Changement de l’équipe de la Délégation des Interprètes
Au SCIC, au bout de trois ans, le mandat de la Délégation des Interprètes (DI) a touché à sa fin et une nouvelle Délégation a été élue. Quatre représentants de l’ancienne DI sont réélus, garantissant la continuité nécessaire, cinq nouveaux membres viennent compléter l’ équipe. Le mandat de la DI sortante a été très intense. En plus du travail habituel (information et accompagnement des collègues, travail avec l’administration dans les comités conjoints technique et de monitoring sur le congé, accès à la profession, missions etc.), cette DI a aussi mené à bien plusieurs grandes négociations :
– Elle a permis de gérer au mieux la sortie de la pandémie (grâce aux « Temporary Provisions » et au retour à trois en cabine), et pour le SCIC de regagner, en peu de temps, un niveau de travail proche de celui d’avant la pandémie.
– En outre, la DI a pris part aux négociations pour définir les conditions de travail en distantiel et en hybride avec un projet pilote pour les Comités (CESE et CdR), l’actualisation des IPA (Intérim Programming Arrangements) ainsi qu’un projet pilote généralisé défini dans les UPA (Updated Programming Arrangements). Ces dernières négociations ont été difficiles et longues, marquées d’un arrêt de 3 mois au printemps et en juin dernier par un arrêt unilatéral de la part de l’administration. Elles ont été débloquées grâce au soutien des interprètes réunis en Assemblée Générale (AG) et aussi grâce à la lettre de tous les syndicats. Les UPA sont appliqués depuis le 11 novembre, cependant, certains points sont encore à finaliser (application à tous les domaines, y compris missions, audits, screenings, consécutives et profils de langues rares ainsi qu’à toutes les Institutions desservies par le SCIC, donc aussi au Conseil). Il reste à espérer que l’application se fasse de bonne foi. Miner le système négocié en introduisant un amalgame de réunions présentielles et hybrides (présentielle avec l’indication « Ne pas interpréter le contenu en ligne » sape le concept de Distant Speaking Time DST et le principe de remédiation et mitigation comme chevilles ouvrières du système) ne peut pas être une approche voulue.
– Un sujet qui a marqué cette période était le son potentiellement délétère des plateformes qui dans le monde entier pose un problème à la communauté des interprètes. Il a poussé la DI à découvrir de nouveaux territoires, elle a fini par obtenir l’instauration du Groupe de Santé et Sécurité, HSG, qui permet à la DI, à l’administration du SCIC et au service médical d’aborder les sujets pertinents. En créant le réseau des antennes, la DI sortante a tenu à impliquer de façon active toutes les unités linguistiques, aussi celles qui n’avaient pas de représentant parmi les 9 membres de la DI.
– Elle a eu à cœur de renouer les relations avec le CLP et aussi avec le CPPT, d’établir un contact régulier avec la Délégation du Parlement Européen et la Délégation des interprètes AIC et d’impliquer ces derniers de façon systématique dans les négociations.
Nous souhaitons bonne chance à la nouvelle Délégation, les enjeux sont élevés (renégociation des conditions de travail définies dans l’Accord de 1987) et avec l’avènement de nouvelles technologies et formes de travail, (distantiel et hub) techniques et exigeants.
SCIC, réunions hybrides : accord sur une phase pilote
Au SCIC, la Délégation des interprètes et la hiérarchie ont conclu le 12 juillet un accord sur une phase pilote pour les réunions hybrides sur plateforme (réunions avec participation présentielle et distancielle).
Pour rappel, les négociations ont duré quasiment un an, avec une pause de presque 3 mois et un arrêt unilatéral décrété fin mai par la Directrice générale. Grâce à la lettre de tous les syndicats et surtout grâce à la Résolution de l’Assemblée Générale des interprètes fonctionnaires et un vote de soutien des interprètes AIC[1], les négociations ont repris, le 12 juillet : elles ont enfin donné lieu à un accord pour une phase pilote.
[1] AIC : Agents Interprètes de Conférences
Malheureusement, malgré l’insistance de la Délégation des interprètes, le problème de base, le son des plateformes potentiellement délétère, dangereux pour la santé auditive, n’est pas résolu dans le texte.
Comme la hiérarchie du SCIC a toujours affirmé que le blocage se situait au-dessus d’elle, il faut espérer que le poste de Commissaire responsable pour le SCIC sera occupé par une personne sensible à la santé et la sécurité au travail ayant le courage de résoudre le problème à la base.
Dans la situation actuelle, la seule option était la limitation de l’exposition.
L’accord trouvé est certes un pis-aller, mais tous les éléments sont réunis pour que l’approche puisse fonctionner, à condition que certains aspects soient clôturés avant le début de la phase pilote le 1er novembre. Le protocole sur le son et le protocole sur le suivi des pathologies auditives devront être terminés et il faut encore trouver des solutions pour les domaines qui sont actuellement exclus de l’accord: Il est essentiel que les interprètes bénéficient d’une protection dans toutes les institutions où ils travaillent (donc à la Commission, au CESE, au CdR et aussi au Conseil) et aussi dans les domaines qui sont actuellement exemptés, à savoir les missions, les audits, les screenings, les consécutives et les profils de langues rares. Il reste à espérer qu’une solution satisfaisante sera trouvé pour le 1er novembre. C’est possible comme le démontre l’accord conclu sur le même sujet au Parlement européen. Le texte de l’accord sera soumis à l’approbation des interprètes lors d’une assemblée générale (AG) fin septembre, un deuxième vote est envisagé pour la fin de la phase pilote, fin avril.
Négociations au SCIC dans l’impasse
Les interprètes ont tenu une Assemblée Générale le 14 juin 2024
Le Parlement Européen a réussi à intégrer les réunions sur plateforme dans les conditions de travail. Il a fixé des règles assez claires pour les microphones des participants afin de garantir un son correct et la charge de travail prend en considération la charge mentale accrue. Malheureusement, au SCIC, après presqu’un an, les négociations sur ce même sujet n’arrivent pas à aboutir.
Depuis la réunion de négociation du 2 février et malgré la demande de la Délégation des Interprètes, il n’y a pas eu de réunion de négociation officielle pendant 3,5 mois.
Les discussions s’étaient toujours basées sur un projet de texte de la Délégation des Interprètes, étant donné que la hiérarchie n’avait pas soumis de projet de texte complet. La solution proposée par la DI peut servir les besoins du SCIC, y compris du Planning, protègerait la santé et la sécurité des interprètes et des participants aux réunions et, de surcroît, serait plus économique que les règles actuelles (entre septembre 23 et février 24, elle aurait permis d’économiser 2,2 millions d’euro).
Ce n’est que vendredi passé, le 24 mai, que les négociations ont repris. Une semaine avant, la hiérarchie avait enfin fourni un projet de texte – mais qui « oublie « des acquis des négociations du 2 février, rajoute un paquet « surprise » de catégories de réunions qui seraient exemptées des règles et reprend une disposition clé (limitation d’exposition en jours par semaine) uniquement pour la phase pilote de 6 mois.
Il semblerait que le SCIC souhaite intégrer une nouvelle façon de travailler (l’interprétation sur plateforme) sans autre forme de procès :
- sans garantir la sécurité des employés (pas de garantie de bon son, donc de la santé auditive),
- sans vouloir véritablement limiter l’exposition (c’est de toute façon le pis-aller),
- sans prendre en compte la charge cognitive accrue.
La Délégation des Interprètes a négocié de bonne foi et a encore fait des concessions à la hiérarchie où elle a pu.
Le texte « final » envoyé par la hiérarchie ne montre pas une volonté d’aboutir.
Les syndicats appuient la Délégation des Interprètes qui a demandé une nouvelle réunion de négociations. Une résolution a été votée en ce sens lors de leur AG.
Mais c’est clairement la solution qui serait préférable pour tous les concernés.
Nous voulons éviter que les solutions dans ce dossier passent par une action sociale. Nous préconisons toujours la résolution des
Le Parlement Européen a réussi à intégrer les réunions sur plateforme dans les conditions de travail. Il a fixé des règles assez claires pour les microphones des participants afin de garantir un son correct et la charge de travail prend en considération la charge mentale accrue. Malheureusement, au SCIC, après presqu’un an, les négociations sur ce même sujet n’arrivent pas à aboutir.
Depuis la réunion de négociation du 2 février et malgré la demande de la Délégation des Interprètes, il n’y a pas eu de réunion de négociation officielle pendant 3,5 mois.
Les discussions s’étaient toujours basées sur un projet de texte de la Délégation des Interprètes, étant donné que la hiérarchie n’avait pas soumis de projet de texte complet. La solution proposée par la DI peut servir les besoins du SCIC, y compris du Planning, protègerait la santé et la sécurité des interprètes et des participants aux réunions et, de surcroît, serait plus économique que les règles actuelles (entre septembre 23 et février 24, elle aurait permis d’économiser 2,2 millions d’euro).
Ce n’est que vendredi passé, le 24 mai, que les négociations ont repris. Une semaine avant, la hiérarchie avait enfin fourni un projet de texte – mais qui « oublie « des acquis des négociations du 2 février, rajoute un paquet « surprise » de catégories de réunions qui seraient exemptées des règles et reprend une disposition clé (limitation d’exposition en jours par semaine) uniquement pour la phase pilote de 6 mois.
Il semblerait que le SCIC souhaite intégrer une nouvelle façon de travailler (l’interprétation sur plateforme) sans autre forme de procès :
- sans garantir la sécurité des employés (pas de garantie de bon son, donc de la santé auditive),
- sans vouloir véritablement limiter l’exposition (c’est de toute façon le pis-aller),
- sans prendre en compte la charge cognitive accrue.
La Délégation des Interprètes a négocié de bonne foi et a encore fait des concessions à la hiérarchie où elle a pu.
Le texte « final » envoyé par la hiérarchie ne montre pas une volonté d’aboutir.
Les syndicats appuient la Délégation des Interprètes qui a demandé une nouvelle réunion de négociations. Une résolution a été votée en ce sens lors de leur AG.
Mais c’est clairement la solution qui serait préférable pour tous les concernés.
Nous voulons éviter que les solutions dans ce dossier passent par une action sociale. Nous préconisons toujours la résolution des problèmes grâce au dialogue social.
L’Assemblée générale des interprètes permanents de la DG SCIC s’est réunie le 14 juin 2024
Résolution
- Déplore la décision du directeur général de la DG SCIC de rompre unilatéralement les
négociations et d’imposer des conditions de travail aux plateformes au mépris du dialogue
social. - Exprime sa détermination à continuer à fournir une interprétation de haute qualité et à
contribuer à ce que la DG SCIC reste à la fois un service public viable et durable et un employeur attrayant offrant des conditions de travail comparables à celles d’autres institutions. La qualité, la fiabilité et la sécurité sont impossibles sans un son sûr. - Confirme que les conditions de travail sur les plateformes doivent garantir la santé auditive
et la sécurité des interprètes en tenant compte de la charge cognitive, conformément à l’article 13 de la Charte européenne des droits de l’homme.
Droits fondamentaux, la directive 89/391 du Conseil et les articles 5 et 6 de la décision C (2006) 1623 de la Commission. - Note que le Parlement européen et la Cour de justice ont introduit des protocoles sonores
incluant l’utilisation de périphériques agréés comme condition sine qua non pour que les
interprètes puissent faire leur travail en toute sécurité. - Déplore que les recommandations du CPPT publiées le 16 février 2023 n’aient toujours pas été mises en œuvre un an plus tard.
- Exige l’égalité de traitement en accordant le même niveau de protection aux interprètes dans les SCIC que dans les autres institutions.
- Soutient qu’une nouvelle technologie telle que les plates-formes de traduction simultanée ne peut être déployée avant qu’une analyse des risques ne soit effectuée et qu’un registre complet, consolidé et fiable des cas de pathologies auditives signalés par les interprètes ne soit établi. Aucune de ces deux conditions n’est actuellement remplie et il s’agit d’obligations légales.
- Considère qu’en l’absence de preuve que les plates-formes sont sûres pour les interprètes, les niveaux d’exposition ne devraient pas être augmentés au-delà des niveaux actuels. (Principe de précaution)
- Charge la délégation des interprètes de préparer à l’avance une campagne de sensibilisation afin de contribuer de manière décisive à un changement de comportement dans l’utilisation des périphériques agréés, avec en toile de fond les interruptions de service potentielles, de manière à ce que nos clients ne soient pas surpris.
- Demande à la direction de retourner à la table des négociations.
- Confirme le mandat de négociation de la délégation dans son intégralité.
- Mandate la délégation des interprètes, en cas de non-reprise des négociations, pour organiser un référendum afin de décider s’il y a lieu de mener une action syndicale dans le cadre des réunions hybrides. L’action syndicale consisterait en une approche « work-to-rule », sans interprétation des participants éloignés dans toutes les réunions hybrides.
des réunions hybrides simultanées sur Interactio. - En cas de référendum positif, mandate la délégation des interprètes, en tant que
représentant élu de tous les interprètes permanents du SCIC, pour prendre contact avec les
syndicats et leur demander d’enregistrer un référendum.
Le préavis de grève a pour but de ramener la direction à la table des négociations et de parvenir à un accord équilibré et acceptable pour les deux parties
Santé auditive des interprètes
Des reconnaissances d’accident de travail qui laissent apparaître des risques insuffisamment pris en compte.
Dans les derniers mois, notre organisation a accompagné plusieurs interprètes dans des dossiers concernant des problèmes auditifs consécutifs à l’usage de matériel de sonorisation (casques, micros, plateformes de sonorisation) dans le cadre de leur profession. De même, U4U a participé activement au dialogue social visant à garantir des bonnes conditions de travail des interprètes au Parlement européen et à la Commission.
La reconnaissance récente de plusieurs accidents de travail liés tant à des chocs acoustiques qu’à des effets Larsen marque une étape importante pour notre combat, mené en collaboration avec d’autres organisations syndicales et avec la délégation des interprètes, pour une prise en compte multi-dimensionnelle de ce phénomène. Nous continuerons donc à nous battre pour une indemnisation juste des incapacités de travail et des dommages de santé subis par les interprètes mais aussi pour le renforcement des mesures de prévention, pour la mise en place d’études de risques conduites à un niveau professionnel et pour la modernisation des installations sonores.
S’ils concernent au premier chef les interprètes, il est à noter que ces risques particuliers peuvent aussi concerner tous nos collègues, dans la mesure où l’utilisation des casques et des microphones est devenue beaucoup plus répandue depuis la généralisation du télétravail et des réunions à distance.
Nous continuerons donc à suivre ce dossier avec toute l’attention requise.
L’origine acoustique de la « Zoom fatigue » – 2e partie : solutions
Depuis la pandémie, U4U suit le problème du son lors des vidéoconférences et le risque pour la santé auditive et le stress qui en découle. Le sujet touche tout particulièrement les interprètes, mais aussi tous ceux qui utilisent les vidéoconférences comme outil de travail au quotidien – pour ainsi dire nous tous. Nous savons tous que les conférences en ligne sont fatigantes. Si les avantages qu’elles présentent sont nombreux, nous avons du mal à identifier l’origine du stress qu’elles engendrent.
Dans notre dernière édition, nous nous sommes penchés sur la caisse, le son fortement manipulé de ces conférences. Aujourd’hui, nous vous présentons des solutions.
Un article d’Andrea Caniato, interprète de conférences accrédité auprès des institutions européennes, consultant et coach vocal certifié (Physiologie appliquée de la voix).
Les plateformes de vidéoconférence sont conçues pour manipuler et modifier par défaut la façon dont vous vous exprimez. De nombreuses personnes, y compris un nombre inquiétant de professionnels de l’audiovisuel, croient encore que la faible qualité du « son Internet » est due à l’instabilité de l’Internet et aux problèmes de connectivité. Pourtant, un son de bonne qualité n’utilise pas beaucoup de bande passante[1] et est facilement réalisable à notre époque. La véritable raison pour laquelle les appels vidéo sont entachés d’un son faible, distant, plat et désagréable a été expliquée plus haut et est liée à la manière dont les plateformes sont conçues (suppression du bruit, contrôle automatique du gain, politiques injustifiées de faible débit), ainsi qu’au type de microphones utilisés pour participer aux réunions en ligne : microphones intégrés dans les ordinateurs portables et les appareils mobiles, casques de vidéoconférence avec microphones à perche (y compris les modèles « recommandés »), microphones de table centraux des salles de vidéoconférence, etc. Tous ces éléments sont conçus pour « améliorer » ou « optimiser » la voix. Cette idée peut sembler louable au profane, et c’est pourquoi d’énormes quantités de nouveaux appareils sont vendus chaque jour pour satisfaire ce besoin artificiellement créé. Mais 95 % de ces traitements sont inutiles et injustifiés, car ils créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. Il en va du son comme du poisson frais : sa qualité ne peut être préservée que grâce à une « chaîne du froid » qui fonctionne bien, et ne peut être « améliorée » ni restaurée après avoir été endommagée. Si une réduction du bruit réalisée par IA garantit souvent que votre voix sera entendue même si vous n’utilisez pas le matériel adéquat, une reproduction naturelle et plus fidèle de votre voix réelle encouragera les gens à écouter réellement ce que vous avez à dire.
