
Evolution de la situation des interprètes

Nouveau mode de travail pour les interprètes : comment la situation des interprètes a-t-elle évoluée de part et d’autre du parc Léopold dans les différentes institutions ?
Au PE, les négociations du Code de Conduite pour la participation aux réunions via plateformes (“Requirements for “remote” participation in EP meetings”) et de l’intégration de ce nouveau mode de travail dans les Conditions de travail continuent.
Le Code de Conduite va en principe tout à fait dans la bonne direction. Basé sur sa raison d’être, la protection de la santé tant des interprètes que des participants aux réunions hybrides ou en distancielles, il reprend les aspects essentiels d’une participation correcte à distance : un équipement adéquat (micro unidirectionnel), les équipements à éviter (micros de casques-micros, micros Bluetooth, micros filaires de téléphones portables, micros intégrées des PCs, tablettes et téléphones), une image de qualité, une bonne connexion et un environnement de travail calme. Le tout complété d’un test de son.
Si ce Code de Conduite était obligatoire, on pourrait parler de plein droit d’un saut quantique pour la santé et la sécurité sur le lieu du travail au PE.
Malheureusement, on lit certes des recommandations claires et fortes, mais l’obligation n’y est pas. On se remet au bon sens et à la bonne volonté des eurodéputés qui, espérons-le, savent que les interprètes qui les ont servis fidèlement durant tant d’années, ne sont pas en train de faire un caprice, mais poursuivent un objectif plus que légitime : la santé auditive de tous les participants aux réunions.
Cette absence de cadre clair complique la négociation sur l’intégration de l’interprétation à distance (“remote”) dans les conditions de travail. Comment définir dans quelle mesure on peut avoir recours à une formule de travail si on ne sait pas exactement quelle forme elle prendra et avec quelle probabilité elle sera dangereuse ou pas ?
Le” remote” est qualifié explicitement comme « forme d’interprétation simultanée inférieure » dans l’Accord Interinstitutionnel sur la télé-interprétation (Hampton Court).
Depuis, la technologie a effectivement avancé et ces dernières années nous ont quasiment obligés à développer ce mode d’interprétation. Cependant, le “remote “ est loin d’égaler l’interprétation en présentiel. Dans une perspective de qualité, se rendre sur place est toujours la première option.
Les interprètes peuvent voir la gestuelle et la mimique des orateurs, ils peuvent observer tout ce qui se passe dans la salle de réunion, une communication est possible entre les interprètes et leurs clients (souvent par gestuelle ou par contact visuel, mais aussi en se parlant), il est moins facile d’oublier les interprètes quand des documents supplémentaires sont distribués.
L’absence de ces aspects augmente la charge cognitive. Cette dernière est aggravée par une protection de la santé incertaine due à un Code de Conduite non-obligatoire. Pourtant, un Code de Conduite fonctionnant est la condition sine qua non pour un élargissement des conditions de travail. Seule une période de transition qui fonctionnerait comme période d’essai peut garantir qu’il fonctionne à l’application.
Si le “ remote “ est utilisé seulement de façon exceptionnelle pour le très haut niveau ou en cas d’urgence, c’est une chose. S’il est utilisé comme mode de présentation habituel, les conditions de travail souffriraient. Elles devraient donc être adaptées. D’une part, elles devraient reprendre expressément le mode de travail « remote » avec toutes ses facettes, d’autre part, une contrepartie devrait venir équilibrer ce qui constitue de fait une dégradation des conditions de travail.
Même s’il reste encore des éléments importants à définir, aussi bien au niveau de la substance que de la procédure, nous sommes confiants qu’il sera possible de trouver une solution au parlement avec la DG Linc.
A la Commission, on est confronté à un problème avec les conditions de travail sous plusieurs aspects sans que le dialogue social – dans la forme pratiquée actuellement – permette de trouver une solution.
Le domaine des nouveaux modes d’interprétation est une énorme zone grise, des règles claires et durables ne sont pas en vue.
Pour les réunions sur plateformes, le SCIC applique toujours les conditions de travail de la pandémie (IPA) qui, de surcroît, sont appliquées avec une bonne dose de “créativité”. L’administration ne se montre pas pour l’instant ouverte à des négociations pour trouver une solution à long terme.
Au Conseil, même pour les réunions desservies par le SCIC, aucun jeu de règles n’est respecté pour les visioconférences qui s’approchent de plus en plus à des réunions distancielles. Les problèmes du remote sont donc bel et bien présents.
Quant aux réunions hybrides avec faible taux de participation à distance, appellées MIPs (Mostly in Person Meetings), un projet pilote est en cours pour collecter les données. Or, ce qui est possible au PE (collecter des données, trouver des solutions pour relever le temps de parole d’orateurs distants interprété de fait, différencier la durée de la réunion de la durée de la connexion Interactio), semble être impossible à la Commission.
Selon le Scic, les données ont bien été collectées, mais elles seraient inutilisables. Pourtant, en tant que gros client d’Interactio, le SCIC devrait même être en mesure de demander une fonctionnalité technique qui permette de relever le temps de travail en “remote” de façon automatique.
Le projet pilote qui avait été prévu d’octobre à janvier a déjà été prolongé. Comme il viendra à expiration bientôt, la Délégation des Interprètes (DI) a demandé quelle serait la suite à donner. L’administration ne semble pas pressée de négocier.
Réglementer le travail sur plateforme à long terme est tout à fait possible. Les conditions de travail sur plateforme pourraient même être nettement plus flexibles qu’actuellement (même si la pénibilité restera plus élevée que celle du travail en présentiel), à condition de pouvoir garantir un son de bonne qualité. Pour trouver une solution au son potentiellement nocif pour l’audition, le PE travaille avec des experts de renommée internationale. A la Commission, le SCIC a certes reçu les recommandations du CPPT en février, mais depuis, la procédure s’enlise. Les propositions de la Délégation des interprètes à ce sujet n’ont pas été discutées.
Les conditions de travail actuelles sont également en souffrance.
Pour rappel, à l’origine, le SCIC avait été conçu comme service interinstitutionnel pour la Commission et le Conseil. Pour finir, c’est un service d’interprétation de la Commission qui a vu le jour et qui dessert contre paiement le Conseil, le CESE et le CdR.
Aujourd’hui, il manque d’interprètes sur le marché du travail, ce qui limite les possibilités d’engagements pour le SCIC. Or, actuellement, la Commission demande que plus de réunions soient desservies (ce qui est normal, puisque c’est son service d’interprétation), le SCIC doit donc prévoir plus de ressources pour la Commission.
En même temps, il ne veut pas réduire le service presté aux autres institutions (d’une part, il est lié par des Accords de Niveau de Service (SLA), d’autre part, il a besoin de cette rentrée s’argent, étant l’une des rares DGs qui doivent gagner une partie de leurs ressources financières elles-mêmes.)
Cette situation a plusieurs répercussions.
