Le Lien - The Link Pour un
syndicalisme européen, citoyen, participatif et unitaire Décembre 2012 – n°29 | |
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Spécial débat budgétaire |
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En novembre, le personnel des institutions a manifesté à trois reprises : les 8 et 14 et surtout le 21 novembre. Il s'est mis en grève deux fois, les 8 et 21 novembre. Il manifestait contre le projet de cadre budgétaire de la présidence du Conseil européen qui renforce l'austérité et détruit la construction européenne. Il manifestait pour demander un budget de croissance et de solidarité. Il manifestait contre le Conseil, qui se met hors la loi en refusant d'appliquer ses propres règlements. Il manifestait contre ceux qui attaquent l'idée d'une fonction publique européenne compétente et indépendante. Au-delà des propos insupportables de David Cameron, qui traite les ‘eurocrates’ de pickpockets, il mettait en garde contre la tentation d’utiliser la rubrique V du cadre financier comme victime sacrificielle en vue d’obtenir un accord politique. L'Union a besoin d’une fonction publique de qualité pour mettre en œuvre de façon efficace toutes les missions qui sont confiées à la Commission. L’Europe est un projet d’avenir qui ne peut être mis au rebus pour des motifs de court terme. C’est pourquoi nous, personnel des institutions, plaidons pour une Commission qui assume son rôle d’acteur politique dynamique, capable d'identifier et de promouvoir l'intérêt commun avec le Parlement européen. La Commission s'était engagée à retirer sa proposition de réforme du statut en cas de dénaturation ou d'aggravation par le Conseil. Or celui-ci, sans être capable d’en débattre de façon détaillée, vient, avant même que débutent les négociations, d’alourdir la facture d’un demi-milliard d’euros. Le temps est désormais venu de retirer cette proposition de réforme du Statut. U4U a fait des propositions concrètes permettant de faire des économies sans modifier le statut dont il est encore temps de s'inspirer: c'est une question de volonté politique. Aux réponses démagogiques profondément destructrices se substitue la nécessité d'une réponse sérieuse. En retirant sa proposition, la Commission donnerait un signal fort pour affirmer sa confiance dans ceux qui servent les politiques européennes et qui ont besoin, pour se concentrer sur les tâches à accomplir, d’être traités avec dignité. Le personnel des institutions mérite mieux que d’être sacrifié aux préjugés du moment et aux accusations populistes.
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égoïsmes nationaux | ||||
Les 22 et 23 novembre 2012, les états membres ont fait une fois de plus la démonstration de leur incapacité à proposer à temps des solutions pour sortir l'Europe de la crise qui la frappe. Leur impuissance intellectuelle et politique s'accompagne de l'étalage des égoïsmes nationaux qui nous éloignent jour après jour des valeurs européennes [solidarité, croissance, paix]. Puisque le sommet du mois de novembre n'est pas allé au-delà de l'étalage affligeant de mesquines divisions, rendez-vous est pris pour le mois de janvier 2013. Le PE et la Commission, malgré une bonne volonté apparente, s'avèrent dans les faits incapables d'inverser la tendance. La différence entre les propositions du PE et de la Commission et les demandes des états membres n'est que d'environ cent milliards d'euros sur toute la période. On est loin d'un budget ambitieux qui pourrait réellement servir à impulser la relance et à promouvoir une meilleure solidarité. Il faut espérer que ces deux institutions pourront limiter les coupes budgétaires additionnelles que tentent d'imposer les états membres. Leur action est cependant limitée: - l'autonomie politique de ces deux institutions face au Conseil - y compris au niveau de leur personnel dirigeant – est réduite en l'absence d'une légitimité démocratique forte au niveau européen, qui contrebalancerait leur ancrage national, encore dominant; - les dirigeants de ces institutions partagent l'idée dominante de la nécessité d'une austérité, remède unique à la crise, malgré les contributions de nombreux économistes qui en dénoncent les effets pervers. Dès lors, comment concevoir des politiques radicalement différentes au niveau européen?