Mais est-il possible d’obtenir un son de haute qualité via l’Internet ?
La réponse est oui. C’est à la fois possible et pas particulièrement difficile. Tout ce que vous avez à faire, c’est de configurer une plateforme de vidéoconférence appropriée en utilisant les bons paramètres et d’utiliser un véritable microphone de baladodiffusion autonome et prêt à l’emploi. Les solutions satisfaisantes commencent à partir de 25 € et sont disponibles en abondance dans tous les magasins en ligne.
Commençons par la plateforme. Pour que votre voix soit entendue en haute définition, vous devez être à même de désactiver les paramètres par défaut qui déclenchent un traitement indésirable. Toutes les plateformes de vidéoconférence ne le permettent pas, car elles semblent vous tenir pour incapable de brancher un microphone de qualité suffisante sur votre connecteur USB.
Voici une liste de plateformes qui permettront d’obtenir un son de qualité radiodiffusion :
1) De loin le plus performant : Zoom, en mode Hi-fi.
Lorsque le mode Hifi est activé dans Zoom, Zoom ne traite pas votre entrée et diffuse le son exactement tel qu’il est capté par votre microphone. Cette fonction a été développée au cours de l’été 2020 pour permettre à de prestigieuses écoles de musique aux États-Unis d’enseigner la musique pendant le confinement de Covid-19. Une fois que vous aurez branché un bon microphone, vous pourrez obtenir le même son qu’à la télévision ou, si vous utilisez un microphone de baladodiffusion (disponible à partir de 30 €), la même qualité qu’à la radio. C’est vraiment une bonne chose.
La fonction Hifi est disponible gratuitement pour tous les utilisateurs d’une version à jour de l’application Zoom pour Windows ou Mac. Elle ne fonctionne pas à partir de votre navigateur internet. Elle a été testée avec succès pendant plus de 3 ans dans des laboratoires et au cours de milliers de webinaires et il n’y a absolument aucune contre-indication, même en ce qui concerne l’utilisation à domicile. Elle ne nécessitera pas une bande passante trop importante (c’est la vidéo, et non l’audio, qui consomme la plus grande part de votre bande passante) ; elle ne fera pas planter votre ordinateur et vous n’aurez pas à insonoriser votre bureau pour pouvoir l’utiliser[2]. Le fait de parler à 30 cm du microphone réduira automatiquement l’impact de tout bruit de fond dans votre pièce d’environ 90 %, et, quel que soit le bruit de fond capté par le microphone[3], il ne gênera pas vos auditeurs parce qu’il ne sera pas gonflé ni rendu plus agressif par le traitement dû à l’IA que vous aurez désactivé.
Zoom HiFi est également disponible sur mobiles, mais ses performances ne sont pas comparables à celles que l’on peut obtenir en utilisant un ordinateur personnel.
Voici les cases que vous devez cocher et décocher sous « Paramètres audio:
Veuillez noter que toutes les formes de contrôle automatique du gain, de suppression du bruit, etc. doivent être désactivées ou neutralisées en les décochant ou en les réglant sur « auto ».
Notez également que vous obtiendrez les meilleurs résultats si vous utilisez un casque (quel qu’il soit) plutôt que des haut-parleurs d’ordinateur, car cela vous permettra de désactiver la « suppression d’écho » et d’améliorer encore la qualité du son que vous produisez.
N’oubliez pas non plus que si vous branchez un microphone de mauvaise qualité (écouteurs, microphone intégré de l’iPad, casque pour centre d’appel, etc.) dans Zoom HiFi, vous entendrez simplement le son de mauvaise qualité produit par votre microphone inadéquat. N’oubliez pas non plus qu’un bouton « Son original » apparaît sur l’écran d’appel principal lorsque le « Mode Musique » est activé. Vous devez également appuyer sur ce bouton pour activer correctement le son Hi-Fi.
2) Sur les talons de Zoom HiFi : Webex en mode musical
Le mode musique a été introduit dans Cisco Webex il y a environ un an. Bien que le son ne soit pas aussi convaincant que celui de Zoom HiFi, il vaut la peine d’être activé si vous voulez passer pour un véritable être humain. Le résultat est tout à fait acceptable lorsqu’un microphone de qualité acceptable est utilisé. L’activation du mode musique sur Webex est également plus simple que sur Zoom : il suffit de s’assurer que la fonction de contrôle automatique du gain est désactivée et de cocher la case « Music Mode ». Dans les « paramètres avancés », assurez-vous de contourner complètement les pilotes audio de votre ordinateur.
3) Promettre la lune, mais sans la décrocher, la faute à VOTRE connexion : MS Teams
MS Teams a introduit un nouveau mode High Fidelity Music vers la fin de l’année 2021 et affirme que si ce mode est activé, une fréquence d’échantillonnage de 32kHz à 128 kbit/s est mis à disposition « lorsque la bande passante du réseau le permet ». Mais lorsque le réseau ne le permet pas, « le débit peut être réduit jusqu’à 48 kbit/s et Teams produira toujours un son de bonne qualité » (source : https://support.microsoft.com). Les tests d’écoute montrent que, contrairement à Zoom et Webex, MS Teams ne considérera probablement jamais que la bande passante est suffisante pour augmenter le débit jusqu’au niveau requis. Même avec une connexion à haut débit et un très bon microphone, le son de MS Teams « haute-fidélité » est meilleur que celui de MS Teams « de base », mais il n’est absolument pas comparable à celui de Zoom Hi-Fi (ni même à celui de Webex). Les algorithmes de suppression du bruit sont désactivés et le contrôle automatique de gain ne semble plus fonctionner. L’option vaut donc la peine d’être activée (avec quelques limitations : voir ci-dessous), mais si vous voulez que d’autres personnes apprécient votre présentation, Teams n’est pas un bon choix.
Dans le secteur de la vidéoconférence, cela fait longtemps que la mauvaise performance de la connexion des utilisateurs est fréquemment prise pour excuse de la dégradation de la qualité du son. Pourtant, la transmission vidéo utilise 7 à 10 fois plus de bande passante que le son, de sorte que si le problème se situait vraiment du côté du participant, la plupart des gens ne pourraient pas non plus activer leurs webcams… De plus, les 48 kbit/s sont difficilement conciliables avec la notion de « son de bonne qualité ».
Le mode musique haute-fidélité se trouve sous Paramètres > Appareils > Mode musique haute-fidélité, mais seulement si vous utilisez un client MS Teams ET disposez d’une une licence d’entreprise payante. Si vous n’avez pas de licence payante, un pop-up « mode musique » apparaîtra brièvement sur votre écran si MS Teams identifie de la « musique » dans votre pièce (!!!).
MS Teams propose en fait une option « meilleur son », mais seulement si vous savez où la trouver, seulement si vous avez une licence payante… et seulement si votre connexion est plus rapide que celle de la NASA. En résumé, MS Teams ne souhaite pas vraiment que vous utilisiez sa fonction d’amélioration de l’audio, et la qualité du son n’est clairement pas une priorité dans l’environnement MS Teams.
4) Un laissez-passer : Skype
Les versions récentes de Skype permettent aux utilisateurs de désactiver la suppression des bruits de fond et le gain automatique, ce qui est un bon début. Le débit binaire n’a probablement rien d’exceptionnel. La désactivation de ces deux fonctions (dans les options avancées) améliore la qualité du son. Le rendement de Skype n’est pas comparable à celui de Zoom et de Webex, mais il est possible de désactiver le filtrage invasif, ce qui réduit remarquablement la dégradation du signal.
Qu’en est-il de Google Meet et des autres ?
Sur Meet et d’autres plateformes, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que d’utiliser un meilleur microphone (les microphones sont abordés ci-dessous) afin de réduire au moins la quantité de traitement à laquelle votre voix est soumise.
Lorsque vous utilisez Google Meet et MS Teams de base (et Webex, etc.), votre voix est forcément étouffée et peu naturelle.
Une bonne plate-forme comme Zoom HiFi vous permettra d’entendre la qualité réelle du microphone que vous utilisez. Voyons quels sont les microphones abordables et faciles à utiliser qui reproduiront correctement le timbre de votre voix dans l’environnement de la vidéoconférence.
Quels sont les microphones à éviter ?
Le microphone intégré de votre ordinateur / smartphone / iPhone / iPad / Macbook (oui, même le Macbook), les microphones des webcams (à quelques exceptions près), les oreillettes des smartphones et des iPhone (et tous les microphones Bluetooth), les casques avec microphones à perche (surtout USB) et, surtout, les microphones installés dans les salles de vidéoconférence des entreprises (même s’ils ont été vendus à votre entreprise comme étant « miraculeux ») doivent être évités à tout prix. Ils sont conçus pour atteindre une qualité téléphonique et traitent activement et lourdement votre voix de la manière décrite dans cet article (suppression du bruit, égalisation agressive, compression de la gamme dynamique, etc.) Les casques pour centres d’appel avec microphones à perche et les réseaux de microphones au plafond des salles de vidéoconférence d’entreprise font l’objet d’un marketing très important. Par conséquent, il n’est pas tout à fait surprenant que les YouTubers les recommandent, que les informaticiens les valident, que votre employeur vous en achète un et que tous vos collègues soient convaincus de leur qualité. Mais il n’en reste pas moins que c’est complètement faux.
Lorsque vous utilisez ces microphones, votre public vous voit à l’écran comme il vous verrait à la télévision (éventuellement en haute définition) ; en revanche, il vous entend comme un employé d’un centre d’appel au téléphone, mais en plus fort.
Quel microphone devez-vous utiliser pour vous assurer que les gens entendent votre vraie voix ?
La solution la plus simple est un microphone USB de baladodiffusion ou de bureau. Ce type de microphone n’est pas destiné à être utilisé dans un environnement de type « centre d’appel » (où des dizaines de personnes sont assises à proximité les unes des autres et passent simultanément des appels téléphoniques), dans la salle d’attente bondée d’un aéroport ou à la terrasse d’un bar. Ceci étant dit, ce ne sont pas non plus des endroits à partir desquels vous devriez participer à une vidéoconférence – pas si votre image personnelle et votre contenu ont de l’importance pour vous.
Les microphones USB de baladodiffusion sont des microphones d’enregistrement. Ils sont donc conçus dans un souci de qualité radiophonique, afin de capter le son de votre voix le plus fidèlement possible, sans le manipuler de manière significative. Tout le monde peut les utiliser. Il vous suffit d’en brancher un sur votre prise USB et de le sélectionner comme microphone par défaut dans votre plate-forme de vidéoconférence.
La fabrication d’un bon microphone n’est pas particulièrement onéreuse, et un budget de 30 euros suffit pour acheter un microphone qui vous permettra d’obtenir un son meilleur que celui d’un animateur de talk-show. Des microphones plus sophistiqués vous coûteront environ 50 € et des microphones vous donnant l’équivalent de la qualité d’un studio d’enregistrement vous coûteront entre 70 et 100 €. Des marques comme Seiren, RØDE, Shure, AKG, etc. proposent d’excellentes solutions à moins de 100 euros. Il vous suffit de rechercher « microphone pour podcasting » dans votre boutique en ligne préférée.
Des recommandations de modèles et de marques spécifiques peuvent être trouvées ici.
Les micros-cravates USB constituent également une possibilité intéressante. Ils sont conçus pour être utilisés dans des interviews et des situations de diffusion, et leur entrée n’est donc pas traitée. Le connecteur USB contourne la carte son et les pilotes audio de votre ordinateur (qui sont une source potentielle de manipulation audio). Le microphone est à peine visible à la caméra (pas plus visible que sur la cravate ou le décolleté d’un présentateur ou d’une présentatrice de télévision), ce qui vous fera paraître plus professionnel. En fonction de votre budget et si vous l’utilisez sur Zoom (HiFi), un micro-cravate USB vous donnera un équivalent raisonnable, voire parfait, du son de la télévision. Un produit acceptable d’une marque réputée comme Sennheiser – qui permet d’obtenir une qualité sonore digne d’une émission télévisée de grande écoute – ne vous coûtera pas plus de 70 euros.
Ce type de microphone est extrêmement léger, il tient dans une pochette et il est donc très facile à transporter en voyage.
Comme tous les autres types de microphones, y compris les micros-casques[4], les micros-cravates doivent être placés correctement pour donner le meilleur d’eux-mêmes.
[1] Un son d’excellente qualité occupe environ 10 % de la bande passante requise par une vidéo de qualité acceptable. 96 kbit/s sont suffisants pour fournir une représentation excellente et naturelle d’une voix humaine et même d’instruments de musique. Une connexion internet peu performante avec une vitesse de téléchargement de seulement 1mbit/s peut diffuser un son et une vidéo d’excellente qualité.
[2] Même si les plateformes insistent sur le fait qu’un environnement insonorisé et un microphone hautement professionnel sont nécessaires pour passer à leurs « modes musicaux », et avertissent les utilisateurs que la « voix » et la « parole » sont meilleures si elles sont traitées par leurs algorithmes, des années de pratique et des dizaines de webinaires montrent clairement que rien de tout cela n’est en fait nécessaire ; le traitement de la parole par DSP est probablement poussé pour optimiser les performances des moteurs de conversion de la parole en texte.
[3] The “inverse square law”: https://audiouniversityonline.com/inverse-square-law-of-sound/
[4] L’une des raisons pour lesquelles les microphones de table centraux, les micros-casques et les microphones intégrés dans les ordinateurs et les appareils mobiles sont fortement traités par les algorithmes d’IA est qu’ils sont destinés à une utilisation incorrecte : lorsque le microphone est placé à 50 cm (ou plus) de votre bouche, ou très près de vos lèvres, les risques qu’il capte beaucoup de signaux indésirables sont extrêmement élevés, d’où la nécessité de surtraiter le signal en sortie.
L’origine acoustique de la « Zoom fatigue »
La pandémie de Covid19 a changé notre vie professionnelle de façon durable. L’utilisation des outils de vidéoconférence a été introduite en tant que solution de dépannage pour permettre aux entreprises et aux institutions de continuer à fonctionner durant les confinements. Aujourd’hui, elle fait partie de la « nouvelle normalité ». La possibilité de participer à des réunions distancielles ou hybrides via Zoom, Teams, Meet, etc., réduit la nécessité de se déplacer, permet de gagner du temps et offre un accès sans précédent à des partenaires commerciaux, des collègues et des publics même très éloignés. Sur le papier, le potentiel est énorme : la vidéoconférence permet d’intégrer beaucoup plus de réunions dans notre emploi du temps, sans même quitter le bureau. En termes quantitatifs, vous pouvez accomplir « plus de travail en moins de temps ». Et si vous télétravaillez, vous pouvez le faire confortablement de chez vous. Moins de voyages, moins de déplacements, peut-être plus de temps pour vous et votre famille : la vidéoconférence est, apparemment, un moyen sûr d’améliorer votre bien-être et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Pourtant, l’expérience des réunions en ligne est vécue comme désagréable et fatigante par de nombreux participants aux vidéoconférences et les scientifiques mettent en garde contre cette « Zoom fatigue » qui peut avoir de graves conséquences sur la santé humaine, y compris le burnout[1]. On a tenté à de nombreuses reprises d’expliquer les causes de la fatigue liée à la vidéoconférence, notamment dues au stress cognitif ou émotionnel et à la frustration engendrée par l’absence de contact visuel, l’accès réduit ou inexistant aux indices visuels et au langage corporel, le multitâche, l’absence d’autres types d’informations visuelles (ou une exposition non-naturelle à celles-ci), pour ne citer que quelques exemples[2]. Dans cette perspective cognitive axée sur le visuel, l’environnement de vidéoconférence ne répond pas correctement aux exigences fondamentales et innées d’une communication efficace entre êtres humains, ce qui génère une frustration subconsciente. Cette frustration entraîne une réponse émotionnelle négative qui a son tour génère du stress.