- Une partie des demandes d’interprétation (de l’intérieur de la Commission, mais aussi de l’extérieur, du Conseil et des Comités) ne peuvent pas être satisfaites. Les institutions en question essaient donc d’engager de leur côté. C’est possible, étant donné qu’elles ne sont pas tenues par les conditions de travail du SCIC. On voit des contrats par heure, pour un travail depuis la maison, payé à un tarif clairement inférieur aux règles et des horaires non-réglementaires.
- Les conditions de travail sont “ramollies”.
- La charge de travail est répartie de façon très inégale. Le tableau de bord, un indicateur uniquement interne (différent des KPI utilisés vers l’extérieur) qui permettrait de rééquilibrer la charge de travail est biaisé et peu utilisé.
- Les missions se font avec des délais irréalisables (temps pour arriver à l’aéroport), des pratiques problématiques s’installent (Ordre de Mission accepté – mais avec certaines conditions, ce qui veut dire des frais supplémentaires pour le chargé de mission, sans que ce dernier en soit averti.)
Début mai, le SCIC a annoncé qu’un Plan d’action pour mieux satisfaire la demande d’interprétation a été élaboré pour l’année à venir. Cette élaboration s’est faite sans consultation préalable de la DI. Lors d’une réunion réclamée par la DI, certains aspects ont pu être lissés. Il n’en reste pas moins qu’une règle concernant les formules de travail extra-statutaires, pourtant négociée récemment, se trouve restreinte encore plus de façon unilatérale.
Une compensation pour des heures de travail exceptionnellement lourdes, jusqu’ici décidée et le cas échéant négociée au cas par cas, vient d’être fixée comme forfaitaire sans aucune consultation de la Délégation des interprètes. – Selon le SCIC, l’Accord permettrait une telle décision sans consultation de la représentation du personnel. La DI attend toujours une réponse précise à la question où se trouverait une telle disposition.
En outre, le jour fixe pour le travail de la représentation du personnel vient d’être remis en question. (Jusqu’ici, le Planning devait demander aux représentants du personnel leur accord quand il s’agissait renoncer à leur journée « représentation du personnel » pour travailler dans des réunions de haut niveau. À l’avenir, la charge serait inversée et ce serait aux les membres de la DI d’en faire la demande une fois qu’ils constatent qu’ils sont programmés dans une équipe pour interpréter un jour de la DI.
Tout ceci n’augure rien de bon en vue de la renégociation des conditions de travail (Accord de 1987 et ses Annexes qui l’ont actualisé au fil des années) qui a déjà été annoncée pour après l’été.
En plus, des propositions sensées de la Délégation (adaptation du télétravail à l’étranger à la réalité professionnelle des interprètes dans un contexte post-pandémie et solution proposée pour la période de vacances des écoles belges francophones) sont balayées du revers de la main sans explication convaincante.
Si cette situation pèse sur les conditions de travail actuelles, les travaux du groupe ISO auquel participent certains représentants du SCIC (mais pas la représentation du personnel) risquent d’hypothéquer les conditions de travail de toute la profession à long terme. En effet, le Groupe ISO est en train de plancher sur une norme régissant les cabines servant pour un hub. Un hub est une formule de travail qui découple la salle de réunion de l’endroit où les interprètes sont réunis pour travailler. La Commission ne connaissant pas le travail avec un hub, il serait donc logique d’élaborer d’abord dans le cadre du dialogue social les conditions de travail d’une telle formule et ensuite seulement définir les aspects techniques de la boîte (cabine) qui est censé abriter cette forme de travail.
En plus, une telle entreprise pourrait partir d’une idée d’optimisation : Si déjà on opte pour renoncer aux avantages du présentiel (voir ci-dessus), autant tâcher d’en éviter les inconvénients (espace exigu, aération souvent défaillante, isolation phonique laissant à désirer, absence de lumière du jour) dus à la nécessité d’intégrer les cabines dans la salle de réunion. On pourrait imaginer des cabines généreuses, bien isolées, équipées d’une aération correcte, avec lumière du jour et, pourquoi pas, avec des fenêtres. En fait, si interpréter reviendra à effectuer un travail de bureau (sur écran) autant prévoir des bureaux comme pour tous les autres fonctionnaires, à la différence de l’équipement technique près.
Or, bizarrement, le contraire semble être le cas.
Ce n’est pas sans raison que des cabines mobiles, dont l’aération et l’isolation phonique laissent par définition à désirer (l’exception à l’exception du droit du travail que constitue une cabine !), ne sont pas prévues comme solution permanente. Il va de soi qu’une cabine doit être équipée d’une grande vitre frontale, ne serait-ce que pour des raisons d’ergonomie visuelle.
Une norme ISO qui aboutirait en-dessous des normes actuelles pourrait être le prétexte tout trouvé pour justifier une révision des conditions de travail à la baisse. Un fait accompli en amont des négociations de l’Accord qui, rappelons-le, a été négocié entre syndicats et HR assistés par les interprètes comme experts et dont une refonte devrait épouser le même format.
Il est nécessaire de revenir à la table d’un dialogue social digne de ce nom avec la représentation du personnel pour discuter des conditions de travail acceptables pour le personnel concerné.
U4U, aux côtés des interprètes du Parlement européen : une solution à long terme recherchée pour début 2023
Grace à un dialogue social lancé par certains syndicats – U4U, Ethos, USL, les interprètes ont obtenu satisfaction par rapport à des mesures transitoiresLa pandémie a bouleversé le mode de travail de nous tous et tout particulièrement celui des interprètes. En effet, interpréter, c’est un travail d’équipe qui s’effectuait toujours sur place. Par la force des choses, la distanciation sociale et le travail en ligne aidant, les conférences en ligne et les plateformes ont fait leur apparition dans le monde du travail des interprètes. Malheureusement, elles se sont avérées complexes, voire dangereuses. Elles augmentent considérablement la charge cognitive et peuvent même constituer un risque pour la santé auditive des interprètes comme des participants. Étant donné qu’au début de la pandémie, on manquait de connaissances et d’expérience, 44% des interprètes fonctionnaires du PE ont été victimes de problèmes auditifs.Mais comme les plateformes présentent aussi certains côtés pratiques, nous savons aujourd’hui que les réunions en ligne et les plateformes sont très probablement là pour rester. Il paraît donc cohérent de les intégrer dans les conditions de travail des interprètes afin de garantir la santé et la sécurité sur le lieu de travail pour tous.Dans un premier temps, l’administration s’est montrée peu disposée au dialogue. Il aura fallu plusieurs préavis de grève lancés par U4U et USL pour les amener à négocier de façon constructive.Pour la première fois, le dialogue social a eu lieu en présence des deux syndicats ayant lancé le préavis de grève. Même si les Ressources Humaines et la DG Linc se sont d’abord montrés hésitants face à cette approche, elle a permis de dégager un Accord intermédiaire le 17 octobre. Les deux mois et demi passés ont été mis à profit pour collecter des données et pour préparer des mesures.Un accord sur les conditions de travail à long terme est en vue pour début 2023. Nous sommes convaincus qu’en adoptant le même format, une collaboration constructive entre tous les acteurs (représentation des interprètes, syndicats, DG Linc et Ressources Humaines), il sera possible de trouver une solution satisfaisante tant pour les interprètes que pour l’administration.Au-delà des bons résultats obtenus et de l’espoir pour l’avenir proche, cette négociation a mis à l’honneur le dialogue conduit avec les organisations syndicales. Voilà un modèle pour le futur du dialogue social au PE.
