least equivalent to the minimum requirements applicable under measures adopted in these fields pursuant to the Treaties. »

In particular, it did not take into account Art. 31 par. 2 of the European Charter of Fundamental Rights which enshrines the right to paid annual leave:

”Every worker has the right to a limitation of maximum working hours and to daily and weekly rest periods, as well as to an annual period of paid holidays.»

Furthermore, according to the Court, the provision of the Staff Regulations must be interpreted as allowing for the integration of Article 7 of Directive 2003/88/EC1, which supplements the provisions of the Staff Regulations in the area of leave, and in particular Article 4 (1) of Annex V to the EU Staff Regulations:

"If an official, for reasons not attributable to the requirements of the service, has not used up his annual leave before the end of the current calendar year, the leave carried over to the following year may not exceed 12 days. »

Furthermore, in its original judgment, the Court stated that, in accordance with the principle of loyal cooperation between the institutions, it is incumbent on them to take all necessary measures to ensure the scope and effectiveness of Community law. Thus, the EU institutions must ensure consistency between their internal conduct and their EU-wide legislative action, in particular, towards the Member States. As employers, they must therefore respect the legislative provisions imposing minimum requirements on Member States to improve the living and working conditions of workers and apply them to their staff.

The Commission has implemented this judgment by authorising the automatic carry-over of leave, beyond 12 days, from one year to the next, in the event of illness. See information in myintracomm.

However, this automatic carry-over is subject to a condition: having been absent for medical reasons for at least 20 consecutive days.

If the 20 days of sickness are not consecutive, the official or agent must demonstrate that he or she was unable to take leave due to illness in order to benefit from the automatic carry-over beyond 12 days.


1. Member States shall take the necessary measures to ensure that every worker is entitled to at least four weeks' paid annual leave, in accordance with the conditions for entitlement to and granting of such leave laid down by national legislation and/or practice.

2. The minimum period of paid annual leave may not be replaced by a financial allowance, except in the event of termination of the employment relationship.