Cette façon d’expliquer le problème présente trois défauts majeurs :
a) Basée sur la théorie de la naturalité des médias[3], elle tend à réduire les aspects non-verbaux de la communication à de simples éléments visuels permettant de transmettre des émotions et de créer un rapport entre les personnes. Elle se concentre donc sur les aspects visuels tels que le contact visuel, les expressions faciales et le langage corporel (et leur absence pendant les vidéoconférences) et le retour visuel (les participants se sentant apparemment aliénés par la vue de leur propre visage sur l’écran), auxquels s’ajoutent des facteurs de stress supplémentaires tels que le multitâche ou l’asynchronisme dus à la latence du système ;
b) elle considère la fatigue chronique, le stress et l’épuisement professionnel comme les conséquences potentielles presque exclusives d’une exposition fréquente à la vidéoconférence ;
c) elle n’explique pas pourquoi les mêmes facteurs, ou des combinaisons similaires de ces facteurs, ne produisent pas des résultats similaires dans d’autres contextes : par exemple, l’écoute d’un programme radio implique également l’absence totale de langage corporel, d’indices visuels, d’expressions faciales. Les auditeurs s’adonnent généralement à d’autres tâches pendant qu’ils écoutent (repassage, vaisselle, conduite, nettoyage, exercice physique…) et l’exposition à un programme radio pendant l’exécution d’autres tâches ne semble pas générer de stress. De même, l’échange de courriels ou l’écriture de lettres impliquent des temps de latence importants et perceptibles (heures, jours, semaines), l’absence de langage corporel et éventuellement une grande frustration en cas d’absence de réponse, mais le concept de « fatigue de la correspondance » n’est jamais devenu courant et n’est pas connu dans la littérature scientifique. Regarder des tutoriels ou des émissions en direct sur YouTube implique également des problèmes de micro-latence (la plupart des YouTubers sont très légèrement désynchronisés), une incapacité à interagir (un chat bondé est tout ce dont vous disposez pendant une émission en direct sur YouTube ou Facebook) et l’absence de contact visuel lorsque l’orateur ne regarde pas directement la caméra, mais la « fatigue de YouTube » n’est pas non plus devenue un problème, en dépit de sa popularité et de son utilisation très répandue.
Cette tentative d’explication de la fatigue a beau être erronée, le stress lié à la vidéoconférence est bien réel et ses effets sur le système nerveux humain ont été finalement prouvés et décrits par une étude récemment publiée dans la revue Nature. Une équipe de chercheurs autrichiens a démontré de manière convaincante que la simple exposition passive (pas de communication bidirectionnelle, pas d’interaction) à moins d’une heure de vidéoconférence (p.ex. un cours universitaire) provoque un stress mesurable et des réactions de combat ou de fuite qui n’ont pas été observées chez des sujets exposés à la même leçon en mode présentiel[4]. Il est important de noter que ces résultats ont été obtenus dans un environnement de laboratoire contrôlé, calme, sans stress, où l’exposition à une vidéoconférence était le seul facteur de stress potentiel.
Cela signifie que la vidéoconférence comporte quelque chose qui provoque intrinsèquement une fatigue cérébrale et une activité mesurable du système autonome que l’on observe généralement lorsque les êtres humains perçoivent la présence d’une menace. Cela se produit même en cas d’exposition passive à des situations où l’interaction et le multitâche ne sont pas nécessaires – ce qui exclurait les attentes frustrées, d’interaction, de contact visuel, le multitâche et autres comme source potentielle de stress cognitif et émotionnel.
Mais à quelle menace le système nerveux autonome réagit-il ? Et cette menace est-elle réelle ou imaginaire ?
Il est possible d’éclaircir cette question en se concentrant sur une variable généralement négligée, typique des environnements de vidéoconférence et pratiquement absente d’autres formes plus professionnelles de diffusion et d’interaction en face à face qui ne semblent pas causer de stress aux destinataires. Il s’agit de la présence de signaux audio dégradés et fortement manipulés.
Bien que la plupart des gens (et des équipes de recherche) ne l’aient pas encore remarqué, le son des vidéoconférences n’est pas du tout naturel et est souvent fortement traité. Certains des principaux facteurs à l’origine de la dégradation du son des vidéoconférences ont déjà été prouvés :
a) provoquer des réactions de stress mesurables chez les êtres humains et les animaux de laboratoire, même lorsqu’ils se présentent séparément ;
b) ne pas être de nature visuelle, cognitive ou relationnelle.
Examinons ces facteurs de stress :
« Mauvais son »
Dans une étude publiée au début des années 2000, Wilson, Gillian & Sasse[5]ont montré comment différents types de dégradation audio suscitaient différentes réactions chez les sujets testés. Certaines étaient uniquement psychologiques, d’autres étaient neurophysiologiques.
D’une part, les défauts sonores généralement causés par une mauvaise connectivité ou des problèmes de réseau (perte de paquets) et qui entraînent une perte d’intelligibilité du contenu (syllabes, mots, parties de phrases ou phrases manquants) ont été signalés comme gênants et désagréables par les sujets testés, mais n’ont pas déclenché une réaction physiologique significative de stress. D’autre part, la dégradation audio causée par des microphones de mauvaise qualité et un « son fort » a été à peine remarquée par les sujets de test et n’a donc pas donné lieu à des plaintes « cognitives », mais a provoqué des réactions de lutte ou de fuite mesurables chez les participants. Leur système nerveux a clairement perçu une menace que leur esprit conscient n’a pas remarquée et identifiée, même si la tâche de laboratoire était peu engageante et n’impliquait pas de véritable effort cognitif ou relationnel.
Un impact significatif sur le système nerveux humain pouvait donc être mesuré comme conséquence de stimuli qui n’ont pas atteint la conscience des sujets et n’ont pas provoqué de réaction cognitive ou psychologique.
Cervelles de cochons d’Inde grillées
Une expérience récente menée par l’équipe du professeur Paul Avan à l’Institut Pasteur[6] a montré comment un son numérique fortement manipulé (en l’occurrence par une forte compression de la plage dynamique) peut littéralement détruire les circuits du système auditif dans le tronc cérébral d’animaux testés, et ce à des volumes sonores qui n’ont causé aucune lésion irréversible chez les sujets exposés à des signaux beaucoup moins modifiés. Le réflexe de l’oreille moyenne (le mécanisme qui protège l’oreille des sons forts) des animaux exposés à une forte compression de la gamme dynamique ne pouvait plus fonctionner correctement après la fin de l’expérience.
La compression de la plage dynamique est une forme de traitement audio numérique qui peut être utilisée pour « gonfler » le son et donner une impression de volume sonore, sans pour autant augmenter le niveau de crête maximal.
Acouphènes chez le dentiste
Les dentistes sont particulièrement exposés aux acouphènes et à la perte d’audition en raison du bruit produit par les fraises dentaires. Des études menées sur ces fraises n’ont pas permis pour la plupart de détecter la présence d’émissions dépassant les limites de sécurité, et les cabinets dentaires ne sont généralement pas perçus comme des endroits bruyants par les patients. Donc, comment les appareils tenus à la main endommagent-ils les oreilles des dentistes ? En examinant les aspects qualitatifs du bruit des fraises dentaires, une équipe de chercheurs[7] a découvert que le bruit produit par ces appareils se concentre dans des plages très spécifiques du spectre audible (de 2 à 6 kHz). Par ailleurs, le système auditif humain est particulièrement sensible aux vibrations à haute fréquence (surtout dans la gamme des 3 à 5 kHz). Les chanteurs d’opéra tirent parti de la résonance dans ces zones (en particulier autour des 3 kHz) pour passer au-dessus du fond sonore produit par l’orchestre. Les voix d’enfants contiennent plus d’énergie que les voix d’adultes dans la même zone (en particulier autour des 4 kHz). Crier augmente aussi l’énergie dans cette même partie du spectre audible. Augmenter la concentration d’énergie acoustique autour des 3 à 4kHz est un moyen sûr d’attirer l’attention en déclenchant un état d’alerte. Ce qui, pour le système nerveux des êtres humains, est synonyme de stress. L’oreille interne humaine a évolué en devenant particulièrement sensible à ces bandes de fréquences. Les capteurs spécialisés y sont à la fois très nombreux et facilement endommagés par des traumas acoustiques généralement causés par une exposition occasionnelle à des pics extrêmement forts (moteurs à réaction, coups de feu) ou par une exposition fréquente à des doses moyennes importantes de bruit dans des environnements bruyants (p.ex. usines, chantiers de construction).
Il semblerait que la concentration de l’énergie acoustique dans ces bandes de fréquences sensibles puisse nuire à l’oreille humaine même à des niveaux beaucoup plus faibles que ceux qui, jusqu’à présent, ont été considérés comme dangereux. Il est intéressant de noter qu’une étude menée en Suède a récemment révélé que les enseignants des écoles maternelles quotidiennement exposés à des voix d’enfants en bas âge à des niveaux théoriquement sûrs (entre 75 et 85 dB) présentaient une incidence plus élevée d’hyperacousie[8].
Mais qu’est-ce que la vidéoconférence a en commun avec les enfants qui pleurent, les chanteurs d’opéra, les fraises dentaires, la musique surcompressée ou une exposition moyenne à des niveaux sonores élevés ? Le son de la vidéoconférence est-il « fort » ou « opératique » ? Les participants à la vidéoconférence crient-ils ou utilisent-ils des fraises dentaires pendant les appels ? Et si l’on applique un modèle psycho-cognitif au problème, n’y a-t-il pas, dans le son des vidéoconférences, un aspect spécifique de la communication humaine qui fait défaut ?
Le son de la vidéoconférence est agressif
Peu de gens le remarquent, mais les voix des participants aux vidéoconférences ainsi que le bruit qu’ils peuvent parfois faire près de leurs appareils sont extrêmement artificiels. Le son des vidéoconférences est loin d’être naturel. Il est généralement perçant, métallique, légèrement (ou très) robotique, artificiel et souvent étouffé, même sur une connexion à haut débit et avec une vidéo en haute définition. En d’autres termes, le son des vidéoconférences est intrinsèquement « bruyant ». De nombreux tests effectués sur des plateformes de vidéoconférence ont montré que l’utilisation généralisée d’algorithmes d’IA (qui « optimisent » la voix, suppriment les bruits de fond, maintiennent la voix à un niveau constant quelle que soit la distance entre orateur et microphone et empêchent l’effet Larsen) introduit des quantités considérables de distorsion harmonique, étouffe le son et réduit l’intelligibilité. Les algorithmes de filtrage du bruit ont l’impact le plus néfaste, car se débarrasser du bruit de fond en direct revient à une devinette pilotée par IA et il est pratiquement impossible de le faire sans compromettre la qualité du signal (c’est-à-direen dégradant le timbre de la voix). Plus le filtrage est agressif, plus l’effet d’étouffement, de distorsion et de robotisation sur la voix de l’orateur est important. Les filtres anti-bruit ont également un impact largement reconnu sur l’intelligibilité de la parole, c’est pourquoi des algorithmes d’IA supplémentaires sont utilisés pour compenser la perte d’intelligibilité en créant une sensation de volume perceptible dans le signal afin qu’il se démarque du bruit de fond et tire le meilleur parti des haut-parleurs d’ordinateur ou des écouteurs du récepteur, généralement sous-dimensionnés et peu performants.
Pour simplifier à l’extrême, cela se fait généralement de trois manières :
a) en égalisant le signal de façon agressive et en augmentant les niveaux de manière ciblée : le signal est manipulé de manière à ce qu’un nombre proportionnellement plus élevé de dB (souvent même + 20, 25dB) soit attribué aux plages du spectre audible où l’oreille humaine est particulièrement sensible : la fameuse zone des 3k-5kHz. Cela rend le son perçant et métallique, sans qu’il dépasse les niveaux de dB théoriquement sûrs, et frappe clairement le système auditif là où il est moins défendu. C’est l’équivalent du bruit d’une perceuse dentaire généré par l’IA.
b) en augmentant les composantes plus douces à un niveau microscopique, de sorte qu’elles deviennent plus fortes qu’elles ne le seraient normalement. Bien que les niveaux de crête en dB autorisés ne soient pas dépassés, la teneur moyenne en dB du signal est augmentée alors que l’énergie est concentrée dans des zones très sensibles de l’oreille interne, comme indiqué ci-dessus. La « fraise dentaire » n’est jamais moins intense qu’un certain niveau, déterminé par un algorithme d’IA programmé (ou fonctionnant de manière autonome) sans grande compréhension de la manière dont le système auditif humain est censé fonctionner. Ce type de traitement est une forme de compression agressive de la plage dynamique (à ne pas confondre avec la compression des données, comme dans les mp3), également connue sous le nom de « compression ascendante ». Des mesures ont montré que l’exposition à des plages dynamiques ne dépassant pas 10 dB est fréquente dans les environnements de vidéoconférence et hybrides, ce qui signifie que le son est plat et que le système auditif (en particulier certains de ses points les plus sensibles) est soumis à une pression constante et implacable. Les lois de la physique sont très claires en ce qui concerne les effets d’une pression constante concentrée sur une petite surface : il n’est pas nécessaire que la pression soit forte pour creuser un trou si elle est appliquée constamment et suffisamment longtemps. Les escarres chez les patients hospitalisés alités sont un excellent exemple pour visualiser comment ce type de signal peut endommager le système auditif. Des recherches publiées montrent en outre que le système auditif humain active des réflexes de protection (le réflexe stapédien, également connu sous le nom de réflexe de l’oreille moyenne), même à des volumes considérés comme réduits, lorsque le niveau de la bande des 3 à 5kHa est relevé par rapport au signal non-traité. Le système détecte une menace et tente de se défendre.[9]
Les expériences mentionnées ci-dessus (cobayes) ont également montré qu’une utilisation excessive de la compression de la gamme dynamique peut avoir des effets catastrophiques sur les composantes auditives du tronc cérébral des mammifères.
c) Lorsqu’il est confronté à un son perçu comme stressant ou menaçant (notamment « trop fort »), le système auditif humain active le réflexe stapédien : les petits muscles de l’oreille moyenne se contractent pour bloquer ce son, limitant ainsi l’exposition de l’oreille interne à un stimulus dangereux. Toutefois, ce réflexe a besoin de quelques millisecondes pour se déclencher (latence).
Les algorithmes d’IA (et les ingénieurs du son imprudents) qui veulent augmenter la « netteté » des consonnes afin de « renforcer l’intelligibilité de la parole » ont le moyen de rendre la compression de la plage dynamique si agressive que chaque consonne devient une micro-menace pour le système auditif. Les consonnes sont riches en contenu de haute fréquence et les sons « s » peuvent même atteindre les 5 kHz. Les consonnes commencent généralement par un très court pic d’intensité suivi d’une chute soudaine (phénomène connu sous le nom de « transitoire d’attaque »). Bien entendu, dans un environnement naturel, aucune consonne ne peut atteindre son intensité maximale avec une rapidité telle que le réflexe stapédien soit incapable d’intervenir en cas de besoin. Cependant, lorsqu’un compresseur de dynamique est programmé numériquement de manière à ce que ces pics deviennent plus rapides que le réflexe stapédien – ce qui est parfaitement possible avec la technologie moderne – les pics soudains générés par des centaines de consonnes surcompressées par minute peuvent se transformer en une rafale de micro-chocs délivrés aux endroits les plus sensibles de l’oreille interne, et ce même à des niveaux d’écoute réputés sans danger.
La combinaison de deux ou plusieurs des facteurs mentionnés ci-dessus est malheureusement fréquente dans un environnement de vidéoconférences et réunions hybrides et constitue une menace claire et directe pour le système auditif et le système nerveux central des participants. Il n’est donc pas étonnant que l’on détecte des réactions du système autonome qui seraient normalement corrélées à la présence d’une menace ou de stimuli nociceptifs.
La peur perçue de manière subliminale par les sujets dans les études de Riedl, R., Kostoglou, K., Wriessnegger et Wilson et Sasse (voir ci-dessus) est donc réelle et parfaitement justifiée !
Pourquoi surtraiter le son ?
Le surtraitement par des algorithmes d’IA est intéressant parce qu’il permet aux participants d’une réunion de se faire entendre même s’ils se trouvent en rue, dans un train bruyant, sur une plage venteuse ou dans leur voiture. Il est également utilisé pour soi-disant « améliorer » le son de mauvaise qualité produit par les microphones intégrés dans les ordinateurs portables. Malheureusement, les mesures et l’expérience montrent que ces « améliorations » ont un prix très élevé, qui passe souvent inaperçu.
Le son de la vidéoconférence est intrinsèquement fort, grâce à un type particulier de « volume » obtenu sans dépasser les niveaux réputés « sûrs » – une astuce déjà utilisée dans une certaine mesure dans la publicité télévisée. Le niveau moyen en dB des signaux de vidéoconférence est sensiblement plus élevé que celui d’un son « naturel », et ces signaux sont intrinsèquement bruyants et déformés.
Pour le système nerveux humain, les voix des participants à la vidéoconférence paraissent crier avec un « twang » opératique, comme si les participants étaient sous stéroïdes numériques.
Les sources de surtraitement
Dans l’environnement de la vidéoconférence, le surtraitement est appliqué par plusieurs couches d’outils de traitement numérique du signal (DSP) en direct. Ces outils DSP se trouvent généralement dans :
- Le logiciel qui gère les microphones intégrés dans vos ordinateurs portables, téléphones, tablettes ;
- Les microphones de table centraux ou les matrices de microphones dont votre nouvelle salle de conférences été équipée ;
- Le micro-casque de type call center avec un microphone à perche que votre employeur vous demande d’utiliser pour « améliorer » l’expérience de la vidéoconférence ;
- La plateforme de videoconference
L’installation locale de la salle accueillant une réunion hybride.