24/01/2023
Délégation des interprètes à la Commission : Élections partielles du SCIC
Délégation des interprètes à la Commission : élections partielles au SCICLa Délégation des Interprètes de la Commission (DI) a commencé son mandat en octobre 2021. Elle a fourni un travail remarquable, permettant un fonctionnement aménagé pendant la pandémie, puis un retour progressif vers la normale.Elle a travaillé main dans la main avec les délégations des interprètes free-lance et du Parlement Européen (PE). La santé auditive durant le travail sur plateformes est le sujet d’une résolution qui a été votée par 94% des interprètes présents lors d’une Assemblée Générale commune des interprètes de la Commission, du PE, fonctionnaires comme free-lance.En juin 2022, trois membres (sur 9 au total) ont décidé de quitter la DI. La DI a continué à fonctionner en toute légitimité comme le permet son Règlement Intérieur. L’idée était de compléter l’équipe de la SDI pour répondre aux défis imminents auxquels les interprètes auront à faire face pour défendre leur métier. Le 3 octobre, des élections partielles (optionnelles selon le Règlement Intérieur) ont été demandées au CLP dans ce but. Le 7 octobre, certains interprètes ont lancé une demande de référendum visant à destituer la DI actuelle. Cependant leur texte ne mentionne aucune raison motivant cette demande.Le CLP a décidé de procéder aux élections (le bureau électoral est réuni, l’appel à candidatures est ouvert, le vote commencera le 6 décembre). La demande de référendum sera traitée ensuite.Nous invitons les interprètes à se montrer unis et à voter lors des élections partielles pour compléter la délégation. Par ce vote, vous pourrez garantir que les interprètes aient une représentation renforcée. Laissons la DI (élargie après les élections) faire son travail – c’est à l’aune des résultats obtenus qu’il conviendra de la juger à la fin de son mandat, comme dans toute démocratie.
Journée du Multilinguisme 24 septembre 2022
Journée du Multilinguisme 2022La Journée du multilinguisme est l’occasion de plonger dans les coulisses du Parlement le plus multilingue au monde : découvrez comment le Parlement européen travaille dans 24 langues ! Rencontrez nos interprètes, nos traducteurs et nos autres professionnels du multilinguisme. Apprenez-en plus sur leur travail et découvrez l’intérieur de l’hémicycle.Le multilinguisme garantit à tous les citoyens de l’Union européenne la possibilité de suivre le travail de leurs représentants démocratiques dans chacune des 24 langues officielles. La diversité linguistique et culturelle est l’un des atouts de l’Union européenne et est ancrée dans les traités de l’Union en tant que valeur fondamentale. La Journée du multilinguisme est l’occasion de voir cette diversité en action.La Journée du multilinguisme 2022 se déroulera à la fois en ligne et en personne au Parlement européen à Bruxelles.Mais n’oublions pas que les interprètes protestent contre leurs conditions de travail au Parlement. Célébrer le multilinguisme devrait aller de pair avec un traitement décent de ceux qui y contribuent.
U4U se réjouit de cet évènement et réitère son attachement au multilinguisme qui fait partie intégrante de l’ADN européen, depuis le tout premier règlement européen (1958). Celui ci rompait avec les pratiques des organisations internationales en faisant des citoyens, et non seulement les états, les bénéficiaires du droit européen. Il engageait dès l’origine l’Union européenne (Communauté économique européenne à l’époque) à publier les documents juridiques et politiques dans toutes les langues officielles.
Le respect de la diversité linguistique reflète une approche radicalement nouvelle à la gouvernance supranationale et ancre la démocratie dans la construction européenne. Cet engagement demeure inchangé aujourd’hui. Prenons pour exemple récent la plateforme de la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui s’est tenue de mai 2021 à mai 2022 : les échanges et contributions ont pu se faire dans toutes les langues officielles de l’Union avec l’aide de la traduction automatique et les conclusions doivent guider maintenant le travail des institutions qui s’y sont engagées.
Rendez vous sur place ou en ligne pour célébrer la diversité linguistique et la démocratie européenne !
L’Union européenne, médiatrice interculturelle: le multilinguisme
Diversité linguistique et langue française en Europe
Interprètes : habemus pactum
Parlement européen: une négociation réussie avec les syndicatsLe tract intersyndical ci-après rend compte d’une négociation réussie avec les syndicats. C’est une pratique qui montre qu’avec le dialogue social, on peut obtenir des résultats utiles pour le personnel et pour l’institution. Nous voulons la généralisation de cette pratique du dialogue social.
Habemus pactum ! Un premier pas vers une solution sur les conditions de travail des interprètesComme le dit le vieil adage, quand on veut, on peut! La volonté dont nous parlons est celle de la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Grâce à son engagement personnel en tant que garante du dialogue social au sein de la Maison, un accord provisoire a finalement été trouvé pour lancer les négociations entre la DG LINC, la DG PERS, les représentants des interprètes et les syndicats concernant les conditions de travail des interprètes dans le nouveau contexte de la participation multilingue à distance. Nous tenons à remercier chaleureusement la Présidente pour avoir donné une chance au dialogue social et montré qu’elle se soucie réellement du bien-être du personnel du PE. Nous tenons à remercier le Chef de cabinet de la Présidente Metsola – Alessandro Chiocchetti – dont l’équité, l’ouverture et le pragmatisme ont rendu l’accord possible. Nous avons été heureux de constater qu’il attache une grande importance au multilinguisme en tant que partie intégrante du travail législatif de notre institution.Nous tenons également à saluer l’esprit constructif et les contributions de toutes les parties impliquées. Les représentants des interprètes ont montré une fois de plus leur créativité et leur loyauté envers l’Institution en soumettant des propositions réalisables. Les deux syndicats qui ont déposé le préavis de grève – U4U et USL – ont montré un soutien indéfectible à la cause des interprètes et ont négocié efficacement à leurs côtés. Enfin la DG LINC a fait preuve d’ouverture pour accepter des compromis équilibrés.Bien sûr, cet accord intérimaire n’est qu’un premier pas vers un accord final sur des règles plus permanentes. Il reste beaucoup de travail à faire. Nous sommes prêts à nous engager dans des négociations sérieuses qui devraient commencer dans la semaine du 7 novembre 2022, comme convenu avec nos interlocuteurs. D’autre part, nous attendons de la DG LINC qu’elle honore ses engagements, notamment en informant clairement et en temps utile tous les organisateurs de réunions.En outre, une bonne qualité de son et un comportement coopératif des orateurs sont primordiaux pour permettre aux interprètes de faire correctement leur travail lors de l’interprétation des discours à distance et pour protéger leur santé. Si ces conditions préalables ne sont pas réunies, les interprètes risquent de ne pas pouvoir interpréter malgré tous leurs efforts. Par conséquent, une campagne de sensibilisation renforcée sur un Code de conduite relatif à la participation multilingue à distance est un engagement crucial que la DG LINC doit respecter dès le début et pendant toute la durée des négociations et au-delà.Toute négociation nécessite une confiance mutuelle. Nous sommes prêts à faire notre part et pour cela nous annonçons le retrait du préavis de grève avec effet immédiat. L’heure est à la flexibilité et au pragmatisme dans le plein respect de la santé du personnel et de conditions de travail décentes. Comme nous le disions, quand on veut, on peut…
09/11/2022
Parlement Européen, où en est-on du conflit avec les interprètes ?
