Point de vue : « Réunionite… aiguë » et ses remèdes possibles

Point of view: "Acute... Meetingitis" and its possible remedies

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Point de vue : « Réunionite… aiguë » et ses remèdes possibles

À combien de réunions inutiles avez-vous participé depuis le début de cette année? Quels sont les ingrédients d’une bonne réunion? Quels sont les talents d’un vrai modérateur de réunion et de participant(e)s « agiles »? Connaissez-vous cette sensation intérieure de flan énergétique dégonflé par l’attente interminable avant de livrer sa minuscule partie pendant une réunion qui s’éternise?

Expérience vécue : début de semaine, réunion hebdomadaire à 10h prévue sur 1h30 pour 11 personnes. Je sais déjà que je parlerai peut-être 5 minutes montre en main et que plus d’une 1h de cette réunion m’est quasiment inutile. Chaque minute devient un siècle. Alors que fais-je ? Comme nous tou(te)s, je mets mon attention auditive en sourdine, je scanne un mot sur cinq et… je traite un email ici et là, je tente d’optimiser ce temps mort. Avant l’ère des ordis portables, je m’ennuyais tellement dans certaines réunions que je tombais presque en état léthargique, je bâillais à me fatiguer bêtement. De plus, je ne peux même pas me plaindre, car cette façon approximative de se réunir existe déjà depuis des années et elle est présente partout. Nous l’acceptons tou(te)s plus ou moins bien. Complaisance face à la hiérarchie, complaisance entre nous, perte de temps socialement acceptable, ensemble.

Pourtant, la réunion renforce l’esprit d’équipe protesteront d’aucuns. À l’évidence, ceci est d’autant plus nécessaire en télétravail et confinement obligatoires. D’ailleurs, le farniente et « small talk » social sont nécessaires à tout moment, que ce soit en présence physique ou virtuelle de tou(te)s les acteurs/trices car cela donne le temps nécessaire à la réflexion, à la libre association des idées, à la créativité. L’époque excessivement virtuelle que nous connaissons ne vient que souligner à gros traits ce phénomène préexistant. Car non, nous ne pouvons pas travailler continuellement comme des automates, nous sommes des êtres faits de chair et d’os, nous avons des bonheurs ou des soucis personnels (untel a des soucis avec ses enfants ou partenaire, unetelle vit seule et isolée, tel/le autre a des dettes, un problème d’alcoolisme, de maladie, …). Et non, malgré l’hypocrite injonction du « sois professionnel [et tais-toi]», nos soucis ne s’arrêtent pas à la porte du boulot, au contraire, ils nous « travaillent » en parallèle du travail.

Oui, nous avons besoin de créer du plaisir à être ensemble, à coopérer au travail, quitte à ce que cela passe par le nécessaire et inévitable papotage… qui prend évidemment du temps aussi, même s’il semble a priori inutile car n’apportant pas des résultats à caser dans des tableaux Excel. Pourtant, lorsqu’on ne lui donne pas la place nécessaire, le bavardage social vient inéluctablement « polluer » les réunions consacrées théoriquement au travail. Peut-être que pendant le travail, on pourrait tout d’abord reconnaître la valeur intrinsèque du bavardage social et lui allouer de vrais moments d’expression, bénéfiques pour la construction de la cohésion du groupe : lors de vrais échanges informels et libres. Oui, oui, la construction d’une « vraie » équipe, c’est du travail !

Et puis, n’oublions pas que normalement les réunions servent à motiver les troupes et à résoudre des problèmes.

Mais justement, où se situe le subtil équilibre entre la nécessité et la futilité d’une réunion ? Où est cette frontière fragile qui peut être franchie au pas de course et sans crier gare, à tout moment ?

Pour ma part je sais qu’une réunion hebdomadaire d’1h30 qui déborde parfois, posée à 10h du matin, au moment où j’ai le plus d’énergie dans la journée, m’empêchera de me concentrer sur « mes » dossiers essentiels et que ce temps, je devrai le « rattraper » ailleurs. Incontestablement, cette perte de temps socialement acceptée générera une frustration hebdomadaire, inutile… et parfaitement évitable.

D’où quelques questions pratiques :

  • une équipe restreinte de 11 personnes doit-elle absolument se réunir toutes les semaines ?

  • quel est le rôle concret du modérateur / leader / celui qui organise la réunion ? Quel est le rôle des autres participant(e)s ? 

  • quelle est la durée optimale d’une réunion ?

  • comment « éduquer » les membres d’une équipe à des réunions efficaces, à des interventions courtes et respectueuses des autres ?

  • quels outils concrets utiliser pour aider au déroulement d’une réunion efficace : l’agenda, les limites à maintenir, les suivis des actions à exécuter par qui, le fameux « wrap up » à la fin de la réunion, les « minutes »?