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Des objectifs ambigus | ||||
Ces mobilisations cependant ont mal caché les divergences d'analyse et de stratégies des différentes OSP. La défense d'un budget suffisant n'est pas allée jusqu'à critiquer celui présenté par la Commission, alors que le PE proposait un budget mieux doté. Les syndicats du Conseil, mais pas uniquement, ont ouvertement, avant même le début des négociations, approuvé à la fois le paquet de réductions proposé par la Commission et la première proposition de Van Rompuy, soit plus d'un milliard et demi d'euros d'économies. Cette tactique contestable revenait à placer tous les espoirs entre les mains de la présidence du Conseil, mais avec un prix à payer très élevé, et sans aucune garantie contre d'autres aggravations. A l'opposé, d'autres syndicats, dont U4U, se sont prononcés clairement pour un budget ambitieux, financé à partir de fonds propres (d'un montant supérieur par conséquent à celui du PE), refusant toute attaque contre la fonction publique, refusant non seulement la proposition de la présidence du Conseil mais également celle de la Commission. Le refus de l'austérité ne signifie ni le refus de toute réforme ni le refus de toute économie, et encore moins le refus de la recherche d'une efficacité accrue. U4U a proposé les réformes qui lui paraissait indispensables pour le déroulement des carrières, la gestion des ressources, et la réduction drastique des disparités et de la précarité etc. A ce vaste chantier, U4U adjoint la réforme de la représentation du personnel.
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Bilan partiel de la journée d'action du 21 novembre | ||||
Cette journée d'action a été davantage suivie que celle du 8 novembre, sauf au Conseil. Le mouvement de grève a affecté essentiellement la Commission - en moyenne 40% selon nos informations, contre à peine 7% le 8 novembre - partout en Europe, y compris au sein de certaines représentations. Au SEAE, la grève a été davantage suivie au siège (environ 40%) mais aussi dans certaines délégations. Certaines agences et des services des institutions communautaires au Luxembourg se sont aussi mis en grève. Paradoxalement, la grève n'a pas été suivie au Conseil, malgré l'aggravation de la proposition d'économie de la Commission – un milliard d'€ - par la présidence du Conseil – 536 millions d'€ d'économies additionnelles - alors que le 8 novembre, elle le fut par 90% du personnel du Conseil. En revanche, le rassemblement unitaire et interinstitutionnel du 21 novembre après-midi a regroupé, malgré le mauvais temps, environ 3.500 collègues, deux fois plus que le rassemblement du 8 novembre. Au total, une journée de mobilisation globalement réussie grâce à une plus grande unité d'action intersyndicale et un meilleur angle d'attaque : le refus de la baisse du budget communautaire et le refus des attaques contre la fonction publique européenne. Enfin, on peut lire et voir les déclarations officielles, les échos dans la presse, les photos des différents rassemblements, y compris en délégations, dans le n°23 de la Circulaire d'U4U.
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Un débat budgétaire sans vision | ||||
Le débat budgétaire a été médiocre. Les États membres n'ont jamais discuté de leurs ambitions pour l'Europe ni de leurs projets pour les années à venir. Ils ont juste fait preuve d'un égoïsme exacerbé, voulant plus de moyens pour eux-mêmes, avec moins de contributions. Les déclarations publiques excessives ont été nombreuses, certaines vraiment outrancières. Cela laisse des traces dans l'opinion publique en excitant le nationalisme. Cela fait reculer la cause de la construction européenne. Le document qui rend compte du débat préparatoire de la réunion du Conseil illustre cette dérive en montrant à nu l'égoïsme national, le manque absolu de vision politique et les préjugés des États membres. Dans les textes suivants, U4U entend expliquer de manière synthétique mais claire les différentes propositions concernant les conséquences des négociations budgétaires sur le fonctionnement de l’UE et de ses institutions.