Étant donné que les compresseurs fonctionnent de manière logarithmique, chaque couche de traitement ajoutée à la précédente la renforce de manière exponentielle, ce qui accroît massivement leurs effets négatifs et génère une surcompression.
Quelles sont les répercussions sur la santé humaine ?
Jusqu’à présent, la recherche s’est surtout concentrée sur les impacts de la vidéoconférence en termes de fatigue, de stress et de syndrome de burnout, mais dès lors que l’on comprend que le son surtraité est le principal facteur de ce type de fatigue, le lien entre le stress de la vidéoconférence, la « menace » auditive et les problèmes de santé auditive ne peut plus être ignoré. Deux exemples illustrent ce lien.
- Le son surtraité numériquement est également une caractéristique typique des call centres. Les opérateurs sont exposés à des signaux audio agressifs traités par des processeurs de signaux numériques (DSP) en direct et plus ou moins de la même manière que les signaux de vidéoconférence. Sans surprise, les employés des call centres sont très exposées au stress, aux syndromes de burnout professionnel[10] et développent souvent des problèmes auditifs tels qu’acouphènes, hypersensibilité aux bruits soudains (hyperacousie), perte d’audition et problèmes d’équilibre.[11] Il va sans dire que ces troubles sont débilitants, peuvent être invalidants et sont généralement incurables.
Les symptômes signalés par les opérateurs des call centres sont généralement attribués aux tâches répétitives, au travail multitâche et à la présence supposée de bruits soudains et forts sur les lignes téléphoniques – dont l’intensité, le rôle et même la présence n’ont jamais été démontrés de manière convaincante. Les troubles auditifs des opérateurs des call centres sont connus dans la littérature médicale sous le nom de syndrome du choc acoustique. Cependant, comme ces symptômes apparaissent même lorsque les pics soudains de volume sont écrêtés électroniquement (paradoxalement, généralement au moyen de… compresseurs de dynamique !), l’existence même de ce syndrome a été remise en question par certains chercheurs et sa définition est controversée.
Jusqu’ici, aucun article scientifique consacré aux call centers n’a caractérisé ni décrit le profil des signaux des centres d’appel qui, sans surprise, sont fortement traités par des compresseurs, des filtres de bruit et autres dispositifs similaires pour aider les opérateurs à « mieux entendre » et à éviter les pics de volume. - L’apparition de la vidéoconférence dans un contexte de communication multilingue et internationale (dans le système des Nations Unies, les institutions de l’UE et des organismes tels que l’OTAN et le Parlement canadien), ainsi que dans les réunions et conférences d’affaires internationales) où des interprètes simultanés sont employés, a donné lieu à une épidémie sans précédent de problèmes de santé auditive chez les interprètes.[12] Les symptômes sont très similaires à ceux déjà décrits chez les opérateurs de call centres. Comme eux, les interprètes simultanés portent des écouteurs. De plus, ils doivent écouter et parler, ce qui oblige le système auditif à résoudre un puzzle complexe connu dans la littérature sous le nom d’ « effet cocktail party ». Ils se retrouvent souvent au bout d’une chaîne qui leur amène un son lourdement traité, capté (et manipulé) par des appareils mobiles, des microphones intégrés d’ordinateur et des plateformes de vidéoconférence, puis retraité par des installations de salles de conférence qui n’ont pas été conçues à l’origine pour la vidéoconférence. Les paramètres des salles de conférence doivent souvent être modifiés pour tenir compte des interventions à distance, et de nombreuses installations modernes ne sont même plus gérées par des ingénieurs du son, ce qui aggrave encore le problème. Selon diverses enquêtes, plus de 60 % des interprètes travaillant dans des organisations internationales ont connu des problèmes de santé auditive similaires à ceux des opérateurs de centres d’appel depuis l’introduction de la vidéoconférence dans les réunions multilingues.
Ceci a fait les gros titres à plusieurs reprises au Canada (où le parlement national est bilingue) et a déclenché une grève des interprètes au Parlement Européen. Depuis sa première utilisation au procès de Nuremberg, l’interprétation simultanée a toujours été une tâche cognitive intensive caractérisée par un énorme effort mental, un manque fréquent de contact visuel avec les orateurs et une grande frustration, en raison de la lecture fréquente à toute vitesse de discours préparés à l’avance par les participants à la réunion, dont beaucoup s’expriment dans une langue autre que leur langue maternelle et peuvent être difficiles à comprendre. Il est cependant significatif que ces facteurs de stress n’aient jamais conduit à une incidence élevée de burnout professionnel, et encore moins à une épidémie d’acouphènes, d’hyperacousie et de perte d’audition.
Image 4 : Combinaison de compression et d’égalisation extrêmement agressives lors d’une réunion avec des interprètes simultanés
Des témoignages anecdotiques concernant d’autres catégories de travailleurs fréquemment exposés à des vidéoconférences laissent entendre que le problème pourrait être plus répandu. Bien souvent, les ORL ne rattachent pas ces symptômes à la mauvaise qualité du son, car la plupart d’entre eux n’ont suivi aucune formation spécifique leur permettant de mieux comprendre la qualité du son ou de se familiariser avec l’ingénierie du son, et ils n’ont jamais mis les pieds dans un call centre ou une cabine d’interprétation. En outre, les concepts de « son toxique » et de « burnout auditif » n’apparaissent pas encore dans la littérature médicale, de sorte que les médecins ignorent en général que la mauvaise qualité du son est un facteur de risque potentiel. Plusieurs équipes de chercheurs se penchent actuellement sur la question, tant en Europe qu’en Amérique du Nord, mais les preuves de l’agressivité et du surtraitement des signaux de vidéoconférence sont déjà nombreuses, car elles sont extrêmement faciles à obtenir.
Chaque participant à une vidéoconférence souffre-t-il de burnout ou de problèmes de santé auditive ?
L’impact de l’audio surtraité en vidéoconférence n’est manifestement pas ressenti de la même manière par tous les participants. D’une part, une certaine proportion de la population est connue pour être génétiquement plus sensible au bruit et plus encline à développer des troubles auditifs : les signaux de vidéoconférence pourraient tout simplement nuire aux personnes dont les systèmes auditifs sont par nature plus fragiles. Pourtant, quelle serait la proportion de ces systèmes auditifs susceptibles de développer des pathologies aussi rares et invalidantes que l’hyperacousie (jusqu’à 30 % dans les populations fortement exposées) s’ils n’étaient pas agressivement surstimulés par les algorithmes de l’IA ? D’autre part, on sait que le bruit est nocif en cas d’exposition prolongée à des niveaux qui ne le sont pas, à condition qu’ils soient limités à une ou deux heures par jour. C’est pourquoi les limites réglementaires du bruit sont toujours basées sur des doses journalières/hebdomadaires. Les populations présentant une incidence élevée de symptômes auditifs invalidants (opérateurs de call center et, depuis le Covid, interprètes et commis de conférence) semblent être concentrées dans des lieux de travail où plusieurs couches de surtraitement peuvent être facilement identifiées. Cela augmente la dose (et rend le contenu plus « toxique ») et peut donc accélérer le processus de détérioration. Dans le cas de travailleurs exposés à la vidéoconférence dans des environnements où moins de couches de surtraitement sont appliquées, une exposition ponctuelle plus invasive importante pourrait les amener à consulter un ORL. Ils peuvent développer des syndromes de fatigue et d’épuisement professionnel avant de souffrir d’acouphènes. Les acouphènes et l’hyperacousie peuvent également mener à la dépression et à la fatigue. Les acouphènes peuvent empêcher les personnes qui en souffrent de dormir, tandis que le stress constant généré par le fait que les sons quotidiens sont devenus nocifs, voire effrayants, peut peser lourdement sur le bien-être mental. Ces symptômes peuvent donc être considérés comme des précurseurs ou des facteurs aggravants de la dépression, de la fatigue et du syndrome de burnout professionnel.
Enfin, il ne faut pas oublier que tous les fumeurs ne finissent pas par développer un cancer des poumons et que tous les travailleurs d’usine exposés à l’amiante n’ont pas développé une asbestose. Les facteurs de risque ne produisent pas nécessairement des effets négatifs chez tous les sujets qui y sont exposés.
La vidéoconférence augmente-t-elle vraiment la productivité ?
La productivité peut être mesurée de différentes manières. D’un point de vue purement quantitatif, le remplacement des réunions présentielles par des vidéoconférences permet aux employés et aux cadres de participer à beaucoup plus de réunions qu’ils ne pouvaient le faire lorsque les appels Zoom n’étaient pas la norme. Cependant, d’un point de vue qualitatif, les résultats que l’on peut obtenir lors de réunions en ligne sont difficilement comparables aux interactions en personne : lorsqu’on se sent inconsciemment menacé et que le mode « combat » ou « fuite » est activé, on ne peut pas s’attendre à ce que les participants soient créatifs, constructifs, empathiques et coopératifs. Lorsque l’humain se sent menacé, ses performances optimales ne sont jamais atteintes, et encore moins maintenues. Au contraire, la confiance et la crédibilité sont des ingrédients indispensables au succès d’un travail d’équipe ou d’une négociation. Une étude intéressante[13] a récemment démontré que la dégradation de la qualité audio des présentations a un impact majeur sur la crédibilité perçue de l’orateur et du contenu de sa présentation. Dans cette étude, il a été demandé à un groupe de scientifiques d’évaluer à la fois la crédibilité personnelle des collègues scientifiques qui présentaient leurs recherches et la qualité des recherches présentées. Les présentations ont été enregistrées, puis deux groupes différents d’évaluateurs les ont écoutées. Les deux groupes ont eu droit exactement au même contenu, au même accent, à la même vitesse d’élocution, aux mêmes compétences de présentation, au même langage corporel, etc. ; la seule différence était la qualité du signal audio (en l’occurrence,le timbre du présentateur), qui avait été délibérément dégradée. Le groupe ayant écouté les présentations au timbre dégradé a jugé les présentateurs moins crédibles et moins dignes de confiance, et leur contenu de moindre qualité. Le timbre est la signature de la voix d’une personne. Il est révélateur de la posture intérieure du locuteur, de la tension des muscles, des ligaments et des muqueuses, ainsi que de leur configuration relative. C’est le langage corporel audible du système nerveux et des organes internes du locuteur. Le timbre indique aux auditeurs le type d’« objet » qui produit un son, sa forme et sa composition. Le timbre permet aux auditeurs de distinguer un violon d’une trompette alors qu’ils jouent exactement la même musique. Les outils de vidéoconférence ne déforment pas l’intonation, le rythme ou l’accent de l’orateur ; la distorsion et la manipulation spectrale altèrent le timbre des voix.[14]
La raison pour laquelle la dégradation du timbre a un impact aussi important sur la crédibilité des orateurs est que les êtres humains ont tendance à faire davantage confiance aux personnes qu’ils estiment proches d’eux et qui leur ressemblent. Le timbre contient les indices spectraux qui permettent aux êtres humains d’établir la distance qui les sépare d’une source sonore. Les voix des participants à la vidéoconférence sont généralement privées d’une partie des fréquences qui signalent la proximité, de sorte qu’elles peuvent sembler lointaines même pour les participants qui portent des écouteurs. En revanche, elles peuvent aussi sembler si proches qu’elles deviennent intrusives ou difficiles à situer dans l’espace (et donc irréelles) parce que certaines composantes spectrales sont trop fortes et d’autres trop faibles. En même temps, la plupart des signaux de vidéoconférence reproduisent les voix comme si les orateurs n’avaient ni front ni nez et comme s’ils étaient faits, en termes auditifs et perceptifs, uniquement d’un cou et d’une bouche surdimensionnés. Dans la vie réelle, aucun être humain ne ressemble au participant à une vidéoconférence. À l’écoute du rendu sonore de la vidéoconférence, les couches profondes de notre système nerveux ont du mal à assimiler les autres participants à de véritables êtres humains. En outre, le gonflement de certaines composantes de leur voix donne souvent l’impression que les participants à une vidéoconférence crient. Dans quelle mesure pouvez-vous faire confiance de manière subliminale à quelqu’un qui ressemble à un être humain, qui est censé parler comme un être humain mais ne parle pas comme un être humain et qui, de surcroît, semble agresser votre système nerveux ?
Étant donné que la confiance, la crédibilité et le rapport à l’autre sont les ingrédients secrets de toute interaction humaine couronnée de succès, les participants à une vidéoconférence doivent, pour obtenir des résultats significatifs, être en mesure de se présenter à leurs homologues (collègues, supérieurs, employés) comme crédibles, authentiques et réels, et ne pas provoquer chez eux des réactions indésirables et inconscientes de lutte ou de fuite.
Pour un responsable des ressources humaines, rendre la vidéoconférence naturelle pourrait donc s’avérer bien plus utile que de proposer au personnel des sessions de formation à la prévention du stress, à la résolution des conflits ou à la communication basée sur l’empathie. À l’ère de la vidéoconférence, se présenter comme un véritable être humain est le savoir-être le plus élémentaire que vos employés puissent acquérir.
Mais la vidéoconférence peut-elle avoir un son naturel ? Et si oui, comment ?
Dans la prochaine publication nous vous parlerons des solutions au problème.
[1] Cranford, S. Zoom fatigue, hyperfocus, and entropy of thought. Matter 3, 587–589 (2020).Wiederhold, B. K. Connecting through technology during the coronavirus disease 2019 pandemic: Avoiding “Zoom Fatigue”. Cyberpsychol. Behav. Soc. Netw. 23, 437–438 (2020).Riedl, R. On the stress potential of videoconferencing: definition and root causes of Zoom fatigue. Electronic Mark. 32, 153–177 (2022).
[2] Riedl, R. On the stress potential of videoconferencing: Definition and root causes of Zoom fatigue. Electronic Mark. 32, 153–177 (2022).Denstadli, J. M., Julsrud, T. E. & Hjorthol, R. J. Videoconferencing as a mode of communication: A comparative study of the use of videoconferencing and face-to-face meetings. J. Bus. Tech. Commun. 26, 65–91 (2012).
[3] https://en.wikipedia.org/wiki/Media_naturalness_theory
[4] Riedl, R., Kostoglou, K., Wriessnegger, S.C. et al. Videoconference fatigue from a neurophysiological perspective: experimental evidence based on electroencephalography (EEG) and electrocardiography (ECG). Sci Rep 13, 18371 (2023).
[5] Wilson, Gillian & Sasse, Angela. (2002). Investigating the Impact of Audio Degradations on Users.
[6] Dos Santos, T., Bordiga, P., Hugonnet, C., Avan, P., “Musique surcompressée, un risque auditif spécifique”, Acoustique et Techniques, 99, 24-31, 2022.
[7] Rotter K.R.G., Atherton M.A., Kaymak E. and Millar B., Noise Reduction of Dental Drill Noise, Mechanotronics 2008.
[8] Fredriksson S., Hussain-Alkhateeb L., Torén K., Sjöström M., Selander J., Gustavsson P., Kähäri K., Magnusson L., Persson Waye K. The Impact of Occupational Noise Exposure on Hyperacusis: A Longitudinal Population Study of Female Workers in Sweden. Ear Hear. 2022 Jul-Aug 01.
[9] Wiley T.L., Oviatt D.L., Block M.G. : Acoustic-immittance measures in normal ears. J Speech Hear Res. 1987 Jun;30(2):161-70.
[10] https://www.forbes.com/sites/christopherelliott/2023/03/18/thank-you-for-not-calling-agents-are-on-the-verge-of-burnout-study-finds/Toker M.A.S., Güler N. General mental state and quality of working life of call center employees. Arch Environ Occup Health. 2022.
[11] By way of example: Westcott M. Acoustic shock injury (ASI). Acta Otolaryngol Suppl. 2006 Dec. Pawlaczyk-Luszczynska M., Dudarewicz A., Zamojska-Daniszewska M., Zaborowski K., Rutkowska-Kaczmarek P. Noise exposure and hearing status among call center operators. Noise Health. 2018 Sep-Oct.
[12] Garone, A.: Reported Impacts of RSI on Auditory Health at International Organisations https://drive.google.com/file/d/1OfnkWECRYJgCxNb8jxdVc_tpajMPm5id/view?usp=sharing https://www.acep-cape.ca/en/news/cape-survey-confirms-continued-parliamentary-interpreters-health-and-safety-risks-year https://www.politico.eu/article/strike-european-parliament-interpreters-walk-off-the-job/
[13] Eryn J. Newman and Norbert Schwarz, Good Sound, Good Research: How Audio Quality Influences Perceptions of the Research and Researcher, Science Communication 2018, Vol. 40(2) 246 –257.