Des recettes existent. Et chacun(e) est libre d’adopter celle qui lui convient le mieux.

Examinons par exemple la méthode TOP (Thème – Objectif – Plan). Vous en trouverez pléthore sur Internet, remaniant les mots, approfondissant certains aspects, fouillez avec plaisir!

Brièvement, TOP se déclinerait en THEME-OBJECTIF-PLAN. Mais vous pourriez aussi le traduire par les questions pratiques du QUI-QUOI-COMMENT-POURQUOI-QUAND, équivalent au fameux 5W Anglais : WHO-WHAT-WHY-WHEN-HOW.

Voyons la méthode TOP plus en détail :

  • Thème ou de quoi allons-nous parler pendant la réunion?

  • Objectif ou pourquoi nous réunir ? Est-ce pour trouver une solution à un problème, décider, récolter des avis, informer, etc. ?

  • Plan ou qui parle de quoi et dans quel ordre pendant la réunion ? Les sujets pourraient s’articuler, si possible, intelligemment.

  • Et surtout, surtout en définissant le temps de parole de chacun. Parce que ceux/celles qui nous détaillent leur petit-déjeuner ont l’art d’énerver d’autres qui ont formulé leur message succinct bien à l’avance et qui trépignent de le livrer pour en avoir l’esprit tranquille. Ne vous méprenez pas, ces parenthèses de relaxation orale sont absolument nécessaires, oui, ne serait-ce que pour meubler les silences qui deviennent embarrassants au bout de quelques minutes ou pour relancer – par des courbes imprévisibles – les discussions lorsqu’elles arrivent au point mort ou délicat.

Ce bref acronyme (TOP) permettrait de rendre les réunions efficaces en donnant un cadre clair tant en amont que pendant et même après la réunion car oui… les réunions se préparent.

Par exemple, limiter le nombre de personnes à ceux et celles qui sont vraiment concerné(e)s par le thème abordé.

Ensuite, malgré la poussière accumulée sur cette expression, « fixer un ordre du jour » semble tout de même utile, surtout lorsqu’il est court et comprend: les réponses au TOP (thème-objectif-plan); la liste des participant(e)s ; le lieu virtuel ou réel de la réunion ; l’horaire et la durée de la réunion ; le temps de parole pour chacun ; le rôle de chacun ou la raison de sa présence et si possible le tout envoyé à l’avance à tou(te)s les participant(e)s. De cette manière, ils/elles sauront de quoi il retourne. Ah oui, encore un ingrédient extrêmement important : la durée de la réunion, déterminée par un début et une fin me direz-vous. Oui, tout à fait, avec une durée d’1 heure maximum. Puisqu’au bout de 60 minutes, la concentration tend à diminuer. Et même si vous n’avez pas abordé tous les sujets anticipés, peut-être qu’une seconde réunion pourrait s’avérer plus utile que de tirer sur le temps et les nerfs des participant(e)s. Y a-t-il des retardataires ? Inutile de les attendre, sinon vous ne pourrez pas respecter le temps de réunion prévu.

Rappelons le modèle de modérateur/trice à rôle actif car il/elle devrait non seulement exercer l’art subtil de s’effacer ou de s’imposer habilement dans la discussion afin de la mener là où l’intérêt général du groupe / réunion le dicterait mais le/la modérateur/trice devrait aussi:

  • introduire la réunion et par là même créer une atmosphère propice aux échanges, c’est-à-dire une ambiance agréable, respectueuse des uns et des autres, basée sur la confiance, etc.;

  • s’effacer habilement afin d’inviter tou(te)s les intervenant(e)s à tour de rôle à prendre la parole et à aller à l’essentiel tout en rappelant le temps attribué à chacun(e) ;

  • être le/la gardien(ne) du temps (et de l’ordre du jour) et ramener poliment, doucement mais fermement la discussion au sujet prévu dès qu’une déviation est constatée;

  • résumer les échanges et rappeler les décisions prises ou le suivi à faire dans les sujets abordés ;

  • prendre des notes afin de constituer systématiquement une trace dans la mémoire collective, autrement dit le bon vieux compte-rendu ou minutes sous forme de texte, mind-map… ou oiseau artistiquement dessiné par les concepts formulés. 
    A moins qu’un(e) participant(e) ne se dévoue à cette tâche difficile mais très utile qui consiste à coucher par écrit les paroles qui volent et qui de ce fait s’enfuient loin de la mémoire collective. Le bref compte-rendu, résumant l’essentiel, sera envoyé ultérieurement et si possible rapidement à tou(te)s les participant(e)s.