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Les économies budgétaires générées par la proposition de révision du statut de la Commission | ||||
Les principales mesures d’économies liées au statut touchent aux domaines suivants : - Pensions (âge de départ à 65 ans, quasi disparition de la retraite
anticipée) ; Outre la proposition de révision du statut, la Commission propose de diminuer le nombre de fonctionnaires de 5% entre 2014 et 2020, dans toutes les institutions. La Commission n'a d'ailleurs pas attendu le vote de sa proposition pour commencer la réduction de son personnel et mettre en chantier l'externalisation vers les Agences. L’ensemble de ces propositions doit générer une économie budgétaire de 1,3 milliards d’€ entre 2013 et 2020* et de 1,13 d’€ dans le long terme , pour la Rubrique V des Perspectives financières. A noter que le Parlement européen a endossé les propositions de la Commission européenne, dans le contexte du rapport ROTH-BERENDT, à propos de la révision statutaire. Le 6 juillet 2012 , la Commission a adopté le projet de cadre financier
pluriannuel avec 1033 milliards d’€, y inclus les chiffres de la Rubrique V,
dont le montant maximum est fixé à 63,165 milliards d’€. * A noter que ce chiffre est un peu moins élevé sur la période des PF (2014-2020) : 1,26 milliards d’€
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La proposition de la Présidence chypriote, du 29 octobre 2012 | ||||
Suite aux longues discussions avec l’ensemble des 27 et afin de préparer le Conseil européen des 22 et 23 novembre 2013, la Présidence chypriote a présenté une nouvelle proposition plus restrictive que celle de la Commission. Elle fixe le budget maximum sur les 7 prochaines années à 983 milliards d’€ (contre 1033 milliards d’€ dans le projet de la Commission et 50 milliards de plus dans celui du PE). En moyenne, la Présidence propose d’appliquer une réduction de 5% par rapport à la proposition initiale. Cette réduction varie selon les rubriques budgétaires. La proposition chypriote n’est pas explicite sur les dépenses administratives. Toutefois, elle propose d’appliquer la moyenne de la diminution globale du budget aux dépenses administratives, soit 2,5 milliards d’€, avec une fourchette basse. Néanmoins, elle ne fixe rien dans le tableau récapitulatif et laisse les dépenses administratives à 63,165 milliards. Ce rapport propose de limiter le coût des pensions des personnels de l’UE et de revoir les dispositions statutaires. Il s’agit notamment d’augmenter l’impôt de solidarité, le temps de travail, l’âge de la retraite, de restructurer les carrières et réduire les allocations. La Commission et, pour des raisons diverses, plusieurs États membres ont rejeté cette proposition.
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La première proposition du Président du Conseil européen, du 13 novembre 2012 | ||||
Cette proposition est plus basse que celle de la Présidence chypriote et s’établit à 950 milliards d’€, pour la période 2014-2020. Cette proposition est inférieure de plus de 80 milliards à celle de la Commission européenne. Pour ce qui concerne les dépenses administratives, cette proposition diminue la proposition de la Commission et fixe le montant de la Rubrique V à 62,629 milliards d’€ (contre 63,165, dans la proposition Commission), ajoutant ainsi 536 millions d’€ de diminution pour les dépenses administratives. Les mesures d’économies demandées dans cette proposition sont identiques à celles proposées par la Commission et les Chypriotes. On doit noter que la Commission s’est opposée une nouvelle fois à cette proposition.
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La seconde proposition du Président du Conseil européen, du 22 novembre 2012. | ||||
Suite aux discussions bilatérales avec les Chefs d’États et de gouvernements, le Président du Conseil a fait une nouvelle proposition de cadre financier, le 22 novembre 2012. Le niveau maximum de dépenses défini dans le nouveau cadre financier s’établirait à 973 milliards d’€ sur la période 2014-2020, soit 23 milliards de plus que dans la précédente proposition et se situerait un peu en dessous de la proposition chypriote. Sur les dépenses administratives, le Président Van Rompuy, n’a pas accepté, à ce stade de la discussion, d’aller au-delà, arguant de la nécessité de faire fonctionner les institutions et de l’opposition certaine du Parlement européen. Par conséquent, le plafond de la Rubrique V reste à 62,629 milliards d’€. Elle aggrave néanmoins la proposition d’économie initiale de la Commission de 500 millions d’€.