U4U – Union syndicale Luxembourg – Ethos Europe
Parlement Européen : où en est-on du conflit avec les interprètes ?Durant la pandémie, au Parlement, la DG Linc commence très tôt à travailler sur les plateformes. On pensait être à l’abri, grâce à un projet pilote. Malheureusement, il s’est avéré que la technologie choisie n’était pas appropriée, 44% des interprètes fonctionnaires sont touchés par des problèmes auditifs.La délégation des interprètes du PE a donc cherché le dialogue pour fixer un cadre garantissant la santé et sécurité des interprètes pendant l’interprétation d’orateurs participant à distance.Quelle a été sa déception lorsqu’elle a dû constater que non seulement cette demande allait dans le vide, mais qu’en plus, et sans aucun dialogue social, la hiérarchie a décrété lors du retour aux conditions de travail pré-pandémie, que le travail sur plateforme y serait désormais intégré sans autre forme de procès.Or, un travail sur plateforme est plus fatigant, la charge cognitive est plus grande et le risque d’être exposé à un son nocif pour la santé est plus élevé.La délégation des interprètes a encore cherché la communication avec la hiérarchie. En vain.Cet ultime refus de dialogue social a été la goutte qui a fait déborder le vase. En juin 2022, les interprètes fonctionnaires du PE ont décidé de faire grève. Une grève de zèle. Ils se sont rendus tous les jours au travail. Ils ont interprété les orateurs sur place, mais pas les participants en ligne.Faute d’un accord cadre, la situation risquait de rester dans l’impasse. La DG Linc a décidé de ne pas réquisitionner des interprètes pour les réunions les plus importantes, mais de procéder à une « externalisation » : elle a engagé des interprètes non accrédités en dessous du tarif, ce qui est une claire violation du droit de grève.Il faudra plusieurs rencontres entre les interprètes, le directeur du personnel et une forte implication du cabinet de la Présidente du PE et des trois syndicats ayant soutenu la grève, U4U, Ethos et USL, pour arriver à un accord de principe début octobre.Même si les détails restent encore à négocier, il s’agit enfin là d’un bel exemple de dialogue social. À suivre.
05/11/2022
Santé et sécurité des interprètes !
Santé et sécurité pour nos interprètes!Ce vendredi 16 septembre a eu lieu la première Assemblée Générale Commune des interprètes de la Commission et du Parlement Européen, fonctionnaires et interprètes free-lance confondus. L’objectif poursuivi par cette AG est d’articuler la revendication de tous les interprètes des institutions européennes : que la sécurité et la santé sur le lieu de travail soient garanties.En effet, ayant été déclarés « personnel critique » pour le fonctionnement des institutions, les interprètes, tant de la Commission que du Parlement, ont répondu présents dès le début de la pandémie. Malheureusement, il s’est avéré que la technologie choisie pour les réunions en distanciel n’était pas appropriée. Résultat : une incidence sans précédent de troubles auditifs (vertiges, nausées, hyperacousie, acouphènes, perte de fréquences…) auprès des interprètes. Au Parlement, qui a fait appel à cette technologie à plus grande échelle, 44% des interprètes souffrent de problèmes acoustiques. A la DG SCIC, 27 personnes se sont auto déclarées souffrantes auprès de la Délégation des Interprètes, dont 16 avec des certificats médicaux à l’appui.Afin d’éviter des invalidités dans le long terme et pour garantir un environnement sûr tant pour les interprètes que pour tous les participants aux réunions, les Délégations des Interprètes demandent :- Une participation en présentiel dès que ceci est raisonnablement possible (personnel de la Commission et du PE à Bruxelles, présent dans un autre bâtiment du quartier européen) ;- Adaptation des conditions de travail (cadre législatif) pour prendre en considération les spécificités de l’interprétation à distance ;- Une obligation pour les participants actifs en ligne d’utiliser des périphériques (micros) et des paramètres de connexion permettant de respecter les normes ISO ;- Un soutien de la part de toutes les organisations syndicales, notamment pour la grève de zèle des interprètes du PE, soutenue jusqu’ici uniquement par Ethos, U4U et USL.
Résolution de l’assemblée générale
Pourquoi les interprètes du Parlement Européen font-ils grève ?
U4U est l’un des deux syndicats à soutenir les interprètes du PE et la Delint (délégation des interprètes du PE) dans leur grève pour des conditions de travail décentes. Ils dénoncent une situation inquiétante impactant la santé auditive de toute la profession, voire de tous les participants aux réunions à distance. Vous lirez utilement cet article paru dans Politico.Dans les faits, nos collègues interprètent bien les prises de parole de la salle, mais aucune prise de parole à distance n’est interprétée. La lutte des interprètes du PE concerne tout le personnel et notamment la DG SCIC (Direction générale de l’interprétation) de la Commission. U4U soutient cette action ainsi que les revendications des interprètes pour :
- Un arrêt immédiat de l’engagement illégal de « casseurs » de grève par le PE (interprètes non-accrédités, engagés via un prestataire de service externe selon des conditions non-conformes) et négociations d’un service minimum comme cela se pratique dans les principales institutions européennes ;
- Combler le vide juridique grâce à l’intégration du travail sur plateforme (Interactio etc.) dans les conditions de travail négociées ;
- Garantie de la sécurité et santé sur le lieu du travail grâce à une obligation d’utilisation de périphériques (micros etc.) adéquats par les participants.U4U demande à l’administration du PE de ne pas bloquer le dialogue social, seule voie qui permettra de résoudre ce conflit dans l’intérêt de l’institution et du personnel.