[14] More information can be found here: https://www.linkedin.com/pulse/does-your-voice-sound-credible-here-why-viewers-switch-andrea-caniato/ and here: https://www.youtube.com/watch?v=ZGTjdpZ_Lx8
SCIC : négociations sur les conditions de travail dans les réunions hybrides
Au SCIC, les négociations sur les conditions de travail sont en cours. Pour l’instant, conformément au souhait de la hiérarchie, les négociations portent uniquement sur les réunions hybrides. En effet, la hiérarchie avait souhaité négocier de façon prioritaire cette partie des conditions de travail avec pour objectif qu’elle soit clôturée en octobre 2023. Comme les règles des réunions hybrides ont été fixées dans l’urgence pendant la pandémie et que les connaissances ont avancé depuis, il est cohérent de revoir ces règles. La Délégation des Interprètes (DI) en tant que représentation du personnel a participé de façon constructive à toutes les réunions et a transmis une proposition de texte précise assez tôt dans le processus. Il est à noter que certains facteurs comme la fréquence des réunions de négociation, ne sont cependant pas du ressort de la DI. Si le Parlement Européen (PE) a pu trouver une solution acceptable pour toutes les parties, quels sont les aspects problématiques au SCIC ? D’une part, le SCIC a plus de réunions à pourvoir que le PE et la diversité des participants est plus grande. D’autre part, les moyens budgétaires dont dispose le SCIC sont inférieurs à ceux de la DG Linc au Parlement. La solution du PE pour garantir un son de qualité (envoi de micros conformes, tests en amont de la réunion et une équipe de meeting managers qui gèrent les aspects «plateforme » pendant les réunions) coûterait donc trop cher au SCIC. Toutefois, si on met dans la balance les économies que la Commission fait grâce aux réunions hybrides (frais de voyage, d’hôtel et per diem), il est plutôt étonnant que cet argent ne puisse pas en partie être utilisé pour garantir la santé auditive des interprètes et des participants. S’ajoute à cela que selon le SCIC, une certaine frilosité règnerait dans les hautes sphères de la Commission par rapport au système adopté par le PE : la « garantie d’être interprété seulement en cas d’équipement et de setup conforme ». La raison de cette réticence serait le soi-disant déficit démocratique créé par le lien établi entre le respect de certaines règles et le droit d’être interprété. Pourtant, il est difficile de comprendre en quoi cette mesure de protection de la santé serait plus préjudiciable à la démocratie qu’un badge pour accéder aux réunions ou le fait que pour certaines langues l’interprétation n’est tout simplement pas prévue dans la réunion. Tant qu’une bonne qualité du son n’est pas garantie, il faut protéger la santé auditive en limitant l’exposition. La bonne nouvelle est qu’il est possible de revoir de façon responsable les seuils d’exposition tout en satisfaisant les besoins du SCIC. En plus, cette limitation d’exposition évitera aussi que toujours les mêmes interprètes soient exposés aux réunions sur plateforme. L’analyse de risques que la DI demande depuis un moment étant enfin annoncée pour janvier, il paraît judicieux de ne pas augmenter le risque avant de disposer des résultats de cette étude. Malheureusement, au bout de longs mois de sensibilisation par le SCIC, un triste constat s’impose : lors des réunions hybrides quasi personne ne respecte les recommandations de micros. Contrairement à ce qu’on pensait il y a un moment, nous savons maintenant que les micros-casques (headset) sont à éviter. Les micros d’ordinateurs, de téléphones et les casques filaires de téléphone encore plus. Un petit micro conforme se trouve dans les commerces électroménagers et sur les sites de vente en ligne à partir d’une trentaine d’euros. Voici la liste de microphones conformes et recommandés : |
Il serait même prévu que la Commission envoie un grand nombre de micros… à son propre personnel. C’est certainement un beau geste à apprécier à sa juste valeur. Mais cette dépense est-elle bien ciblée ? Ces microphones ne devraient-ils pas parvenir en priorité à ceux qui se voient dans l’impossibilité de se rendre physiquement dans la salle de réunion ? C’est bien que tout le monde puisse ainsi disposer du matériel adéquat pour échanger en ligne, mais de grâce, si vous êtes à Bruxelles, pour les grandes réunions avec interprétation, RENDEZ VOUS SUR PLACE. Cela vous permettra d’éviter les problèmes de connexion, d’être en contact avec vos collègues et d’épargner les oreilles de tout le monde, interprètes et participants confondus. |
SCIC et DG LINC – une comparaison
Eureka : Les négociations au Parlement Européen ont abouti !
Ce lundi 25 septembre, l’Assemblée Générale Conjointe des interprètes du PE et des AIC (interprètes freelance) a adopté de nouvelles conditions de travail pour les interprètes comprenant des règles pour l’interprétation des orateurs à distance (remote). Pour y arriver, il aura fallu une grève de zèle et des négociations de plus d’un an entre la DG PERS, la DG LINC, la Delint (délégation des interprètes du Parlement Européen) et les deux syndicats ayant soutenu les interprètes au PE, U4U et Ethos. Finalement, l’accord comprend des conditions de travail assorties d’un code de conduite pour la participation à distance dans les réunions du PE. Les deux sont censés garantir leur déroulement dans les meilleures conditions de santé et sécurité pour tous. Pour terminer la procédure, le texte doit encore passer dans le Comité du Personnel et le Bureau du Parlement Européen.
Le texte résultant du dialogue social, quant à lui, est tout à fait satisfaisant – pourvu que le code de conduite « Requirements for remote participation in meetings of the European Parliament » soit effectivement mis en pratique dans son ensemble. Le texte final des conditions de travail comprend une garantie dans ce sens : est prévu un processus qui vise une mise en pratique rapprochée dans le temps. En outre, un groupe de travail pertinent a été créé, ce qui est de bon augure.
Pour le reste, le texte sur l’interprétation des orateurs à distance (« remote ») prévoit plusieurs limites d’exposition (2h de « remote » par jour, 4h par semaine et maximum 4 fois par mois des dépassements des 2h, ce qui assure également une distribution plus équitable entre collègues). En outre, le déclenchement d’une compensation (dépassement fois 3, voire fois 4) rend les dépassements non-attrayants pour la programmation. La charge de travail est réduite en raison de la pénibilité et de la charge mentale occasionnées par le remote et s’adapte grâce à un mécanisme prenant en compte le temps de « remote » réel. La programmation prévoit dans la mesure du possible 3 interprètes par cabine dès qu’il y a un contenu « remote » plus élevé. Une révision est possible sur demande d’une des parties tous les 6 mois, en cas d’arrêt du « remote » et aussi à partir de 80% de périphériques conformes.
L’Assemblée générale des interprètes du PE a adopté le texte à une majorité écrasante.
Félicitations pour ce texte qui peut servir de modèle pour les autres institutions européennes !
À la Commission, la situation est hélas toute différente.
Même suite à la réunion entre la Directrice générale du SCIC, la Délégation des Interprètes (DI), les présidents actuel et précédents du CLP – A. Gonzalez, G. Vlandas, R. Trujillo – ainsi que Ch. Roques, Directeur général adjoint des ressources humaines, le dialogue social n’a pas permis pour l’instant une prise en compte des attentes légitimes du personnel. Plus préoccupant encore, il n’a pas débouché sur un plan de dialogue social structuré. Le SCIC mène un dialogue de sourds avec la Délégation des Interprètes et refuse le dialogue avec les syndicats.
De même, les promesses faites lors de cette réunion n’ont pas été concrétisées. Le SCIC fait tout pour écarter la représentation du personnel élue, la DI, des discussions. Ainsi, le SCIC avait promis un « comité miroir » pour définir une approche commune pendant les négociations de la norme ISO définissant des hubs d’interprétation. Cette norme va déterminer les conditions de travail futures de la profession. Une implication de la représentation du personnel élue est donc essentielle. Pour finir, il n’en est rien.
De même, ce n’est pas une participation aux discussions exploratoires du nouveau « Service Level Agreement » avec le Conseil que la DI s’est fait proposer seulement une simple information. Pourtant, vu l’importance du sujet, sa participation – ne serait-ce que comme observateur – est indispensable.
En plus, dans le cadre de la refonte des conditions de travail des interprètes, annoncée par l’administration, le SCIC compte aborder des sujets où il est difficile d’imaginer qu’un simple « toilettage » du texte existant (Accord de 1987 avec les annexes qui l’ont actualisé au fil des années) sera suffisant. Pour tout ce qui va au-delà, il faudrait passer à travers un dialogue au niveau auquel le texte a été négocié : la HR et les syndicats – avec l’administration du SCIC et la DI comme experts. Les discussions à venir vont montrer si, pour finir, le niveau choisi est approprié ou s’il faut changer de niveau.
Dans ce contexte, on a l’impression qu’une fois de plus, la hiérarchie du SCIC essaie d’écarter la représentation du personnel élue. A la place, le SCIC vient tout juste de créer une boîte mail fonctionnelle pour consulter directement les interprètes concernant les sujets de négociation en cours – et ceci deux jours avant l’Assemblée Générale des Interprètes. Consulter la base, c’est très bien, mais c’est la tâche de la représentation du personnel (c’est d’ailleurs prévu et annoncé), tout particulièrement durant les négociations. Le dialogue doit s’effectuer par la structure prévue par l’Accord Cadre entre la Commission et la représentation du personnel et ce dernier ne fait que reprendre la Charte des Droits Sociaux Fondamentaux, reprise dans le traité.
Nous demandons que la Commission prenne exemple sur le Parlement et organise le plus vite possible un véritable dialogue au lieu de court-circuiter la représentation du personnel.
Commission : Résolution de l’AG des interprètes
L’Assemblée générale des interprètes permanents de la DG SCIC, qui s’est réunie le 29 septembre 2023 :
A) prend acte de la demande du directeur général de la DG SCIC concernant une refonte de l’accord de 1987 relatif aux conditions de travail.
B) note que l’objectif déclaré de la refonte n’est pas d’affaiblir les conditions de travail des interprètes, mais de trouver un espace de simplification et de flexibilité tout en maintenant de bonnes conditions de travail et un équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les interprètes.
C) exprime sa détermination à continuer à fournir l’interprétation de haute qualité que les organisateurs de réunions et les participants à la conférence ont toujours attendue de la DG SCIC et à contribuer à ce que la DG SCIC reste à la fois un service public viable et durable et un employeur attrayant.
D) note positivement que la DG SCIC s’engage à respecter son devoir de diligence à l’égard de ses employés et à garantir un environnement de travail sûr et de qualité à l’ensemble de son personnel, y compris le personnel et les interprètes de l’IAC[1].
E) note que les conditions de travail de la DG SCIC sont déjà flexibles et peuvent entraîner une charge de travail très lourde.
F) estime que nos conditions de travail devraient être largement comparables à celles d’autres organisations internationales (par exemple ONU, PE, CoJ, OTAN) et aux règles de l’IAC, et invite la DG SCIC à réaliser une étude comparative des conditions de travail.
G) rappelle que la nature de la profession confronte les interprètes à une série de défis qui doivent être dûment pris en compte dans les conditions de travail pour toutes les configurations de réunion.
H) rappelle que la charge de travail cognitive et physique des interprètes lors des réunions a considérablement augmenté depuis la conclusion de l’accord de 1987, notamment en raison de la multiplication des « Conseils jumbo », des présentations non oralisées de discours écrits, de la plus grande complexité des sujets, de la diffusion de vidéos, de l’utilisation de plateformes numériques et de l’allongement et de l’irrégularité des heures de réunion.
I) est conscient des progrès rapides réalisés par les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, mais est convaincu que l’interprétation humaine de qualité a et continuera d’avoir un rôle crucial à jouer dans le processus décisionnel de l’UE et dans le multilinguisme européen.
J) confirme son engagement à intégrer de nouvelles technologies sûres et adaptées à leur usage.
K) note que la DG SCIC négocie une norme ISO sur les Hubs qui déterminera en grande partie les conditions de travail de l’avenir.
L) mandate la Délégation des Interprètes en tant que représentant élu de tous les interprètes permanents du SCIC pour ouvrir des discussions exploratoires avec la DG SCIC sur une refonte de l’accord de 1987, selon les principes ci-dessous :
- La refonte doit :
- Protéger les effectifs. Un modèle d’entreprise durable pour la DG SCIC dépend de la santé des interprètes.
- Promouvoir la satisfaction au travail et assurer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
- Garantir des conditions de travail appropriées et adaptées aux interprètes, qui tiennent compte de la charge de travail, des impacts potentiels sur la santé et de la charge cognitive supplémentaire liée aux nouveaux modes de travail et d’interprétation.
- Contribuer à la qualité établie de l’interprétation fournie par la DG SCIC.
- S’adapter au nouvel environnement de travail avec des structures d’interprétation hybrides et à distance, afin que les participants utilisent un équipement et une installation technique approuvés.
- Mieux reconnaître les activités de travail hors cabine comme faisant partie de la charge de travail.
- Inclure des règles sur une répartition plus équitable de la charge de travail.
- Remédier aux lacunes identifiées dans le cadre actuel.
M) prend note avec satisfaction du fait que des représentants de l’AIIC participeront aux pourparlers, avec un statut d’observateur.
N) prend note positivement de l’engagement de la direction de la DG SCIC de négocier avec le Conseil de l’UE un nouvel accord de niveau de service (ANS/SLA) qui respecte pleinement nos conditions de travail.
O) demande à ses représentants de tenir les interprètes informés par des canaux inclusifs et participatifs, de demander régulièrement des conseils à toutes les cabines et d’organiser une assemblée générale si nécessaire. Tout résultat partiel des négociations sera conditionné à l’approbation du paquet final par référendum, selon le principe que rien n’est convenu tant que tout n’est pas convenu.
[1] IAC: Intelligence Artificielle
Evolution de la situation des interprètes
Nouveau mode de travail pour les interprètes : comment la situation des interprètes a-t-elle évoluée de part et d’autre du parc Léopold dans les différentes institutions ?
Au PE, les négociations du Code de Conduite pour la participation aux réunions via plateformes (“Requirements for “remote” participation in EP meetings”) et de l’intégration de ce nouveau mode de travail dans les Conditions de travail continuent.
Le Code de Conduite va en principe tout à fait dans la bonne direction. Basé sur sa raison d’être, la protection de la santé tant des interprètes que des participants aux réunions hybrides ou en distancielles, il reprend les aspects essentiels d’une participation correcte à distance : un équipement adéquat (micro unidirectionnel), les équipements à éviter (micros de casques-micros, micros Bluetooth, micros filaires de téléphones portables, micros intégrées des PCs, tablettes et téléphones), une image de qualité, une bonne connexion et un environnement de travail calme. Le tout complété d’un test de son.
Si ce Code de Conduite était obligatoire, on pourrait parler de plein droit d’un saut quantique pour la santé et la sécurité sur le lieu du travail au PE.
Malheureusement, on lit certes des recommandations claires et fortes, mais l’obligation n’y est pas. On se remet au bon sens et à la bonne volonté des eurodéputés qui, espérons-le, savent que les interprètes qui les ont servis fidèlement durant tant d’années, ne sont pas en train de faire un caprice, mais poursuivent un objectif plus que légitime : la santé auditive de tous les participants aux réunions.
Cette absence de cadre clair complique la négociation sur l’intégration de l’interprétation à distance (“remote”) dans les conditions de travail. Comment définir dans quelle mesure on peut avoir recours à une formule de travail si on ne sait pas exactement quelle forme elle prendra et avec quelle probabilité elle sera dangereuse ou pas ?
Le” remote” est qualifié explicitement comme « forme d’interprétation simultanée inférieure » dans l’Accord Interinstitutionnel sur la télé-interprétation (Hampton Court).
Depuis, la technologie a effectivement avancé et ces dernières années nous ont quasiment obligés à développer ce mode d’interprétation. Cependant, le “remote “ est loin d’égaler l’interprétation en présentiel. Dans une perspective de qualité, se rendre sur place est toujours la première option.
Les interprètes peuvent voir la gestuelle et la mimique des orateurs, ils peuvent observer tout ce qui se passe dans la salle de réunion, une communication est possible entre les interprètes et leurs clients (souvent par gestuelle ou par contact visuel, mais aussi en se parlant), il est moins facile d’oublier les interprètes quand des documents supplémentaires sont distribués.
L’absence de ces aspects augmente la charge cognitive. Cette dernière est aggravée par une protection de la santé incertaine due à un Code de Conduite non-obligatoire. Pourtant, un Code de Conduite fonctionnant est la condition sine qua non pour un élargissement des conditions de travail. Seule une période de transition qui fonctionnerait comme période d’essai peut garantir qu’il fonctionne à l’application.
Si le “ remote “ est utilisé seulement de façon exceptionnelle pour le très haut niveau ou en cas d’urgence, c’est une chose. S’il est utilisé comme mode de présentation habituel, les conditions de travail souffriraient. Elles devraient donc être adaptées. D’une part, elles devraient reprendre expressément le mode de travail « remote » avec toutes ses facettes, d’autre part, une contrepartie devrait venir équilibrer ce qui constitue de fait une dégradation des conditions de travail.
Même s’il reste encore des éléments importants à définir, aussi bien au niveau de la substance que de la procédure, nous sommes confiants qu’il sera possible de trouver une solution au parlement avec la DG Linc.