Les participant(e)s modèles ont tout autant un rôle actif car ils/elles :

  • lisent l’ordre du jour

  • préparent à l’avance les sujets les concernant

  • arrivent à l’heure

  • respectent leur bref temps de parole en allant à l’essentiel

  • contribuent au jeu agile des interactions.

Afin de boucler vraiment en beauté une réunion, le/la modérateur/trice ou un(e) des participant(e)s pourrait synthétiser oralement les échanges et les résultats des discussions. Sans oublier l’envoi du compte-rendu à tou(te)s les participant(e)s.

 Pour résumer, une façon de se réunir respectueuse de nous-mêmes inclut les éléments suivants : maximum 1h de réunion, limiter au maximum le nombre des invité(e)s selon le critère de leur contribution au sujet, ordre du jour clair, atmosphère respectueuse, temps de parole court et clairement imparti à chacun(e), rôles agiles et actifs de tou(te)s les participant(e)s, compte-rendu clair et concis résumant l’ensemble des idées et décisions prises à envoyer assez rapidement à tou(te)s les participant(e)s.

À long terme, si une façon de se réunir respectueuse de nous-mêmes se généralisait, alors un des maux que nous pensons inévitables dans notre « faune et flore » de travail – la réunion bête, longue et inutile – pourrait disparaître, et celle-là sans aucun regret.

Elle pourrait allègrement et adéquatement être remplacée par la réunion de bavardage socialement utile –  tout de même un peu préparée ou du moins correctement modérée – sur un mode libre, informel et même régulier car former et souder une équipe, c’est du travail… d’orfèvre.

Imaginez un tel monde. Qu’en pensez-vous, est-il possible ?

Articles :

5 recettes pour une réunion efficace – Cadre emploi

Blog Réinventer son travail

Formation sur EU Learn : Meeting Skills

28/06/2021

 
 
 

Point of view: "Acute... Meetingitis" and its possible remedies

How many unnecessary meetings have you attended since the beginning of this year? What is the recipe for a good meeting? What are the talents of a true meeting moderator and of "agile" participants? Do you know that feeling inside of being deflated by the long wait to deliver your tiny part during a long meeting?

Real-life experience: beginning of the week, weekly meeting at 10am, scheduled for 1.5 hours for 11 people. I already know that I will speak for maybe 5 minutes, and that more than an hour of this meeting is almost useless to me. Every minute becomes a century. So what do I do? Like all of us, I mute my auditory attention, scan every fifth word and... deal with an email here and there, trying to optimise this dead time. Before the age of laptops, I was so bored in some meetings that I almost fell into a lethargic state, I would yawn and get stupidly tired. Besides, I can't even complain, because this rough way of meeting has been around for years and is everywhere. We all accept it more or less well. Complacency in the face of hierarchy and amongst ourselves, a socially acceptable waste of time...

Yet, some would argue that meetings are team building. Obviously, this is all the more necessary when teleworking and confinement are mandatory. Moreover, idleness and social small talk are necessary at all times, both physically and virtually, in the presence of our collegues : this gives the necessary time for reflection, the free association of ideas and creativity. The excessively virtual age we live in only serves to underline this pre-existing phenomenon. Because no, we cannot work continuously like automatons, we are human beings made of flesh and bones, we pursuit our personal happiness or deal with our worries (so-and-so has worries with his or her children or partner, so-and-so lives alone and isolated, so-and-so has debts, a problem with alcoholism, illness, etc.). And no, despite the hypocritical injunction to "be professional [and shut up]", our worries don't stop at the door of work, on the contrary, they "work" on us in parallel to work.

Yes, we need to create pleasure in being together, in cooperating at work, even if it means the necessary and inevitable chatting... which obviously takes time too, even if it seems a priori useless because it doesn't bring results to be put in Excel tables. However, when it is not given the necessary space, social chatter inevitably "pollutes" meetings that are theoretically devoted to work. Perhaps during work, we could first of all recognise the intrinsic value of social chatter and allocate it real moments of expression, beneficial for the construction of group cohesion: during real informal and free exchanges. Yes, yes, building a "real" team is work!
And let's not forget that meetings are normally used to motivate the troops and to solve problems.

But where exactly is the subtle balance between the necessity and futility of a meeting? Where is the fragile boundary that can be crossed at any time without warning?

For my part, I know that a weekly meeting of 1.5 hours, which sometimes overflows, at 10 a.m., when I have the most energy in the day, will prevent me from concentrating on "my" essential files and that I will have to "make up" for this time elsewhere. Unquestionably, this socially accepted waste of time will generate weekly, unnecessary... and perfectly avoidable frustration.

Hence some practical questions:

      Does a small team of 11 people have to meet every week?