05/07/2022
Le PE introduit unilatéralement de nouvelles conditions de travail pour les interprètes
Deux syndicats (U4U et USL) déposent un préavis de grève des interprètes au PE et dénoncent un manque flagrant de dialogue social
Lettre de U4U du 27 juin 2022
Madame la Présidente,
Je vous remercie de votre réponse suite au dépôt d’un préavis de grève concernant les interprètes du PE. Je vous remercie également de votre disposition pour la poursuite du dialogue social sans lequel on ne saurait obtenir un bon climat au sein de l’institution. J’attire par ailleurs votre attention sur le recours à des pratiques de votre administration – appel à un sous contractant externe non accrédité, – visant à remplacer le personnel gréviste dans des conditions dégradés. Pour rappel, des modalités de réquisitions dans les institutions européennes existent au bénéfice de tous, mais sont ignorés au PE. Les pratiques que votre administration se propose d’introduire, ne correspondent ni à l’esprit ni aux règles d’une fonction publique européenne. Si de telles pratiques étaient connues à l’extérieur, par exemple par la presse, la bonne image du Parlement Européen, à laquelle tout comme vous, nous sommes attachés, serait fortement compromise.
U4U sera représenté cet après-midi à la réunion de dialogue social proposée par vous, par un membre de sa direction : Maria Lengenfelder. Je souhaiterais que pour la suite du dialogue soit garanti également via une connexion à distance la présence d’autres participants utiles.
Enfin, comme nous avons eu le loisir d’en parler avec M. Knudsen, nous considérons que l’accord cadre régissant les relations entre la représentation du personnel et l’institution est largement obsolète et doit être réformé. L’absence d’un cadre moderne régissant les relations professionnelles au sein du PE explique en partie la situation de blocage actuelle.
En vous remerciant de l’attention prêtée à la présence lettre, je vous prie , Madame la Présidente, de croire en l’expression de ma très haute considération.
Georges Vlandas
Président
Lettre à Madame la Présidente du PE
Madame la Présidente,
Nous tenons tout d’abord à vous remercier pour votre réponse et pour l’écoute dont vous avez fait preuve à l’égard des représentants des interprètes. Nous espérons sincèrement que votre engagement est le début d’un processus visant à trouver une solution satisfaisante pour toutes les parties concernées dans l’intérêt de notre institution. Nous participerons à la réunion convoquée par le Directeur général de la DG PERS en votre nom pour demain à 14h30. Nous profitons de cette occasion pour vous demander de mandater un représentant de votre cabinet pour assister à la réunion et suivre l’ensemble du processus jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée.
Nous tenons à souligner qu’il est très regrettable que cette réunion ne se tienne pas plus tôt, car elle coïncidera avec le début de l’action industrielle programmée. Malgré cela, nous apporterons une contribution constructive comme nous l’avons toujours fait.
Cependant, nous avons le regret de vous informer que la direction de la DG LINC ne semble pas partager notre volonté de négocier une issue à l’impasse actuelle avec ouverture et bonne foi. Elle a décidé d’assurer le service d’interprétation simultanée pour un certain nombre de réunions (par exemple, la réunion de la commission interparlementaire AFET de demain 27 juin 2022) en recourant à un prestataire externe, à savoir Kudo. L’équipe AFET couvrira 24 langues et sera composée de deux interprètes par cabine. Les interprètes ont été recrutés avec un contrat d’une demi-journée, on leur a demandé s’ils connaissaient Interactio mais on ne leur a pas dit qui serait leur client. Ces informations ne leur ont été communiquées qu’après la signature du contrat. Cette décision extrême et sans précédent de la DG LINC est problématique pour de nombreuses raisons d’un point de vue opérationnel, juridique et de dialogue social.
D’un point de vue opérationnel, tous les interprètes recrutés ne sont pas accrédités pour travailler pour les institutions européennes. L’accréditation de l’UE a toujours été une garantie de la qualité professionnelle des interprètes freelance et a toujours permis au PE de fournir un service d’interprétation de haute qualité sur lequel les députés européens et les autres participants aux réunions comptent pour leur travail. Cette garantie a été balayée par la décision irréfléchie de la DG LINC.
Deuxièmement, l’équipe initialement affectée à la réunion AFET était en partie composée d’interprètes permanents. Ces collègues ont été retirés de la réunion et n’ont pas tous été redéployés vers d’autres réunions. Cela témoigne d’une gestion cavalière de ressources humaines et financières limitées.
Troisièmement, de nombreux interprètes de l’équipe travailleront à domicile, ce qui augmentera les risques d’incidents techniques et diminuera la qualité générale de l’interprétation.
Cette décision est inédite dans la mesure où les réunions statutaires ont toujours été assurées en interne, même avant la pandémie et même pendant les périodes de pointe du calendrier interinstitutionnel, lorsque le marché était pratiquement vide d’interprètes freelance accrédités. En procédant de la sorte, la DG LINC a délibérément violé un certain nombre de règles en vigueur.
Tout d’abord, cette décision constitue une violation flagrante du droit de négociation et d’action collective consacré par l’article 28 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Au lieu de négocier une solution au conflit actuel, la DG LINC a décidé de remplacer son personnel par du personnel externe, vidant ainsi de facto de son sens le droit de négociation et d’action collectives. De plus, la DG LINC viole l’article 31 de la Charte sur les conditions de travail justes et équitables, qui stipule que « tout travailleur a droit à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa sécurité et sa dignité ». Face à une action collective de son propre personnel qui tente de protéger sa santé contre des bruits toxiques, la DG LINC a non seulement manqué à son devoir de diligence en ne protégeant pas la santé des interprètes, mais elle a également externalisé le problème en exposant le personnel externe au même danger.
Deuxièmement, le régime d’interprétation en question est contraire à l’accord sur les conditions de travail et le régime pécuniaire des interprètes auxiliaires de conférence (AIC) recrutés par les institutions de l’Union européenne, ainsi qu’au régime applicable aux autres agents de la Communauté économique européenne et de la Communauté européenne de l’énergie atomique. Le premier ne permet pas les contrats de demi-journée, tandis que le second prévoit que les interprètes free-lance sont soumis aux mêmes conditions de travail que les interprètes permanents lorsqu’ils travaillent pour le Parlement européen. La DG LINC a donc opté pour le dumping social au Parlement européen, l’institution qui défend les droits des travailleurs.
Troisièmement, l’article 10.1 des conditions de travail des interprètes concernant les effectifs a été bafoué puisque seuls deux interprètes par cabine ont été déployés à la réunion au lieu de trois interprètes par cabine.
Quatrièmement, la DG LINC a enfreint l’article 3.1 du Code de conduite sur le multilinguisme (décision du Bureau du 1er juillet 2019), qui stipule que l’interprétation pour les réunions statutaires « est assurée exclusivement par la direction générale de la logistique et de l’interprétation des conférences », c’est-à-dire avec le déploiement d’interprètes permanents et d’interprètes freelance accrédités.
