Les aliments d’origine animale font beaucoup parler d’eux et déchaînent les
passions. Plusieurs écoles se disputent la première place de la santé. Entre les
omnivores, les végétariens, les végétaliens, les flexitariens, il y a de quoi en
perdre son latin. Chacun voit midi à sa porte et dénigre avec férocité les
comportements alimentaires des autres.
L’éthique, la santé, l’empreinte écologique, l’avenir de notre planète, la
maltraitance animale, la surpêche, la surexploitation des sols sont autant de
facteurs qui pèsent lourd sur la balance et sur les consciences. Bien manger au
détriment des autres espèces et de la biodiversité est un enjeu majeur. Comment
faire ses choix avec sérénité, en toute connaissance de cause et avec le respect
du vivant ? Sommes-nous destinés à consommer les yeux fermés pour accepter
l’intolérable ? Entre débats puérils et stigmatisation, il n’y a pas de réponses
simples à une problématique aussi complexe.
Vegé, vegan ou flexitarien ?
Quand le végétarien s’octroie le droit de manger des œufs, du miel et des
produits laitiers, le végétalien se l’interdit. Son alimentation est
exclusivement végétale. Le flexitarien, quant à lui, limite sa consommation de
viande et de poisson, tout en privilégiant les protéines d’origine végétale au
quotidien.
Le débat fait rage quant aux carences générées par chaque régime alimentaire.
L’ensemble des protagonistes pointe les défauts des autres. Une cacophonie qui
éloigne du vrai débat. Un omnivore pourra évidemment être carencé en vitamines
et minéraux et souffrir de maladies chroniques mais uniquement si son
alimentation est déséquilibrée. Dans le cas contraire, il devrait plutôt bien se
porter. Un végétarien novice et non averti pourra manquer de protéines s’il ne
suit pas les bonnes associations céréales & légumineuses. La nutrition relève de
la chimie et des bonnes combinaisons pour une excellente absorption des
nutriments.
Il y a cependant certaines vitamines qui posent problème dans les régimes
d’exclusion totale de protéines animales. La B12, essentielle notamment pour le
fonctionnement du cerveau et du système nerveux, se trouve dans les aliments
d’origine animale, bien que produite par nos précieuses bactéries intestinales,
dans une moindre mesure. La vitamine D, la vitamine du soleil, est indispensable
à de très nombreux égards : pour le système osseux, pour l’immunité, … On la
trouve dans le beurre, les produits laitiers, les poissons gras, les œufs. Il
est souvent nécessaire de se complémenter, principalement en hiver, pour
atteindre un taux optimal.
Les omégas 3 d’origine animale (poissons gras) sont indispensables. Nous en
trouvons aussi dans le règne végétal (lin, chia, colza,…) mais une petite
quantité seulement se transforme en EPA/DHA, les formes anti-inflammatoires. On
peut aussi citer le zinc, le fer qui sont plus abondants et mieux absorbés dans
les protéines animales.
La tendance flexitarienne est un mixte bien sage et équilibré à condition de
ne pas succomber à l’appel des sirènes de l’industrie agro-alimentaire qui
propose des substituts de viande à la composition plus que douteuse. Le « do it
yourself » est évidemment un basique dans une alimentation plus végétale.
Le rendement de la souffrance
L’aspect révoltant de la consommation de protéine est la complète
déshumanisation de l’élevage animal industriel. Ces pauvres bêtes ne sont plus
considérées comme des êtres vivants mais comme des produits liés au profit.
Elles vivent alors dans des conditions dantesques, immobilisées dans leur
prison, en attendant la mort et finir, pour certaines, en tranches roses
parfaitement calibrées. Alors manger de la viande devient un acte de cruauté
pour beaucoup. Dans ces conditions, c’est une évidence. Il y aurait probablement
beaucoup plus de végétariens si nous devions tuer nous-mêmes les animaux que
nous consommons. Rétablir ce lien qui nous unit à la terre et aux artisans de
celle-ci, voilà une première étape. Culpabiliser les omnivores à cause de
pratiques industrielles indignes nous écarte finalement de l’essentiel.
Pouvons-nous être en bonne santé en mangeant des protéines animales de qualité ?
La réponse est oui ! C’est le système actuel qui nous rend malade, le « tricatel
*» productiviste sans âme.
Reprenons le contact avec l’agriculture de tradition, dans le respect des
sols et du vivant dans leur globalité. Consommons avec égard et conscience ce
que notre planète nous offre de plus précieux.
Sylvie Dejardin
* Tricatel : le méchant industriel de
malbouffe dans le film L'aile ou la cuisse avec Louis de Funés
15/06//2021