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Quelles suites de la discussion sur le cadre financier pluriannuel ? | ||||
Le sommet n’a pas pris de décision à propos du cadre financier pluriannuel . Les divisions restent profondes entre les États qui ont seulement essayé de défendre leurs intérêts nationaux. L’objectif du Royaume-Uni reste de garder son rabais et de bénéficier de l’Europe avec une contribution minimum. Il semble que pour contourner le véto britannique à propos du cadre financier, le retour à un budget annuel adopté à la majorité qualifiée, en co-décision avec le Parlement européen, pourrait être une solution. Il suffirait de diviser par 7 le montant global agréé par le plus grand nombre et de voter ainsi les budgets, année après année. Ce scénario, envisagé par l'Allemagne, permettrait de contourner la règle de l'unanimité pour l'adoption du cadre financier, au prix d'une plus grande incertitude sur les projets pluri-annuels Un autre sommet devrait se tenir au début de l’année prochaine, mais sa date n'est pas encore connue. U4U reste vigilant à propos du fonctionnement des politiques européennes et des institutions de l’UE et vous tiendra au courant de la suite. Nous continuerons de vous informer et de vous livrer nos analyses. A noter qu'en l'absence de l'adoption du paquet réforme par le Conseil, la fin de la méthode le 31 décembre 2012 se traduira par l'arrêt du prélèvement de crise sur le salaire du personnel des institutions.
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Déclarations au Parlement européen, dans le cadre du débat sur le cadre financier pluriannuel | ||||
"...je me demande si ceux qui voudraient également couper profondément dans les dépenses administratives ont vraiment un souci d'efficacité, c'est-à-dire le souci d'une optimisation des moyens à mettre en œuvre, ou s'ils cherchent surtout à affaiblir les institutions, comme par exemple la Commission et le Parlement européen. Car une coupure profonde dans des dépenses qui représentent moins de 6% du budget n'aurait qu'un impact minimal sur les économies recherchées. Et nous avons besoin d'une fonction publique indépendante en Europe, une fonction publique de haut niveau pour élaborer des lois et développer des projets qui bénéficient à l'Europe toute entière." (Déclaration du Président Barroso) "Le plus grand gaspillage, c'est le salaire qu'on vous paie" "Le scandale, M. Farage, c'est le revenu que vous touchez à la commission pêche alors que vous n'y êtes jamais". "Vous trompez vos propres citoyens." "Et j'espère qu'on diffusera ceci à la BBC pour une fois ou sur une télévision privée britannique" (G. Verhofstadt réagissant à la charge du leader de l'UKIP) « Une administration de qualité et performante requiert un financement approprié. Les propositions de réduction drastique des dépenses de fonctionnement qui circulent actuellement ne sauraient être qualifiées d'appropriées - elles sont dévastatrices. La discussion doit-elle vraiment aller en ce sens? » (le Président Schultz – P.E. - lors de la même séance)
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Courrier des lecteurs | ||||
Ubu roi Chers tous, NDLR : Quelques éléments de réponse ici Pourquoi ne pas gêner le Conseil ? Bonjour, --- Moi j'ai fait grève le 8 novembre, et j'ai
honte de voir que seuls 5% de la Commission avait fait grève!!! On était
seulement 2 à faire grève dans mon unité, et comme tous les collègues sont
débordés de travail, ce fut un peu mal vu. --- Vous ne trouvez pas que cela porterait plus
durant le sommet? Aucun véhicule, possibilité de descendre dans la rue, tous
les dirigeants seront au Conseil et en plus toute la presse européenne sera
là. --- Il faudrait repenser les méthodes de pression sur les décideurs. La grève "traditionnelle" risque d'avoir l'effet oppose car le public perçoit très mal ce type de revendication de la part du personnel des Institutions européennes. Il suffit de lire la presse suite à la grève du personnel du Conseil. Communication inacceptable du CLP "Colleagues Answer from the CLP Dear, "Or, l'article 43 de l'Accord-cadre fixe bien que "Le libre accès à son lieu
de travail est garanti au personnel non gréviste", pour ceux et celles qui
ne croient pas devoir se soucier de leur avenir professionnel, celui de la
Fonction publique européenne et du projet européen." (Bureau du CLP,
Commission, Bruxelles) Croissance infinie Chers collègues, A la recherche d'économies Les principaux dirigeants européens feront le
voyage à Oslo pour aller recevoir le prix Nobel. José-Manuel Barroso et
Herman Van Rompuy seront du voyage, ainsi que le président du Parlement
européen. Plusieurs dirigeants des 27 ont confirmé faire le déplacement
notamment la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre
espagnol Mariano Rajoy. Pour fêter l’évènement, les ministres des Affaires
étrangères ont décidé de terminer leur réunion par un dîner au service
diplomatique européen (SEAE). La Haute représentante de l’UE pour les
Affaires étrangères, Catherine Ashton, présidera aux festivités. Continuons la discussion sur le forum U4U
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