Tout ceci est de très mauvais augure pour le processus qui va s’engager sous vos auspices. Une fois de plus, la DG LINC ne reconnaît pas l’importance du dialogue social au sein de l’Assemblée. Il est regrettable que la DG PERS ait adopté la même politique : selon les règles en vigueur en matière d’action syndicale et de grève, la DG PERS aurait dû utiliser le préavis de cinq jours pour négocier l’étendue et les modalités pratiques d’un service minimum garanti avec les syndicats qui avaient déposé le préavis de grève. La réunion interparlementaire AFET d’aujourd’hui aurait pu être incluse dans ce service minimum et les interprètes auraient garanti le service d’interprétation simultanée. Au lieu de cela, le directeur général de la DG PERS, M. Knudsen, a écrit aux syndicats le 24 juin (7 jours après l’envoi du préavis de grève) pour les inviter à une réunion le 27 juin, c’est-à-dire le premier jour de l’action collective. C’est un manque total de respect pour les règles et les interlocuteurs. Ce n’est pas la première fois que la DG PERS ignore les règles relatives aux arrêts de travail. Le Parlement européen a été condamné par la Cour de justice dans l’arrêt n° T-402/18 pour des réquisitions massives illégales d’interprètes.
Compte tenu de ce qui précède, nous demandons que la décision de la DG LINC relative à la fourniture du service d’interprétation pour la réunion interparlementaire AFET qui se tient aujourd’hui et pour toute autre réunion similaire soit annulée et que des interprètes permanents et des interprètes free-lance accrédités, recrutés directement par la DG LINC conformément à la procédure légale, soient affectés à ces réunions. En outre, nous demandons qu’une négociation sur un cadre réglementaire pour la participation multilingue à distance soit lancée dès que possible en vue de trouver un accord avant les vacances d’été. En signe de bonne volonté, et bien que la DG PERS ne nous ait pas approchés pour négocier un service minimum comme elle aurait dû le faire conformément à l’article 6 de l’annexe de l’accord-cadre de 1990 entre le PE et les OSP, nous sommes disposés à annuler les actions prévues pour demain, 27 juin 2022.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de nos salutations distinguées,
U4U USL
Lettre de la Présidente
Messieurs,
Je tiens à vous remercier pour la réunion fructueuse que nous avons eue jeudi dernier et pour nos discussions ouvertes et approfondies sur la situation de l’interprétation à distance au Parlement européen.
Je reconnais que sans votre dévouement, il n’aurait pas été possible de poursuivre notre travail tout au long de la pandémie et, au nom de notre institution, je vous remercie.
Suite à l’expiration des mesures extraordinaires le 12 juin 2022, nous nous dirigeons actuellement vers de nouvelles méthodes de travail des commissions, permettant aux députés d’intervenir à distance dans des circonstances spécifiques. La commission des affaires constitutionnelles est chargée de proposer les modifications nécessaires du règlement à cet égard. Il est maintenant de notre responsabilité commune de veiller à ce que toutes les activités nécessaires du Parlement soient menées à bien de la meilleure façon possible, après une période très difficile pour tous. J’ai écouté et examiné attentivement vos demandes et je m’engage pleinement à vous aider à trouver des solutions appropriées dans l’intérêt de notre institution.
J’ai donc demandé à l’administration du Parlement de commencer à rassembler toutes les informations pertinentes afin d’évaluer correctement l’impact que les interventions à distance dans le cadre des nouvelles méthodes de travail des commissions auront sur les services d’interprétation que vous fournissez.
Par ailleurs, par lettre jointe à ce courriel, j’ai informé les syndicats U4U et Union Syndicale Luxembourg que j’ai chargé M. Kristian Knudsen, Directeur Général du Personnel, ainsi que Mme Agnieszka Walter-Drop, Directrice Générale de la Logistique et de l’Interprétation des Conférences, et notre service médical, d’entamer un dialogue social en vue de parvenir à une position commune dans l’intérêt du service et de la bonne marche du Parlement.
Ce dialogue social, dont je suis le garant, est désormais engagé. Comme vous l’avez souligné à juste titre dans un courriel précédent, une grève perturberait le fonctionnement du Parlement et serait stressante pour toutes les personnes impliquées. Je pense donc qu’il faut donner au dialogue social la chance qu’il mérite pour aborder les problèmes que vous avez soulevés lors de notre rencontre et pour permettre aux députés d’exercer pleinement leur mandat.
Je suis certain que les discussions qui débutent lundi porteront leurs fruits. Vous pouvez compter sur mon engagement et mon plein soutien comme sur votre sens des responsabilités tel qu’il s’est manifesté tout au long de ces deux dernières années.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées,
Roberta Metsola
Réponse de la Présidente du 22 juin 2022
Préavis de grève envoyé le 17 juin 2022 Prolongation du préavis de grève jusqu’au 12 septembre 2022
Échange de courriels entre les syndicats pour la préparation du préavis de grève.
Santé auditive I – Santé auditive II
Les interprètes de la Commission ont besoin de notre soutien
La pandémie a durement frappé les interprètes.Ce corps de métier s’est montré très flexible et a fait preuve d’énormément de résilience et de bonne volonté. Il a été déclaré personnel critique et est sur le pont depuis la première heure.Or, les mesures de distanciation sociale et l’espace exigu d’une cabine d’interprétation ne sont pas compatibles. Lors du premier confinement, la délégation des interprètes a défini avec l’administration des conditions de travail intérimaires pour permettre la continuité du fonctionnement des institutions (Business Continuity). Ces dérogations aux conditions normales de travail devaient se limiter au premier confinement.Malheureusement, l’administration du SCIC n’a pas respecté cette limitation dans le temps. Aujourd’hui, pour ce qui est des conditions de travail des interprètes, et, deux ans après le début de la pandémie, c’est le plus grand flou qui règne. Alors que la charge de travail a, à nouveau, bien augmenté, les infractions aux conditions de travail mettant en question la santé des interprètes et la possibilité de fournir un travail de qualité s’accumulent.Afin d’éviter l’épuisement du personnel, la Délégation des Interprètes a donc demandé une codification des dérogations aux conditions de travail pour la période de crise.Ces négociations ont commencé en décembre et ne sont toujours pas clôturées. La Délégation des Interprètes est constructive, elle a fait des concessions partout où elle a trouvé cela raisonnable et responsable. Elle veut trouver une solution qui permette au SCIC de fonctionner correctement tout en garantissant la santé des interprètes et la qualité de leurs prestations.Cependant, même si cette solution devait avoir un coût assez bas, pour autant qu’elle soir appliquée avec un peu d’habilité, elle ne serait pas gratuite. Le SCIC doit recevoir une aide budgétaire de la Commission. Le SCIC ne saurait financer les contreparties légitimes d’un travail en pandémie à partir de sa seule dotation budgétaire. Ce qui est inacceptable, c’est de répercuter les inconvénients d’un travail en période de pandémie sur les seuls interprètes, qu’ils soient statutaires ou free-lance.Ainsi, plusieurs interprètes sont partis en préretraite en raison des conditions de travail érodées. Ainsi, suite aux conditions de traçage plus strictes appliquées par la Commission par rapport à la Belgique, le coût des quarantaines imposées pour les cas-contacts des interprètes free-lance ne peut pas être répercuté sur ces derniers en annulant leurs contrats ! Désormais et dans la mesure du possible, certains free-lance évitent les engagements au SCIC. Pourtant, ils sont essentiels pour garantir un fonctionnement du SCIC avec le degré de flexibilité nécessaire.Dans cet effort de gestion de crise, les interprètes ont besoin du soutien de la Commission, y compris face au Conseil, « le client » le plus important du SCIC.Les négociations paraissent aujourd’hui dans l’impasse. U4U considère qu’il faut impliquer le Comité du personnel, voire les syndicats.Nous demandons une réunion intersyndicale dans le but d’entamer un dialogue social pour enfin remédier aux problèmes rencontrés par les collègues.