A la Commission, on est confronté à un problème avec les conditions de travail sous plusieurs aspects sans que le dialogue social – dans la forme pratiquée actuellement – permette de trouver une solution.
Le domaine des nouveaux modes d’interprétation est une énorme zone grise, des règles claires et durables ne sont pas en vue.
Pour les réunions sur plateformes, le SCIC applique toujours les conditions de travail de la pandémie (IPA) qui, de surcroît, sont appliquées avec une bonne dose de “créativité”. L’administration ne se montre pas pour l’instant ouverte à des négociations pour trouver une solution à long terme.
Au Conseil, même pour les réunions desservies par le SCIC, aucun jeu de règles n’est respecté pour les visioconférences qui s’approchent de plus en plus à des réunions distancielles. Les problèmes du remote sont donc bel et bien présents.
Quant aux réunions hybrides avec faible taux de participation à distance, appellées MIPs (Mostly in Person Meetings), un projet pilote est en cours pour collecter les données. Or, ce qui est possible au PE (collecter des données, trouver des solutions pour relever le temps de parole d’orateurs distants interprété de fait, différencier la durée de la réunion de la durée de la connexion Interactio), semble être impossible à la Commission.
Selon le Scic, les données ont bien été collectées, mais elles seraient inutilisables. Pourtant, en tant que gros client d’Interactio, le SCIC devrait même être en mesure de demander une fonctionnalité technique qui permette de relever le temps de travail en “remote” de façon automatique.
Le projet pilote qui avait été prévu d’octobre à janvier a déjà été prolongé. Comme il viendra à expiration bientôt, la Délégation des Interprètes (DI) a demandé quelle serait la suite à donner. L’administration ne semble pas pressée de négocier.
Réglementer le travail sur plateforme à long terme est tout à fait possible. Les conditions de travail sur plateforme pourraient même être nettement plus flexibles qu’actuellement (même si la pénibilité restera plus élevée que celle du travail en présentiel), à condition de pouvoir garantir un son de bonne qualité. Pour trouver une solution au son potentiellement nocif pour l’audition, le PE travaille avec des experts de renommée internationale. A la Commission, le SCIC a certes reçu les recommandations du CPPT en février, mais depuis, la procédure s’enlise. Les propositions de la Délégation des interprètes à ce sujet n’ont pas été discutées.
Les conditions de travail actuelles sont également en souffrance.
Pour rappel, à l’origine, le SCIC avait été conçu comme service interinstitutionnel pour la Commission et le Conseil. Pour finir, c’est un service d’interprétation de la Commission qui a vu le jour et qui dessert contre paiement le Conseil, le CESE et le CdR.
Aujourd’hui, il manque d’interprètes sur le marché du travail, ce qui limite les possibilités d’engagements pour le SCIC. Or, actuellement, la Commission demande que plus de réunions soient desservies (ce qui est normal, puisque c’est son service d’interprétation), le SCIC doit donc prévoir plus de ressources pour la Commission.
En même temps, il ne veut pas réduire le service presté aux autres institutions (d’une part, il est lié par des Accords de Niveau de Service (SLA), d’autre part, il a besoin de cette rentrée s’argent, étant l’une des rares DGs qui doivent gagner une partie de leurs ressources financières elles-mêmes.)
Cette situation a plusieurs répercussions.
- Une partie des demandes d’interprétation (de l’intérieur de la Commission, mais aussi de l’extérieur, du Conseil et des Comités) ne peuvent pas être satisfaites. Les institutions en question essaient donc d’engager de leur côté. C’est possible, étant donné qu’elles ne sont pas tenues par les conditions de travail du SCIC. On voit des contrats par heure, pour un travail depuis la maison, payé à un tarif clairement inférieur aux règles et des horaires non-réglementaires.
- Les conditions de travail sont “ramollies”.
- La charge de travail est répartie de façon très inégale. Le tableau de bord, un indicateur uniquement interne (différent des KPI utilisés vers l’extérieur) qui permettrait de rééquilibrer la charge de travail est biaisé et peu utilisé.
- Les missions se font avec des délais irréalisables (temps pour arriver à l’aéroport), des pratiques problématiques s’installent (Ordre de Mission accepté – mais avec certaines conditions, ce qui veut dire des frais supplémentaires pour le chargé de mission, sans que ce dernier en soit averti.)
Début mai, le SCIC a annoncé qu’un Plan d’action pour mieux satisfaire la demande d’interprétation a été élaboré pour l’année à venir. Cette élaboration s’est faite sans consultation préalable de la DI. Lors d’une réunion réclamée par la DI, certains aspects ont pu être lissés. Il n’en reste pas moins qu’une règle concernant les formules de travail extra-statutaires, pourtant négociée récemment, se trouve restreinte encore plus de façon unilatérale.
Une compensation pour des heures de travail exceptionnellement lourdes, jusqu’ici décidée et le cas échéant négociée au cas par cas, vient d’être fixée comme forfaitaire sans aucune consultation de la Délégation des interprètes. – Selon le SCIC, l’Accord permettrait une telle décision sans consultation de la représentation du personnel. La DI attend toujours une réponse précise à la question où se trouverait une telle disposition.
En outre, le jour fixe pour le travail de la représentation du personnel vient d’être remis en question. (Jusqu’ici, le Planning devait demander aux représentants du personnel leur accord quand il s’agissait renoncer à leur journée « représentation du personnel » pour travailler dans des réunions de haut niveau. À l’avenir, la charge serait inversée et ce serait aux les membres de la DI d’en faire la demande une fois qu’ils constatent qu’ils sont programmés dans une équipe pour interpréter un jour de la DI.
Tout ceci n’augure rien de bon en vue de la renégociation des conditions de travail (Accord de 1987 et ses Annexes qui l’ont actualisé au fil des années) qui a déjà été annoncée pour après l’été.
En plus, des propositions sensées de la Délégation (adaptation du télétravail à l’étranger à la réalité professionnelle des interprètes dans un contexte post-pandémie et solution proposée pour la période de vacances des écoles belges francophones) sont balayées du revers de la main sans explication convaincante.
Si cette situation pèse sur les conditions de travail actuelles, les travaux du groupe ISO auquel participent certains représentants du SCIC (mais pas la représentation du personnel) risquent d’hypothéquer les conditions de travail de toute la profession à long terme. En effet, le Groupe ISO est en train de plancher sur une norme régissant les cabines servant pour un hub. Un hub est une formule de travail qui découple la salle de réunion de l’endroit où les interprètes sont réunis pour travailler. La Commission ne connaissant pas le travail avec un hub, il serait donc logique d’élaborer d’abord dans le cadre du dialogue social les conditions de travail d’une telle formule et ensuite seulement définir les aspects techniques de la boîte (cabine) qui est censé abriter cette forme de travail.
En plus, une telle entreprise pourrait partir d’une idée d’optimisation : Si déjà on opte pour renoncer aux avantages du présentiel (voir ci-dessus), autant tâcher d’en éviter les inconvénients (espace exigu, aération souvent défaillante, isolation phonique laissant à désirer, absence de lumière du jour) dus à la nécessité d’intégrer les cabines dans la salle de réunion. On pourrait imaginer des cabines généreuses, bien isolées, équipées d’une aération correcte, avec lumière du jour et, pourquoi pas, avec des fenêtres. En fait, si interpréter reviendra à effectuer un travail de bureau (sur écran) autant prévoir des bureaux comme pour tous les autres fonctionnaires, à la différence de l’équipement technique près.
Or, bizarrement, le contraire semble être le cas.
Ce n’est pas sans raison que des cabines mobiles, dont l’aération et l’isolation phonique laissent par définition à désirer (l’exception à l’exception du droit du travail que constitue une cabine !), ne sont pas prévues comme solution permanente. Il va de soi qu’une cabine doit être équipée d’une grande vitre frontale, ne serait-ce que pour des raisons d’ergonomie visuelle.
Une norme ISO qui aboutirait en-dessous des normes actuelles pourrait être le prétexte tout trouvé pour justifier une révision des conditions de travail à la baisse. Un fait accompli en amont des négociations de l’Accord qui, rappelons-le, a été négocié entre syndicats et HR assistés par les interprètes comme experts et dont une refonte devrait épouser le même format.
Il est nécessaire de revenir à la table d’un dialogue social digne de ce nom avec la représentation du personnel pour discuter des conditions de travail acceptables pour le personnel concerné.
U4U, aux côtés des interprètes du Parlement européen : une solution à long terme recherchée pour début 2023
Grace à un dialogue social lancé par certains syndicats – U4U, Ethos, USL, les interprètes ont obtenu satisfaction par rapport à des mesures transitoiresLa pandémie a bouleversé le mode de travail de nous tous et tout particulièrement celui des interprètes. En effet, interpréter, c’est un travail d’équipe qui s’effectuait toujours sur place. Par la force des choses, la distanciation sociale et le travail en ligne aidant, les conférences en ligne et les plateformes ont fait leur apparition dans le monde du travail des interprètes. Malheureusement, elles se sont avérées complexes, voire dangereuses. Elles augmentent considérablement la charge cognitive et peuvent même constituer un risque pour la santé auditive des interprètes comme des participants. Étant donné qu’au début de la pandémie, on manquait de connaissances et d’expérience, 44% des interprètes fonctionnaires du PE ont été victimes de problèmes auditifs.Mais comme les plateformes présentent aussi certains côtés pratiques, nous savons aujourd’hui que les réunions en ligne et les plateformes sont très probablement là pour rester. Il paraît donc cohérent de les intégrer dans les conditions de travail des interprètes afin de garantir la santé et la sécurité sur le lieu de travail pour tous.Dans un premier temps, l’administration s’est montrée peu disposée au dialogue. Il aura fallu plusieurs préavis de grève lancés par U4U et USL pour les amener à négocier de façon constructive.Pour la première fois, le dialogue social a eu lieu en présence des deux syndicats ayant lancé le préavis de grève. Même si les Ressources Humaines et la DG Linc se sont d’abord montrés hésitants face à cette approche, elle a permis de dégager un Accord intermédiaire le 17 octobre. Les deux mois et demi passés ont été mis à profit pour collecter des données et pour préparer des mesures.Un accord sur les conditions de travail à long terme est en vue pour début 2023. Nous sommes convaincus qu’en adoptant le même format, une collaboration constructive entre tous les acteurs (représentation des interprètes, syndicats, DG Linc et Ressources Humaines), il sera possible de trouver une solution satisfaisante tant pour les interprètes que pour l’administration.Au-delà des bons résultats obtenus et de l’espoir pour l’avenir proche, cette négociation a mis à l’honneur le dialogue conduit avec les organisations syndicales. Voilà un modèle pour le futur du dialogue social au PE.
24/01/2023
Délégation des interprètes à la Commission : Élections partielles du SCIC
Délégation des interprètes à la Commission : élections partielles au SCICLa Délégation des Interprètes de la Commission (DI) a commencé son mandat en octobre 2021. Elle a fourni un travail remarquable, permettant un fonctionnement aménagé pendant la pandémie, puis un retour progressif vers la normale.Elle a travaillé main dans la main avec les délégations des interprètes free-lance et du Parlement Européen (PE). La santé auditive durant le travail sur plateformes est le sujet d’une résolution qui a été votée par 94% des interprètes présents lors d’une Assemblée Générale commune des interprètes de la Commission, du PE, fonctionnaires comme free-lance.En juin 2022, trois membres (sur 9 au total) ont décidé de quitter la DI. La DI a continué à fonctionner en toute légitimité comme le permet son Règlement Intérieur. L’idée était de compléter l’équipe de la SDI pour répondre aux défis imminents auxquels les interprètes auront à faire face pour défendre leur métier. Le 3 octobre, des élections partielles (optionnelles selon le Règlement Intérieur) ont été demandées au CLP dans ce but. Le 7 octobre, certains interprètes ont lancé une demande de référendum visant à destituer la DI actuelle. Cependant leur texte ne mentionne aucune raison motivant cette demande.Le CLP a décidé de procéder aux élections (le bureau électoral est réuni, l’appel à candidatures est ouvert, le vote commencera le 6 décembre). La demande de référendum sera traitée ensuite.Nous invitons les interprètes à se montrer unis et à voter lors des élections partielles pour compléter la délégation. Par ce vote, vous pourrez garantir que les interprètes aient une représentation renforcée. Laissons la DI (élargie après les élections) faire son travail – c’est à l’aune des résultats obtenus qu’il conviendra de la juger à la fin de son mandat, comme dans toute démocratie.
Journée du Multilinguisme 24 septembre 2022
Journée du Multilinguisme 2022La Journée du multilinguisme est l’occasion de plonger dans les coulisses du Parlement le plus multilingue au monde : découvrez comment le Parlement européen travaille dans 24 langues ! Rencontrez nos interprètes, nos traducteurs et nos autres professionnels du multilinguisme. Apprenez-en plus sur leur travail et découvrez l’intérieur de l’hémicycle.Le multilinguisme garantit à tous les citoyens de l’Union européenne la possibilité de suivre le travail de leurs représentants démocratiques dans chacune des 24 langues officielles. La diversité linguistique et culturelle est l’un des atouts de l’Union européenne et est ancrée dans les traités de l’Union en tant que valeur fondamentale. La Journée du multilinguisme est l’occasion de voir cette diversité en action.La Journée du multilinguisme 2022 se déroulera à la fois en ligne et en personne au Parlement européen à Bruxelles.Mais n’oublions pas que les interprètes protestent contre leurs conditions de travail au Parlement. Célébrer le multilinguisme devrait aller de pair avec un traitement décent de ceux qui y contribuent.
U4U se réjouit de cet évènement et réitère son attachement au multilinguisme qui fait partie intégrante de l’ADN européen, depuis le tout premier règlement européen (1958). Celui ci rompait avec les pratiques des organisations internationales en faisant des citoyens, et non seulement les états, les bénéficiaires du droit européen. Il engageait dès l’origine l’Union européenne (Communauté économique européenne à l’époque) à publier les documents juridiques et politiques dans toutes les langues officielles.
Le respect de la diversité linguistique reflète une approche radicalement nouvelle à la gouvernance supranationale et ancre la démocratie dans la construction européenne. Cet engagement demeure inchangé aujourd’hui. Prenons pour exemple récent la plateforme de la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui s’est tenue de mai 2021 à mai 2022 : les échanges et contributions ont pu se faire dans toutes les langues officielles de l’Union avec l’aide de la traduction automatique et les conclusions doivent guider maintenant le travail des institutions qui s’y sont engagées.
Rendez vous sur place ou en ligne pour célébrer la diversité linguistique et la démocratie européenne !
L’Union européenne, médiatrice interculturelle: le multilinguisme
Diversité linguistique et langue française en Europe
Interprètes : habemus pactum
Parlement européen: une négociation réussie avec les syndicatsLe tract intersyndical ci-après rend compte d’une négociation réussie avec les syndicats. C’est une pratique qui montre qu’avec le dialogue social, on peut obtenir des résultats utiles pour le personnel et pour l’institution. Nous voulons la généralisation de cette pratique du dialogue social.
Habemus pactum ! Un premier pas vers une solution sur les conditions de travail des interprètesComme le dit le vieil adage, quand on veut, on peut! La volonté dont nous parlons est celle de la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Grâce à son engagement personnel en tant que garante du dialogue social au sein de la Maison, un accord provisoire a finalement été trouvé pour lancer les négociations entre la DG LINC, la DG PERS, les représentants des interprètes et les syndicats concernant les conditions de travail des interprètes dans le nouveau contexte de la participation multilingue à distance. Nous tenons à remercier chaleureusement la Présidente pour avoir donné une chance au dialogue social et montré qu’elle se soucie réellement du bien-être du personnel du PE. Nous tenons à remercier le Chef de cabinet de la Présidente Metsola – Alessandro Chiocchetti – dont l’équité, l’ouverture et le pragmatisme ont rendu l’accord possible. Nous avons été heureux de constater qu’il attache une grande importance au multilinguisme en tant que partie intégrante du travail législatif de notre institution.Nous tenons également à saluer l’esprit constructif et les contributions de toutes les parties impliquées. Les représentants des interprètes ont montré une fois de plus leur créativité et leur loyauté envers l’Institution en soumettant des propositions réalisables. Les deux syndicats qui ont déposé le préavis de grève – U4U et USL – ont montré un soutien indéfectible à la cause des interprètes et ont négocié efficacement à leurs côtés. Enfin la DG LINC a fait preuve d’ouverture pour accepter des compromis équilibrés.Bien sûr, cet accord intérimaire n’est qu’un premier pas vers un accord final sur des règles plus permanentes. Il reste beaucoup de travail à faire. Nous sommes prêts à nous engager dans des négociations sérieuses qui devraient commencer dans la semaine du 7 novembre 2022, comme convenu avec nos interlocuteurs. D’autre part, nous attendons de la DG LINC qu’elle honore ses engagements, notamment en informant clairement et en temps utile tous les organisateurs de réunions.En outre, une bonne qualité de son et un comportement coopératif des orateurs sont primordiaux pour permettre aux interprètes de faire correctement leur travail lors de l’interprétation des discours à distance et pour protéger leur santé. Si ces conditions préalables ne sont pas réunies, les interprètes risquent de ne pas pouvoir interpréter malgré tous leurs efforts. Par conséquent, une campagne de sensibilisation renforcée sur un Code de conduite relatif à la participation multilingue à distance est un engagement crucial que la DG LINC doit respecter dès le début et pendant toute la durée des négociations et au-delà.Toute négociation nécessite une confiance mutuelle. Nous sommes prêts à faire notre part et pour cela nous annonçons le retrait du préavis de grève avec effet immédiat. L’heure est à la flexibilité et au pragmatisme dans le plein respect de la santé du personnel et de conditions de travail décentes. Comme nous le disions, quand on veut, on peut…
09/11/2022
Parlement Européen, où en est-on du conflit avec les interprètes ?