      What is the concrete role of the moderator / leader / organiser of the meeting? What is the role of the other participants? 

      What is the optimal length of a meeting?

      How can team members be "educated" in effective meetings, in short and respectful interventions?

      What concrete tools should be used to help run an effective meeting: the agenda, the limits to be maintained, the follow-up of actions to be carried out by whom, the famous "wrap up" at the end of the meeting, the "minutes"?

Recipes for successful meetings exist. And everyone is free to adopt the one that suits them best.

Let's take a look at the TOP method (Theme - Objective - Plan). You will find a plethora of them on the Internet, reshaping the words, deepening certain aspects, so look around with pleasure!

Briefly, TOP could be translated as THEME-OBJECTIVE-PLAN. But you could also translate it into the practical questions that are equivalent to the famous English 5Ws: WHO-WHAT-WHY-WHEN-HOW.

Let's look at the TOP method in more detail:

      Theme or : what will we talk about during the meeting?

      Purpose or : why do we meet? Is it to find a solution to a problem, to decide, to collect opinions, to inform, etc.?

      Plan or : who talks about what and in what order during the meeting? The topics could be articulated, if possible, intelligently. And, above all, by defining the speaking time for each person. Because those who give us details of their breakfast have a way of annoying others who have formulated their succinct message well in advance and are anxious to deliver it so that they can have peace of mind. Don't get me wrong, these interludes of oral relaxation are absolutely necessary, if only to fill in the silences that become embarrassing after a few minutes or to revive - with unpredictable curves - discussions when they reach a dead end or a delicate point.

This short acronym (TOP) would make meetings effective by providing a clear framework before, during and even after the meeting - because yes... meetings are prepared.

For example, limit the number of people to those who are really concerned by the topic.

Secondly, despite the dust that has accumulated on this expression, "setting an agenda" still seems useful, especially when it is short and includes: the answers to the TOP (theme-objective-plan); the list of participants; the virtual or real place of the meeting; the time and duration of the meeting; the speaking time for each person; the role of each person or the reason for his/her presence and if possible all of this sent in advance to all participants. This way they will know what the meeting is about.

Oh yes, another extremely important ingredient : the duration of the meeting, determined by a clear beginning and end. Yes, that's right, with a maximum duration of 1 hour... because after 60 minutes, concentration tends to wane. And even if you haven't covered all the anticipated topics, perhaps a second meeting might be more useful than stretching the participants' time and nerves. Are there any latecomers? There is no need to wait for them, otherwise you will not be able to keep to the scheduled meeting time.

Recall the model of the active moderator as he/she should not only exercise the subtle art of stepping aside or skilfully imposing him/herself in the discussion in order to lead it where the general interest of the group/meeting would dictate, but the moderator should also:

      introduce the meeting and thereby create an atmosphere conducive to exchanges, i.e. a pleasant atmosphere, respectful of each other, based on trust, etc;

      skilfully step back to invite all speakers in turn to speak and to get to the point, while reminding them of the time allocated to each;

      be the guardian of time (and the agenda) and politely, gently - but firmly  - bring the discussion back to the topic at hand as soon as a deviation is noticed;

      summarise the discussions and recall the decisions taken or the follow-up to be done on the topics discussed;

      take notes in order to systematically create a trace in the collective memory, in other words the good old minutes in the form of text, mind-map... or a bird artistically drawn by the concepts formulated. 
Unless, of course, a participant dedicates hi
m/herself to the difficult but very useful task of writing down the words that fly and thus escape from the collective memory. The brief report, summarising the essential points, will be sent later - and if possible, quickly - to all participants.

The model participants have an active role as well because they :

      read the agenda

      prepare their topics in advance

      arrive on time

      respect their short speaking time by getting to the point

      contribute to the agile play of interactions.

In order to bring a meeting to a close, the moderator or one of the participants could orally summarise the exchanges and the results of the discussions. The minutes could also be sent to all participants.

To sum up, a self-respecting way of meeting includes the following elements: maximum 1 hour meeting, limiting the number of guests to a maximum according to their contribution to the topic, clear agenda, respectful atmosphere, short and clearly allocated speaking time for everyone, agile and active roles for all participants, clear and concise minutes summarising all ideas and decisions taken to be sent to all participants in a timely manner.

In the long run, if a self-respecting way of meeting were to become widespread, then one of the evils we think is inevitable in our working 'wildlife' - the silly, time-consuming and pointless meeting - might disappear, and that one without regret.

It could happily and appropriately be replaced by the socially useful chat meeting - still somewhat prepared or at least properly moderated - in a free, informal and even regular mode, because forming and bonding a team is a job for... a goldsmith.

Imagine such a world. What do you think, is it possible?

 

Articles :

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