08/02/2022
Lettre du CLP de Bruxelles à la DG SCIC du 09/02/2022
Madame la Directrice générale,
Ce jour, le bureau du comité du personnel de la Commission à Bruxelles a été informé d’un dialogue social intense en cours, en ce moment, au SCIC . Ce dialogue concerne l’exercice du métier d’interprète en période de pandémie. Nous comprenons que, pour l’instant, le dialogue entamé n’a pas abouti à une solution qui agrée à nos collègues interprètes. Une dernière réunion est prévue jeudi prochain.
Au-delà de cette échéance, en l’absence d’un accord, et après en avoir discuté avec vous, nous allons demander aux organisations syndicales de reprendre les discussions. Les règles qui régissent l’exercice du métier d’interprète ont été établies dans le passé suite à un accord avec les organisations syndicales . En l’absence d’un accord avec la délégation, le fait de déroger à ces règles doit faire l’objet d’une discussion avec ces mêmes organisations syndicales. Le CLP compte les alerter de l’actualité de cette perspective. Enfin, le CLP est conscient que la solution aux problèmes discutés ne pourra pas relever de la compétence de votre seule direction générale. En effet, pour répondre aux attentes légitimes du personnel d’interprétation, qu’il soir fonctionnaire ou free-lance, le SCIC a besoin du soutien de la Commission. Et le CLP soutient une telle approche.
Dans l’attente de vous rencontrer, je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de ma considération la meilleure.
Georges Vlandas
Président du CLP de la Commission à Bruxelles
La sortie du confinement au SCIC : tenir au maximum compte des souhaits du personnel
L’heure est à la sortie du confinement. Certains essaient de renouer avec la normalité « d’avant », d’autres continuent le télétravail. Pour les interprètes, c’est un tâtonnement. Pendant le confinement, les réunions avec présence des participants et des interprètes étaient devenues impossibles. A la recherche d’une alternative, la DG SCIC a progressé sur la voie de la vidéoconférence avec toutes les complexités qu’elle comporte. (voir plus ci-après)
L’heure est au dé-confinement. Certains essaient de renouer avec la normalité « d’avant », d’autres continuent le télétravail. Pour les interprètes, cheville ouvrière des institutions internationales et véritablement multilingues, c’est un tâtonnement. Pendant le confinement, les réunions avec présence des participants et des interprètes étaient devenues impossibles. A la recherche d’une alternative, la DG SCIC a progressé sur la voie de la vidéoconférence avec toutes les complexités qu’elle comporte.
Tout doucement, les réunions normales reprennent. L’objectif étant la compréhension, le port du masque est problématique. La qualité du son avec masque se rapproche probablement de celle d’un participant ayant une mauvaise connexion internet, mais parler longtemps avec un masque s‘avère très fatigant. La distanciation est donc d’autant plus importante. Mais là aussi, problème!
Une cabine d’interprétation est exiguë, 3,20m x 1,80m x 2,30m pour trois personnes en temps normal, ce qui correspond à un volume d’air d’un peu plus de 4m3 par personne. Ceci est minime par rapport à la législation belge qui prévoit, pour fonctionnement en temps normal, un volume d’air par personne de 10m3 pour les espaces de travail.
De surcroît, la distanciation, même avec masque, est prévue pour les grands espaces aérés et les expositions courtes – or les réunions présentielles durent plusieurs heures. Il fallait donc trouver une solution. Dans un premier temps, le SCIC a opté pour l’approche consistant à ne pas faire travailler les interprètes d’une même langue dans la même cabine: ceux-ci étaient répartis entre plusieurs cabines de telle sorte qu’une cabine (désinfectée) ne soit occupée que par une personne.
C’est un système qui peut fonctionner, mais seulement lorsque le nombre de langues parlées est relativement limité. (Option prise par le Parlement Européen qui se limite à travailler avec seulement 8 langues.) La quantité de salles équipées d’un nombre suffisant de cabines ne permet pas de proposer toutes les langues de travail à la fois dans plusieurs conférences en même temps.
Le Conseil, particulièrement impatient de reprendre un travail en configuration présentielle, a donc examiné plusieurs possibilités : un complément par des cabines mobiles, solution qui s’avèrerait impossible vu le manque de collaboration du fournisseur du système, un couplage de deux salles, impossible techniquement, paraît-il (au XXI° siècle?) et enfin une séparation des cabines par un plexiglas pour y installer deux interprètes.
C’est cette dernière option qui l’a emportée au Conseil : une vitre en plexiglas qui sépare les deux moitiés de la cabine (indépendantes pour ce qui est de la climatisation d’après ce que l’on nous dit), mais qui laisse un espace ouvert vers le plafond et le fond de la cabine (50cm et 1m respectivement). Les deux Services Médicaux de la Commission et du Conseil ont donné leur feu vert, alors que le Service Médical du Parlement européen a jugé le risque trop élevé et a refusé la proposition.
Le Conseil installe donc à tour de bras cette construction en plexiglas. (Le 4 juin, des interprètes se sont trouvés devant un fait accompli et ont dû refuser de travailler avec ce système pour lequel une position officielle du SCIC se fait toujours attendre.)
Comment une solution jugée dangereuse au Parlement européen peut-elle être sûre au Conseil ? Le Service Médical peut-il être sûr que le risque encouru sera acceptable ? S’est-il entouré de l’expertise nécessaire ? Pour rappel, dans les états membres, les mesures de pandémie ont été définies par des pools de spécialistes en la matière. Le comité paritaire pour l’hygiène et la sécurité au travail (CPPT) a-t-il été consulté ?
Ne serait-il pas davantage approprié d’appliquer le principe de précaution et de pousser les solutions 1 et 2 (cabines mobiles ou couplage de salles), ou au moins de perfectionner la séparation pour qu’elle divise vraiment la cabine en deux ?
Les sensibilités concernant les futures conditions de travail divergent, ce qui est compréhensible. Tout un chacun a sa vie et a droit à son opinion.
Mais qui dit réunion présentielle dit participants ayant transité par des gares et des aéroports, dit collègues qui se fréquentent et dont la vie aura repris son cours, y compris les contacts entre enfants dans les crèches et les écoles. Pour éviter les risques, prenons toutes les précautions.