U4U – Union syndicale Luxembourg – Ethos Europe
Parlement Européen : où en est-on du conflit avec les interprètes ?Durant la pandémie, au Parlement, la DG Linc commence très tôt à travailler sur les plateformes. On pensait être à l’abri, grâce à un projet pilote. Malheureusement, il s’est avéré que la technologie choisie n’était pas appropriée, 44% des interprètes fonctionnaires sont touchés par des problèmes auditifs.La délégation des interprètes du PE a donc cherché le dialogue pour fixer un cadre garantissant la santé et sécurité des interprètes pendant l’interprétation d’orateurs participant à distance.Quelle a été sa déception lorsqu’elle a dû constater que non seulement cette demande allait dans le vide, mais qu’en plus, et sans aucun dialogue social, la hiérarchie a décrété lors du retour aux conditions de travail pré-pandémie, que le travail sur plateforme y serait désormais intégré sans autre forme de procès.Or, un travail sur plateforme est plus fatigant, la charge cognitive est plus grande et le risque d’être exposé à un son nocif pour la santé est plus élevé.La délégation des interprètes a encore cherché la communication avec la hiérarchie. En vain.Cet ultime refus de dialogue social a été la goutte qui a fait déborder le vase. En juin 2022, les interprètes fonctionnaires du PE ont décidé de faire grève. Une grève de zèle. Ils se sont rendus tous les jours au travail. Ils ont interprété les orateurs sur place, mais pas les participants en ligne.Faute d’un accord cadre, la situation risquait de rester dans l’impasse. La DG Linc a décidé de ne pas réquisitionner des interprètes pour les réunions les plus importantes, mais de procéder à une « externalisation » : elle a engagé des interprètes non accrédités en dessous du tarif, ce qui est une claire violation du droit de grève.Il faudra plusieurs rencontres entre les interprètes, le directeur du personnel et une forte implication du cabinet de la Présidente du PE et des trois syndicats ayant soutenu la grève, U4U, Ethos et USL, pour arriver à un accord de principe début octobre.Même si les détails restent encore à négocier, il s’agit enfin là d’un bel exemple de dialogue social. À suivre.
05/11/2022
Santé et sécurité des interprètes !
Santé et sécurité pour nos interprètes!Ce vendredi 16 septembre a eu lieu la première Assemblée Générale Commune des interprètes de la Commission et du Parlement Européen, fonctionnaires et interprètes free-lance confondus. L’objectif poursuivi par cette AG est d’articuler la revendication de tous les interprètes des institutions européennes : que la sécurité et la santé sur le lieu de travail soient garanties.En effet, ayant été déclarés « personnel critique » pour le fonctionnement des institutions, les interprètes, tant de la Commission que du Parlement, ont répondu présents dès le début de la pandémie. Malheureusement, il s’est avéré que la technologie choisie pour les réunions en distanciel n’était pas appropriée. Résultat : une incidence sans précédent de troubles auditifs (vertiges, nausées, hyperacousie, acouphènes, perte de fréquences…) auprès des interprètes. Au Parlement, qui a fait appel à cette technologie à plus grande échelle, 44% des interprètes souffrent de problèmes acoustiques. A la DG SCIC, 27 personnes se sont auto déclarées souffrantes auprès de la Délégation des Interprètes, dont 16 avec des certificats médicaux à l’appui.Afin d’éviter des invalidités dans le long terme et pour garantir un environnement sûr tant pour les interprètes que pour tous les participants aux réunions, les Délégations des Interprètes demandent :- Une participation en présentiel dès que ceci est raisonnablement possible (personnel de la Commission et du PE à Bruxelles, présent dans un autre bâtiment du quartier européen) ;- Adaptation des conditions de travail (cadre législatif) pour prendre en considération les spécificités de l’interprétation à distance ;- Une obligation pour les participants actifs en ligne d’utiliser des périphériques (micros) et des paramètres de connexion permettant de respecter les normes ISO ;- Un soutien de la part de toutes les organisations syndicales, notamment pour la grève de zèle des interprètes du PE, soutenue jusqu’ici uniquement par Ethos, U4U et USL.
Résolution de l’assemblée générale
Pourquoi les interprètes du Parlement Européen font-ils grève ?
U4U est l’un des deux syndicats à soutenir les interprètes du PE et la Delint (délégation des interprètes du PE) dans leur grève pour des conditions de travail décentes. Ils dénoncent une situation inquiétante impactant la santé auditive de toute la profession, voire de tous les participants aux réunions à distance. Vous lirez utilement cet article paru dans Politico.Dans les faits, nos collègues interprètent bien les prises de parole de la salle, mais aucune prise de parole à distance n’est interprétée. La lutte des interprètes du PE concerne tout le personnel et notamment la DG SCIC (Direction générale de l’interprétation) de la Commission. U4U soutient cette action ainsi que les revendications des interprètes pour :
- Un arrêt immédiat de l’engagement illégal de « casseurs » de grève par le PE (interprètes non-accrédités, engagés via un prestataire de service externe selon des conditions non-conformes) et négociations d’un service minimum comme cela se pratique dans les principales institutions européennes ;
- Combler le vide juridique grâce à l’intégration du travail sur plateforme (Interactio etc.) dans les conditions de travail négociées ;
- Garantie de la sécurité et santé sur le lieu du travail grâce à une obligation d’utilisation de périphériques (micros etc.) adéquats par les participants.U4U demande à l’administration du PE de ne pas bloquer le dialogue social, seule voie qui permettra de résoudre ce conflit dans l’intérêt de l’institution et du personnel.
05/07/2022
Le PE introduit unilatéralement de nouvelles conditions de travail pour les interprètes
Deux syndicats (U4U et USL) déposent un préavis de grève des interprètes au PE et dénoncent un manque flagrant de dialogue social
Lettre de U4U du 27 juin 2022
Madame la Présidente,
Je vous remercie de votre réponse suite au dépôt d’un préavis de grève concernant les interprètes du PE. Je vous remercie également de votre disposition pour la poursuite du dialogue social sans lequel on ne saurait obtenir un bon climat au sein de l’institution. J’attire par ailleurs votre attention sur le recours à des pratiques de votre administration – appel à un sous contractant externe non accrédité, – visant à remplacer le personnel gréviste dans des conditions dégradés. Pour rappel, des modalités de réquisitions dans les institutions européennes existent au bénéfice de tous, mais sont ignorés au PE. Les pratiques que votre administration se propose d’introduire, ne correspondent ni à l’esprit ni aux règles d’une fonction publique européenne. Si de telles pratiques étaient connues à l’extérieur, par exemple par la presse, la bonne image du Parlement Européen, à laquelle tout comme vous, nous sommes attachés, serait fortement compromise.
U4U sera représenté cet après-midi à la réunion de dialogue social proposée par vous, par un membre de sa direction : Maria Lengenfelder. Je souhaiterais que pour la suite du dialogue soit garanti également via une connexion à distance la présence d’autres participants utiles.
Enfin, comme nous avons eu le loisir d’en parler avec M. Knudsen, nous considérons que l’accord cadre régissant les relations entre la représentation du personnel et l’institution est largement obsolète et doit être réformé. L’absence d’un cadre moderne régissant les relations professionnelles au sein du PE explique en partie la situation de blocage actuelle.
En vous remerciant de l’attention prêtée à la présence lettre, je vous prie , Madame la Présidente, de croire en l’expression de ma très haute considération.
Georges Vlandas
Président
Lettre à Madame la Présidente du PE
Madame la Présidente,
Nous tenons tout d’abord à vous remercier pour votre réponse et pour l’écoute dont vous avez fait preuve à l’égard des représentants des interprètes. Nous espérons sincèrement que votre engagement est le début d’un processus visant à trouver une solution satisfaisante pour toutes les parties concernées dans l’intérêt de notre institution. Nous participerons à la réunion convoquée par le Directeur général de la DG PERS en votre nom pour demain à 14h30. Nous profitons de cette occasion pour vous demander de mandater un représentant de votre cabinet pour assister à la réunion et suivre l’ensemble du processus jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée.
Nous tenons à souligner qu’il est très regrettable que cette réunion ne se tienne pas plus tôt, car elle coïncidera avec le début de l’action industrielle programmée. Malgré cela, nous apporterons une contribution constructive comme nous l’avons toujours fait.
Cependant, nous avons le regret de vous informer que la direction de la DG LINC ne semble pas partager notre volonté de négocier une issue à l’impasse actuelle avec ouverture et bonne foi. Elle a décidé d’assurer le service d’interprétation simultanée pour un certain nombre de réunions (par exemple, la réunion de la commission interparlementaire AFET de demain 27 juin 2022) en recourant à un prestataire externe, à savoir Kudo. L’équipe AFET couvrira 24 langues et sera composée de deux interprètes par cabine. Les interprètes ont été recrutés avec un contrat d’une demi-journée, on leur a demandé s’ils connaissaient Interactio mais on ne leur a pas dit qui serait leur client. Ces informations ne leur ont été communiquées qu’après la signature du contrat. Cette décision extrême et sans précédent de la DG LINC est problématique pour de nombreuses raisons d’un point de vue opérationnel, juridique et de dialogue social.
D’un point de vue opérationnel, tous les interprètes recrutés ne sont pas accrédités pour travailler pour les institutions européennes. L’accréditation de l’UE a toujours été une garantie de la qualité professionnelle des interprètes freelance et a toujours permis au PE de fournir un service d’interprétation de haute qualité sur lequel les députés européens et les autres participants aux réunions comptent pour leur travail. Cette garantie a été balayée par la décision irréfléchie de la DG LINC.
Deuxièmement, l’équipe initialement affectée à la réunion AFET était en partie composée d’interprètes permanents. Ces collègues ont été retirés de la réunion et n’ont pas tous été redéployés vers d’autres réunions. Cela témoigne d’une gestion cavalière de ressources humaines et financières limitées.
Troisièmement, de nombreux interprètes de l’équipe travailleront à domicile, ce qui augmentera les risques d’incidents techniques et diminuera la qualité générale de l’interprétation.
Cette décision est inédite dans la mesure où les réunions statutaires ont toujours été assurées en interne, même avant la pandémie et même pendant les périodes de pointe du calendrier interinstitutionnel, lorsque le marché était pratiquement vide d’interprètes freelance accrédités. En procédant de la sorte, la DG LINC a délibérément violé un certain nombre de règles en vigueur.
Tout d’abord, cette décision constitue une violation flagrante du droit de négociation et d’action collective consacré par l’article 28 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Au lieu de négocier une solution au conflit actuel, la DG LINC a décidé de remplacer son personnel par du personnel externe, vidant ainsi de facto de son sens le droit de négociation et d’action collectives. De plus, la DG LINC viole l’article 31 de la Charte sur les conditions de travail justes et équitables, qui stipule que « tout travailleur a droit à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa sécurité et sa dignité ». Face à une action collective de son propre personnel qui tente de protéger sa santé contre des bruits toxiques, la DG LINC a non seulement manqué à son devoir de diligence en ne protégeant pas la santé des interprètes, mais elle a également externalisé le problème en exposant le personnel externe au même danger.
Deuxièmement, le régime d’interprétation en question est contraire à l’accord sur les conditions de travail et le régime pécuniaire des interprètes auxiliaires de conférence (AIC) recrutés par les institutions de l’Union européenne, ainsi qu’au régime applicable aux autres agents de la Communauté économique européenne et de la Communauté européenne de l’énergie atomique. Le premier ne permet pas les contrats de demi-journée, tandis que le second prévoit que les interprètes free-lance sont soumis aux mêmes conditions de travail que les interprètes permanents lorsqu’ils travaillent pour le Parlement européen. La DG LINC a donc opté pour le dumping social au Parlement européen, l’institution qui défend les droits des travailleurs.
Troisièmement, l’article 10.1 des conditions de travail des interprètes concernant les effectifs a été bafoué puisque seuls deux interprètes par cabine ont été déployés à la réunion au lieu de trois interprètes par cabine.
Quatrièmement, la DG LINC a enfreint l’article 3.1 du Code de conduite sur le multilinguisme (décision du Bureau du 1er juillet 2019), qui stipule que l’interprétation pour les réunions statutaires « est assurée exclusivement par la direction générale de la logistique et de l’interprétation des conférences », c’est-à-dire avec le déploiement d’interprètes permanents et d’interprètes freelance accrédités.
Tout ceci est de très mauvais augure pour le processus qui va s’engager sous vos auspices. Une fois de plus, la DG LINC ne reconnaît pas l’importance du dialogue social au sein de l’Assemblée. Il est regrettable que la DG PERS ait adopté la même politique : selon les règles en vigueur en matière d’action syndicale et de grève, la DG PERS aurait dû utiliser le préavis de cinq jours pour négocier l’étendue et les modalités pratiques d’un service minimum garanti avec les syndicats qui avaient déposé le préavis de grève. La réunion interparlementaire AFET d’aujourd’hui aurait pu être incluse dans ce service minimum et les interprètes auraient garanti le service d’interprétation simultanée. Au lieu de cela, le directeur général de la DG PERS, M. Knudsen, a écrit aux syndicats le 24 juin (7 jours après l’envoi du préavis de grève) pour les inviter à une réunion le 27 juin, c’est-à-dire le premier jour de l’action collective. C’est un manque total de respect pour les règles et les interlocuteurs. Ce n’est pas la première fois que la DG PERS ignore les règles relatives aux arrêts de travail. Le Parlement européen a été condamné par la Cour de justice dans l’arrêt n° T-402/18 pour des réquisitions massives illégales d’interprètes.
Compte tenu de ce qui précède, nous demandons que la décision de la DG LINC relative à la fourniture du service d’interprétation pour la réunion interparlementaire AFET qui se tient aujourd’hui et pour toute autre réunion similaire soit annulée et que des interprètes permanents et des interprètes free-lance accrédités, recrutés directement par la DG LINC conformément à la procédure légale, soient affectés à ces réunions. En outre, nous demandons qu’une négociation sur un cadre réglementaire pour la participation multilingue à distance soit lancée dès que possible en vue de trouver un accord avant les vacances d’été. En signe de bonne volonté, et bien que la DG PERS ne nous ait pas approchés pour négocier un service minimum comme elle aurait dû le faire conformément à l’article 6 de l’annexe de l’accord-cadre de 1990 entre le PE et les OSP, nous sommes disposés à annuler les actions prévues pour demain, 27 juin 2022.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de nos salutations distinguées,
U4U USL
Lettre de la Présidente
Messieurs,
Je tiens à vous remercier pour la réunion fructueuse que nous avons eue jeudi dernier et pour nos discussions ouvertes et approfondies sur la situation de l’interprétation à distance au Parlement européen.
Je reconnais que sans votre dévouement, il n’aurait pas été possible de poursuivre notre travail tout au long de la pandémie et, au nom de notre institution, je vous remercie.
Suite à l’expiration des mesures extraordinaires le 12 juin 2022, nous nous dirigeons actuellement vers de nouvelles méthodes de travail des commissions, permettant aux députés d’intervenir à distance dans des circonstances spécifiques. La commission des affaires constitutionnelles est chargée de proposer les modifications nécessaires du règlement à cet égard. Il est maintenant de notre responsabilité commune de veiller à ce que toutes les activités nécessaires du Parlement soient menées à bien de la meilleure façon possible, après une période très difficile pour tous. J’ai écouté et examiné attentivement vos demandes et je m’engage pleinement à vous aider à trouver des solutions appropriées dans l’intérêt de notre institution.
J’ai donc demandé à l’administration du Parlement de commencer à rassembler toutes les informations pertinentes afin d’évaluer correctement l’impact que les interventions à distance dans le cadre des nouvelles méthodes de travail des commissions auront sur les services d’interprétation que vous fournissez.
Par ailleurs, par lettre jointe à ce courriel, j’ai informé les syndicats U4U et Union Syndicale Luxembourg que j’ai chargé M. Kristian Knudsen, Directeur Général du Personnel, ainsi que Mme Agnieszka Walter-Drop, Directrice Générale de la Logistique et de l’Interprétation des Conférences, et notre service médical, d’entamer un dialogue social en vue de parvenir à une position commune dans l’intérêt du service et de la bonne marche du Parlement.