26/06/2020
Voir aussi le dossier du Parlement Européen…
Une mise au point sur le plexiglas et quelques informations.
Par la DÉLÉGATION DES INTERPRÈTES DU SCIC Vendredi 26 juin 2020
Dernières nouvelles : Plexiglas, Interactio, travail au Conseil.
La Délégation vous écrit directement pour la première fois depuis des mois. Au cours de ces mois, nous avons été présents sur les forums où nous avons encouragé la discussion dans l’espoir de rassembler le service et de maintenir le sentiment d' »un seul service » dans une période difficile.
Cela a été en partie un succès, avec des fils de discussion très longs et intéressants, mais le DI a également été informé que nous devrions reprendre une communication plus formelle par courrier électronique.
Bien entendu, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour nous engager de manière constructive avec la direction sur les grandes questions du jour : la situation critique de nos collègues de l’AIC, le retour en toute sécurité à la cabine, le maintien du service (y compris dans les petites cabines) et les conditions de travail des plates-formes.
Nous avons convenu de règles de travail pour les plates-formes qui sont « provisoires » en attendant des négociations appropriées, nous faisons partie d’une « task force » qui étudie tous les rapports de séance et les questionnaires provenant des interprètes travaillant sur des plates-formes, nous avons accepté au niveau du GTP et avec de lourdes conditions, d’emprunter la voie du plexiglas pour tenter de remettre en selle les petites cabines au Conseil, mais nous avons choisi de ne pas le faire au CESE parce que les débits d’air ne sont pas convaincants. Cela ne clôt pas la question au CESE, mais signifie qu’il reste encore du travail à faire. Plus d’informations sur le plexiglas ci-dessous.
Malheureusement, de nombreux dossiers posent encore problème.
- Nous avons eu une réunion ce matin avec le CLP et les représentants de deux syndicats du personnel pour discuter de la récente pétition en faveur des AIC. Il s’agit d’un dossier de l’AIIC, mais des représentants de l’ID seront présents mercredi lorsque le CLP rencontrera notre directeur général et l’AIIC.
- Au cours de cette même réunion, nous avons confirmé et été rassurés par les promesses de soutien total du CLP et de deux syndicats si – comme nous l’avons parfois craint – nous sommes contraints de nous engager sur la voie d’une négociation basée sur la « concertation » dans le cadre de l’accord-cadre en présence des syndicats, du SCIC et de la DG RH afin d’obtenir des conditions de travail raisonnables pour les plates-formes.
- Ce midi, nous avons rencontré la DG et ses directeurs afin d’examiner une évolution alarmante de nos relations avec le Secrétariat du Conseil. Il semble que le SGC éprouverait des difficultés à travailler dans le cadre des quatre scénarios que nous avons convenus pour les plates-formes avec l’unité de programmation. À notre tour, nous avons informé la direction que le personnel ne serait pas en mesure d’accepter de travailler pour le Conseil sur des plates-formes dans des conditions de travail normales. (d’autant plus qu’à l’heure actuelle, les conditions de travail normales signifient deux personnes par cabine, même dans certains grands régimes et dans du plexiglas). La direction a semblé comprendre notre message selon lequel des sessions de 4 heures, à deux, sans pause, sur des plates-formes, dans l’environnement de travail du Conseil, feraient sortir le personnel en masse. Une assemblée générale a été programmée pour le mois de septembre si notre conviction (que nous sommes d’accord avec la direction sur ce point) ne se confirme pas.
Enfin, un mot sur le plexiglas. Lors d’un test des cloisons qui a eu lieu dans la salle Schuman du Berlaymant cette semaine, une source de fumée a été utilisée pour tester l’efficacité des cloisons à empêcher les aérosols ou, dans ce cas, la fine fumée blanche, de transiter de l’autre côté de la cabine si la cloison n’atteint pas le plafond. En bref, elles ne le font pas. Si la fumée est émise à hauteur de tête en position debout, elle dérive directement au-dessus de la cloison et se dépose doucement de l’autre côté.
C’est une mauvaise nouvelle, car les cloisons des salles du Conseil n’atteignent pas non plus le toit des cabines. C’est pourquoi nous lançons cet avertissement à nos collègues après en avoir parlé à la direction. Nous avons également demandé que des tests avec de la fumée soient effectués au Conseil. Nous n’avons pas demandé l’arrêt des réunions dans les salles équipées de plexi au Conseil, car la fumée émise au niveau de la bouche (où l’on travaille) n’atteint pas l’autre côté et les flux d’air dans les bâtiments du Conseil sont légèrement différents en ce sens qu’un flux descendant plus puissant est produit. A suivre.
D’autres questions n’ont pas été abordées lors de nos réunions d’aujourd’hui, mais elles sont dans notre ligne de mire. Ils apparaissent sous forme télégraphique ci-dessous. Nous les publierons également sur les forums, car nos collègues de l’AIC restent ainsi au courant et nous aimons l’idée que cela génère parfois des discussions – qui resteront fermement dans le cadre de la politique de modération, n’est-ce pas ?
DEUX PAR STAND
Le problème.
Deux interprètes par langue active sont affectés aux réunions comportant plus de 6 langues passives. Il s’agit d’une violation de l’accord. Elle découle d’une lettre que le D.I. a adressée le 13 mars au directeur général, dans laquelle nous proposions des mesures pour faire face à la crise sanitaire immédiate et uniquement si le nombre de langues et de réunions était réduit au strict minimum : voir (DI FFH 13 mars).
Si nous partons du principe que les séparateurs en plexiglas seront finalement adoptés plus ou moins partout, l’intention du SCIC est clairement que cette violation des règles persiste jusqu’à la fin de la distanciation sociale. C’est-à-dire dans le courant de l’année prochaine, lorsqu’un vaccin sera disponible.
Par conséquent, de nombreux collègues qui n’ont jamais vraiment connu le travail à deux par cabine doivent considérer qu’il s’agit de leur nouvelle normalité.
Cela augmentera le nombre de relais et diminuera la qualité.
La solution
Une date de fin : soit le 31 juillet, soit la fin de la semaine de travail, soit la fin de la phase 2.
Interactio : a fortiori, il n’y a aucune raison d’autoriser des affectations irrégulières de deux par cabine pour les régimes supérieurs à 6 langues passives, et pourtant c’est ce qui semble se produire.
CONSECUTIF
Le problème
La programmation n’applique pas de règles à l’interprétation de vidéoconférence en mode consécutif ou en webex parce que « ce n’est pas une plate-forme », malgré le son plus mauvais et le stress plus important (par exemple, impossibilité de dialoguer avec l’orateur).
La solution
Appliquer les règles en fonction de la durée. Par exemple :
<4 heures : deux chevaux et 30′ de pause après 2h OU Pas de pause et NAB
4 heures : deux monolingues plus un cheval. Pas de pause. Pas de NAB
Max 6 heures