Ce dialogue social, dont je suis le garant, est désormais engagé. Comme vous l’avez souligné à juste titre dans un courriel précédent, une grève perturberait le fonctionnement du Parlement et serait stressante pour toutes les personnes impliquées. Je pense donc qu’il faut donner au dialogue social la chance qu’il mérite pour aborder les problèmes que vous avez soulevés lors de notre rencontre et pour permettre aux députés d’exercer pleinement leur mandat.
Je suis certain que les discussions qui débutent lundi porteront leurs fruits. Vous pouvez compter sur mon engagement et mon plein soutien comme sur votre sens des responsabilités tel qu’il s’est manifesté tout au long de ces deux dernières années.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées,
Roberta Metsola
Réponse de la Présidente du 22 juin 2022
Préavis de grève envoyé le 17 juin 2022 Prolongation du préavis de grève jusqu’au 12 septembre 2022
Échange de courriels entre les syndicats pour la préparation du préavis de grève.
Santé auditive I – Santé auditive II
Les interprètes de la Commission ont besoin de notre soutien
La pandémie a durement frappé les interprètes.Ce corps de métier s’est montré très flexible et a fait preuve d’énormément de résilience et de bonne volonté. Il a été déclaré personnel critique et est sur le pont depuis la première heure.Or, les mesures de distanciation sociale et l’espace exigu d’une cabine d’interprétation ne sont pas compatibles. Lors du premier confinement, la délégation des interprètes a défini avec l’administration des conditions de travail intérimaires pour permettre la continuité du fonctionnement des institutions (Business Continuity). Ces dérogations aux conditions normales de travail devaient se limiter au premier confinement.Malheureusement, l’administration du SCIC n’a pas respecté cette limitation dans le temps. Aujourd’hui, pour ce qui est des conditions de travail des interprètes, et, deux ans après le début de la pandémie, c’est le plus grand flou qui règne. Alors que la charge de travail a, à nouveau, bien augmenté, les infractions aux conditions de travail mettant en question la santé des interprètes et la possibilité de fournir un travail de qualité s’accumulent.Afin d’éviter l’épuisement du personnel, la Délégation des Interprètes a donc demandé une codification des dérogations aux conditions de travail pour la période de crise.Ces négociations ont commencé en décembre et ne sont toujours pas clôturées. La Délégation des Interprètes est constructive, elle a fait des concessions partout où elle a trouvé cela raisonnable et responsable. Elle veut trouver une solution qui permette au SCIC de fonctionner correctement tout en garantissant la santé des interprètes et la qualité de leurs prestations.Cependant, même si cette solution devait avoir un coût assez bas, pour autant qu’elle soir appliquée avec un peu d’habilité, elle ne serait pas gratuite. Le SCIC doit recevoir une aide budgétaire de la Commission. Le SCIC ne saurait financer les contreparties légitimes d’un travail en pandémie à partir de sa seule dotation budgétaire. Ce qui est inacceptable, c’est de répercuter les inconvénients d’un travail en période de pandémie sur les seuls interprètes, qu’ils soient statutaires ou free-lance.Ainsi, plusieurs interprètes sont partis en préretraite en raison des conditions de travail érodées. Ainsi, suite aux conditions de traçage plus strictes appliquées par la Commission par rapport à la Belgique, le coût des quarantaines imposées pour les cas-contacts des interprètes free-lance ne peut pas être répercuté sur ces derniers en annulant leurs contrats ! Désormais et dans la mesure du possible, certains free-lance évitent les engagements au SCIC. Pourtant, ils sont essentiels pour garantir un fonctionnement du SCIC avec le degré de flexibilité nécessaire.Dans cet effort de gestion de crise, les interprètes ont besoin du soutien de la Commission, y compris face au Conseil, « le client » le plus important du SCIC.Les négociations paraissent aujourd’hui dans l’impasse. U4U considère qu’il faut impliquer le Comité du personnel, voire les syndicats.Nous demandons une réunion intersyndicale dans le but d’entamer un dialogue social pour enfin remédier aux problèmes rencontrés par les collègues.
08/02/2022
Lettre du CLP de Bruxelles à la DG SCIC du 09/02/2022
Madame la Directrice générale,
Ce jour, le bureau du comité du personnel de la Commission à Bruxelles a été informé d’un dialogue social intense en cours, en ce moment, au SCIC . Ce dialogue concerne l’exercice du métier d’interprète en période de pandémie. Nous comprenons que, pour l’instant, le dialogue entamé n’a pas abouti à une solution qui agrée à nos collègues interprètes. Une dernière réunion est prévue jeudi prochain.
Au-delà de cette échéance, en l’absence d’un accord, et après en avoir discuté avec vous, nous allons demander aux organisations syndicales de reprendre les discussions. Les règles qui régissent l’exercice du métier d’interprète ont été établies dans le passé suite à un accord avec les organisations syndicales . En l’absence d’un accord avec la délégation, le fait de déroger à ces règles doit faire l’objet d’une discussion avec ces mêmes organisations syndicales. Le CLP compte les alerter de l’actualité de cette perspective. Enfin, le CLP est conscient que la solution aux problèmes discutés ne pourra pas relever de la compétence de votre seule direction générale. En effet, pour répondre aux attentes légitimes du personnel d’interprétation, qu’il soir fonctionnaire ou free-lance, le SCIC a besoin du soutien de la Commission. Et le CLP soutient une telle approche.
Dans l’attente de vous rencontrer, je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de ma considération la meilleure.
Georges Vlandas
Président du CLP de la Commission à Bruxelles
La sortie du confinement au SCIC : tenir au maximum compte des souhaits du personnel
L’heure est à la sortie du confinement. Certains essaient de renouer avec la normalité « d’avant », d’autres continuent le télétravail. Pour les interprètes, c’est un tâtonnement. Pendant le confinement, les réunions avec présence des participants et des interprètes étaient devenues impossibles. A la recherche d’une alternative, la DG SCIC a progressé sur la voie de la vidéoconférence avec toutes les complexités qu’elle comporte. (voir plus ci-après)
L’heure est au dé-confinement. Certains essaient de renouer avec la normalité « d’avant », d’autres continuent le télétravail. Pour les interprètes, cheville ouvrière des institutions internationales et véritablement multilingues, c’est un tâtonnement. Pendant le confinement, les réunions avec présence des participants et des interprètes étaient devenues impossibles. A la recherche d’une alternative, la DG SCIC a progressé sur la voie de la vidéoconférence avec toutes les complexités qu’elle comporte.
Tout doucement, les réunions normales reprennent. L’objectif étant la compréhension, le port du masque est problématique. La qualité du son avec masque se rapproche probablement de celle d’un participant ayant une mauvaise connexion internet, mais parler longtemps avec un masque s‘avère très fatigant. La distanciation est donc d’autant plus importante. Mais là aussi, problème!
Une cabine d’interprétation est exiguë, 3,20m x 1,80m x 2,30m pour trois personnes en temps normal, ce qui correspond à un volume d’air d’un peu plus de 4m3 par personne. Ceci est minime par rapport à la législation belge qui prévoit, pour fonctionnement en temps normal, un volume d’air par personne de 10m3 pour les espaces de travail.
De surcroît, la distanciation, même avec masque, est prévue pour les grands espaces aérés et les expositions courtes – or les réunions présentielles durent plusieurs heures. Il fallait donc trouver une solution. Dans un premier temps, le SCIC a opté pour l’approche consistant à ne pas faire travailler les interprètes d’une même langue dans la même cabine: ceux-ci étaient répartis entre plusieurs cabines de telle sorte qu’une cabine (désinfectée) ne soit occupée que par une personne.
C’est un système qui peut fonctionner, mais seulement lorsque le nombre de langues parlées est relativement limité. (Option prise par le Parlement Européen qui se limite à travailler avec seulement 8 langues.) La quantité de salles équipées d’un nombre suffisant de cabines ne permet pas de proposer toutes les langues de travail à la fois dans plusieurs conférences en même temps.
Le Conseil, particulièrement impatient de reprendre un travail en configuration présentielle, a donc examiné plusieurs possibilités : un complément par des cabines mobiles, solution qui s’avèrerait impossible vu le manque de collaboration du fournisseur du système, un couplage de deux salles, impossible techniquement, paraît-il (au XXI° siècle?) et enfin une séparation des cabines par un plexiglas pour y installer deux interprètes.
C’est cette dernière option qui l’a emportée au Conseil : une vitre en plexiglas qui sépare les deux moitiés de la cabine (indépendantes pour ce qui est de la climatisation d’après ce que l’on nous dit), mais qui laisse un espace ouvert vers le plafond et le fond de la cabine (50cm et 1m respectivement). Les deux Services Médicaux de la Commission et du Conseil ont donné leur feu vert, alors que le Service Médical du Parlement européen a jugé le risque trop élevé et a refusé la proposition.
Le Conseil installe donc à tour de bras cette construction en plexiglas. (Le 4 juin, des interprètes se sont trouvés devant un fait accompli et ont dû refuser de travailler avec ce système pour lequel une position officielle du SCIC se fait toujours attendre.)
Comment une solution jugée dangereuse au Parlement européen peut-elle être sûre au Conseil ? Le Service Médical peut-il être sûr que le risque encouru sera acceptable ? S’est-il entouré de l’expertise nécessaire ? Pour rappel, dans les états membres, les mesures de pandémie ont été définies par des pools de spécialistes en la matière. Le comité paritaire pour l’hygiène et la sécurité au travail (CPPT) a-t-il été consulté ?
Ne serait-il pas davantage approprié d’appliquer le principe de précaution et de pousser les solutions 1 et 2 (cabines mobiles ou couplage de salles), ou au moins de perfectionner la séparation pour qu’elle divise vraiment la cabine en deux ?
Les sensibilités concernant les futures conditions de travail divergent, ce qui est compréhensible. Tout un chacun a sa vie et a droit à son opinion.
Mais qui dit réunion présentielle dit participants ayant transité par des gares et des aéroports, dit collègues qui se fréquentent et dont la vie aura repris son cours, y compris les contacts entre enfants dans les crèches et les écoles. Pour éviter les risques, prenons toutes les précautions.
26/06/2020
Voir aussi le dossier du Parlement Européen…
Une mise au point sur le plexiglas et quelques informations.
Par la DÉLÉGATION DES INTERPRÈTES DU SCIC Vendredi 26 juin 2020
Dernières nouvelles : Plexiglas, Interactio, travail au Conseil.
La Délégation vous écrit directement pour la première fois depuis des mois. Au cours de ces mois, nous avons été présents sur les forums où nous avons encouragé la discussion dans l’espoir de rassembler le service et de maintenir le sentiment d' »un seul service » dans une période difficile.
Cela a été en partie un succès, avec des fils de discussion très longs et intéressants, mais le DI a également été informé que nous devrions reprendre une communication plus formelle par courrier électronique.
Bien entendu, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour nous engager de manière constructive avec la direction sur les grandes questions du jour : la situation critique de nos collègues de l’AIC, le retour en toute sécurité à la cabine, le maintien du service (y compris dans les petites cabines) et les conditions de travail des plates-formes.
Nous avons convenu de règles de travail pour les plates-formes qui sont « provisoires » en attendant des négociations appropriées, nous faisons partie d’une « task force » qui étudie tous les rapports de séance et les questionnaires provenant des interprètes travaillant sur des plates-formes, nous avons accepté au niveau du GTP et avec de lourdes conditions, d’emprunter la voie du plexiglas pour tenter de remettre en selle les petites cabines au Conseil, mais nous avons choisi de ne pas le faire au CESE parce que les débits d’air ne sont pas convaincants. Cela ne clôt pas la question au CESE, mais signifie qu’il reste encore du travail à faire. Plus d’informations sur le plexiglas ci-dessous.
Malheureusement, de nombreux dossiers posent encore problème.
- Nous avons eu une réunion ce matin avec le CLP et les représentants de deux syndicats du personnel pour discuter de la récente pétition en faveur des AIC. Il s’agit d’un dossier de l’AIIC, mais des représentants de l’ID seront présents mercredi lorsque le CLP rencontrera notre directeur général et l’AIIC.
- Au cours de cette même réunion, nous avons confirmé et été rassurés par les promesses de soutien total du CLP et de deux syndicats si – comme nous l’avons parfois craint – nous sommes contraints de nous engager sur la voie d’une négociation basée sur la « concertation » dans le cadre de l’accord-cadre en présence des syndicats, du SCIC et de la DG RH afin d’obtenir des conditions de travail raisonnables pour les plates-formes.
- Ce midi, nous avons rencontré la DG et ses directeurs afin d’examiner une évolution alarmante de nos relations avec le Secrétariat du Conseil. Il semble que le SGC éprouverait des difficultés à travailler dans le cadre des quatre scénarios que nous avons convenus pour les plates-formes avec l’unité de programmation. À notre tour, nous avons informé la direction que le personnel ne serait pas en mesure d’accepter de travailler pour le Conseil sur des plates-formes dans des conditions de travail normales. (d’autant plus qu’à l’heure actuelle, les conditions de travail normales signifient deux personnes par cabine, même dans certains grands régimes et dans du plexiglas). La direction a semblé comprendre notre message selon lequel des sessions de 4 heures, à deux, sans pause, sur des plates-formes, dans l’environnement de travail du Conseil, feraient sortir le personnel en masse. Une assemblée générale a été programmée pour le mois de septembre si notre conviction (que nous sommes d’accord avec la direction sur ce point) ne se confirme pas.
Enfin, un mot sur le plexiglas. Lors d’un test des cloisons qui a eu lieu dans la salle Schuman du Berlaymant cette semaine, une source de fumée a été utilisée pour tester l’efficacité des cloisons à empêcher les aérosols ou, dans ce cas, la fine fumée blanche, de transiter de l’autre côté de la cabine si la cloison n’atteint pas le plafond. En bref, elles ne le font pas. Si la fumée est émise à hauteur de tête en position debout, elle dérive directement au-dessus de la cloison et se dépose doucement de l’autre côté.
C’est une mauvaise nouvelle, car les cloisons des salles du Conseil n’atteignent pas non plus le toit des cabines. C’est pourquoi nous lançons cet avertissement à nos collègues après en avoir parlé à la direction. Nous avons également demandé que des tests avec de la fumée soient effectués au Conseil. Nous n’avons pas demandé l’arrêt des réunions dans les salles équipées de plexi au Conseil, car la fumée émise au niveau de la bouche (où l’on travaille) n’atteint pas l’autre côté et les flux d’air dans les bâtiments du Conseil sont légèrement différents en ce sens qu’un flux descendant plus puissant est produit. A suivre.
D’autres questions n’ont pas été abordées lors de nos réunions d’aujourd’hui, mais elles sont dans notre ligne de mire. Ils apparaissent sous forme télégraphique ci-dessous. Nous les publierons également sur les forums, car nos collègues de l’AIC restent ainsi au courant et nous aimons l’idée que cela génère parfois des discussions – qui resteront fermement dans le cadre de la politique de modération, n’est-ce pas ?
DEUX PAR STAND
Le problème.
Deux interprètes par langue active sont affectés aux réunions comportant plus de 6 langues passives. Il s’agit d’une violation de l’accord. Elle découle d’une lettre que le D.I. a adressée le 13 mars au directeur général, dans laquelle nous proposions des mesures pour faire face à la crise sanitaire immédiate et uniquement si le nombre de langues et de réunions était réduit au strict minimum : voir (DI FFH 13 mars).
Si nous partons du principe que les séparateurs en plexiglas seront finalement adoptés plus ou moins partout, l’intention du SCIC est clairement que cette violation des règles persiste jusqu’à la fin de la distanciation sociale. C’est-à-dire dans le courant de l’année prochaine, lorsqu’un vaccin sera disponible.
Par conséquent, de nombreux collègues qui n’ont jamais vraiment connu le travail à deux par cabine doivent considérer qu’il s’agit de leur nouvelle normalité.
Cela augmentera le nombre de relais et diminuera la qualité.
La solution
Une date de fin : soit le 31 juillet, soit la fin de la semaine de travail, soit la fin de la phase 2.
Interactio : a fortiori, il n’y a aucune raison d’autoriser des affectations irrégulières de deux par cabine pour les régimes supérieurs à 6 langues passives, et pourtant c’est ce qui semble se produire.
CONSECUTIF
Le problème
La programmation n’applique pas de règles à l’interprétation de vidéoconférence en mode consécutif ou en webex parce que « ce n’est pas une plate-forme », malgré le son plus mauvais et le stress plus important (par exemple, impossibilité de dialoguer avec l’orateur).
La solution
Appliquer les règles en fonction de la durée. Par exemple :
<4 heures : deux chevaux et 30′ de pause après 2h OU Pas de pause et NAB
4 heures : deux monolingues plus un cheval. Pas de pause. Pas de NAB
Max 6 heures